L'humain au centre de l'action future

Art-triste...

Il en est des moments où on est amené à se poser de grosses questions ontologiques. Et c’est dans des moments de tristesse, marinée dans de l’amertume, que ce genre de questionnements s’impose davantage. S’exacerbe. Pas plus loin qu’il y a quelques semaines, on a assisté, les larmes envahissant nos yeux, à une succession de décès d’un certain nombre d’artistes.

04 Mars 2013 À 16:43

Des gens qui nous ont fait plaisir pendant des années. Des personnes qui se sont peut-être fait oublier, mais n’ont jamais oublié qu’elles avaient fait leur la mission de nous offrir des moments de rire, de réflexion et de partage.

Peu de temps avant, on avait eu droit à une série de photos d’artistes qui se battaient, et se battent encore, pour survivre. Elles et eux qui, quelque part, nous aidaient à mieux vivre. Par le prisme de l’art. Triste spectacle que celui de devoir subir leurs images sur les journaux ou de devoir les voir sur des lits d’hôpitaux, à dire tous les manques dont ils souffrent. Triste encore d’entendre que d’autres artistes, quand bien même ce serait tout à leur honneur, organiser des opérations de solidarité avec leurs consœurs et leurs confrères qui «crèvent» en silence.

À petit feu. D’autant plus triste qu’on se demande, des fois, ce qu’on attend pour décréter la guerre à une situation de plus en plus intenable. Si nos souvenirs, à nous tous, sont bons, on croit savoir qu’une carte devait résoudre tous les problèmes. Seulement voilà, même les artistes se posent la question : à quoi cette «carte-sésame» servirait-elle au juste ? Sachant que l’on continue de vivre une sorte de «tragédie» qui ne porte pas son nom ! En fait, il suffit de rencontrer le premier acteur, réalisateur ou comédien venu, pour l’entendre déverser dans un flot de paroles tous les maux dont souffrent les artistes.

Sans parler de toutes celles et tous ceux qui sont tombés dans l’oubli. Dans une sorte d’amnésie collective. Jusqu’au jour où l’on découvre qu’elles ou ils ne sont plus de ce monde. Et là, pour se donner bonne conscience, on met un point d’honneur à aller assister aux funérailles, pour faire une ou deux déclarations devant micros et caméras. Une fois le devoir accompli, la conscience tranquille, on repart vaquer à plus important. Jusqu’au prochain décès.

Pourquoi tous ces rappels ? Non, rien. Juste que la scène artistique a perdu, il y a de cela une semaine, un maître de l’enseignement musical. Notamment, le luth. Il s’appelle Ahmed Souleimane Chawki. Natif de Fès en 1929, il est lauréat de l’École française des arts. De retour au pays, il lança un conservatoire de musique à Marrakech un an après. Le problème est que personne n’en parlait.

Tout ceci pour rappeler aux concernés le devoir de faire un petit effort pour ces personnes qui ne demandent qu’à être reconnues et prises en considération. Nous n’avons plus envie de les voir pleurer sur les écrans. Nous n’avons plus envie de lire leurs malheurs sur les colonnes des journaux. Nous n’avons plus envie d’entendre leurs voix fêlées sur les ondes des radios.

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