30 Janvier 2013 À 18:17
Pour sa deuxième prestation, Bassma Art Gallery (Casablanca) offre une exposition des plus exceptionnelles. Neuf artistes peintres renommés livrent des créations sur papier au prix de 10 000 dirhams chacune. Le but étant de mettre en valeur l’œuvre sur papier et de créer ainsi un nouveau genre de collectionneurs.«L’idée de réaliser toute une exposition avec des créations ayant comme support le papier consiste dans les faits à montrer au public la valeur de ce matériau et témoigne du souci de sa préservation, contrairement à ce que pensent beaucoup de gens. Puisque le papier peut se conserver autant que la toile. Certains papiers représentent en eux-mêmes une œuvre d’art. Pour mieux présenter ce projet, j’ai fait le choix d’une pléiade d’artistes très connus, en y adjoignant aussi des étrangers pour avoir un éventail plus large de styles et de tendances, sachant que tous ces peintres ont travaillé sur du papier et connaissent sa valeur artistique. C’est ce qui importe dans cette exposition. C’est un concept qui ne va pas s’arrêter à cette prestation, puisque j’envisage d’autres accrochages en Espagne avec de nouvelles créations et d’autres peintres», précise le conseiller de la galerie et commissaire de l’exposition, Khalid El Bekay.
Ce sont, ainsi, les artistes Mahi Binebine, Mustapha Boujemaoui, Omar Bouragba, Hassan Bourkia, Martin Carral, Tibari Kantour, Mohamed Rachdi, Abderrahmane Rahoule et Charlotte Reine qui ont accepté de concrétiser cette idée ingénieuse, consistant à mettre en évidence la richesse et la noblesse de ce support. Organisé en partenariat avec la direction régionale du ministère de la Culture de Casablanca, ce concept présente un éventail de chefs-d’œuvre sur papiers de même dimension (50x50 cm), sur le même support (le papier dans toutes ses variantes) et au même prix.
«De par sa fabrication à partir de fibres cellulosiques végétales et animales, le papier est un matériau qui offre une infinité de possibilités aux créateurs. L’expression artistique est, en effet, intimement liée au papier depuis la nuit des temps et les artistes modernes et contemporains n’ont fait que confirmer son potentiel en poursuivant l’exploration de ses richesses plastiques et poétiques», souligne l’artiste Mohamed Rachdi. Et de poursuivre que «le papier collé et le papier découpé ont été utilisés dans les recherches plastiques de grands maîtres de la peinture, notamment Georges Braque, Pablo Picasso, Max Ernst, Kurt Schwitters ou encore Raoul Hausmann, sans oublier Henri Matisse, peintres qui ont ouvert la voie à d’autres artistes contemporains, dont les affichistes, les artistes liés au mouvement Supports-Surfaces et bien d’autres. Mais, le plus souvent par ignorance, on continue malheureusement à considérer les œuvres réalisées en papier comme relevant d’un art mineur réduit à la seule phase préparatoire, celle de la conception, de l’esquisse et du dessin tendus vers l’horizon de l’œuvre véritable qui, elle, sera réalisée sur un autre support : mur, bois, toile, marbre, bronze ou autre. En réalité, loin de cette vision limitée, classique et dépassée, de l’utilisation du papier, les créations utilisant ce matériau participent pleinement d’un art majeur qui se suffit à lui-même et qui a sa propre spécificité, sa force et sa richesse, sa finesse et sa subtilité.
En effet, de nombreux artistes, et pas des moindres, ont choisi d’investir le papier, certains vont même jusqu’à n’envisager leur activité créatrice autrement qu’à base de ce matériau qu’ils considèrent, loin des classifications sans réel fondement entre ignoble et noble, mineur et majeur, comme le seul vraiment capable d’exprimer avec pertinence leurs préoccupations artistiques», ajoute-t-il. Cette exposition est, ainsi, une manière de faire valoir l’exploitation de cette matière par chacun des artistes participants, en uniformisant la taille, le support et la valeur.