28 Février 2013 À 19:28
L’implication des éléments du polisario dans la nébuleuse Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel et les différents types de trafics illicites qui prolifèrent dans ce vaste territoire désertique a été prouvée par plusieurs responsables civils et militaires et par des experts de pays et organisations internationales. D’ailleurs, l’opinion internationale a souvent exprimé son inquiétude face à la situation au Nord-Mali, envahi par des centaines de jihadistes, en provenance du Soudan et des camps de Tindouf, venus prêter main-forte aux islamistes, affiliés à Aqmi, qui combattent les forces françaises et africaines depuis des semaines.
Un rapport publié mercredi à Washington par le Centre international des études sur le terrorisme, relevant du Potomac Institute, dont «Le Matin» a eu copie, met en garde contre la menace grandissante d’Aqmi et ses liens avec des organisations criminelles locales, dont le polisario, en soulignant que cette menace pose des défis à la fois tactiques et stratégiques pour la communauté internationale. Pour le directeur du centre, Yonah Alexander, de «nombreux rapports de renseignement ainsi que les arrestations opérées dans la région confirment qu’AQMI a établi des liens avec les cartels latino-américains en vue d’acheminer leurs cargaisons de drogues vers l’Europe, en contrepartie d’armes, et ce par le biais des réseaux terroristes de trafic au Sahel, y compris des membres du polisario». Le rapport relève ainsi que de l’avis de plusieurs experts et observateurs, il est aujourd’hui clair qu’un «arc d’instabilité» est en train d’émerger tout au long de la zone sahélo-saharienne, où «une brèche s’est ouverte pour Al-Qaida dont le centre de gravité s’est déplacé de l’Afghanistan et du Pakistan vers un nouveau sanctuaire lui permettant de fonder une base-arrière pour lancer des attaques contre les États-Unis et l’Europe».
Le rapport américain rejoint les conclusions faites auparavant par les services de renseignements français qui alertent régulièrement sur les activités de l’Aqmi, qui compte selon eux 500 hommes armés, se déplaçant dans la zone sahélienne entre la Mauritanie, le Mali et le Niger. Cette région du Sahel connaît depuis quelques années une recrudescence des activités de trafiquants et contrebandiers en tous genres. Pour nombre d’observateurs internationaux, le besoin de renforcer la sécurité et la stabilité dans les régions du Sahara et du Sahel constitue un enjeu majeur pour les années à venir. Et pour cause. Les réseaux terroristes sont attirés par ces régions ayant de larges zones non administrées. Aujourd’hui, tous les pays de par le monde expriment une perception commune des enjeux de sécurité et de protection des populations dans ces régions dans un contexte international marqué par la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée. Tous mettent l’accent sur la nécessité d’une mobilisation collective contre la menace terroriste. Partout dans le monde, plusieurs pays et autres ONG ne cessent de dénoncer les conditions déplorables dans lesquelles vivent les populations des camps de Tindouf et le traitement inhumain qui leur est infligé par les forces de sécurité du polisario. Ils expliquent que le polisario en pleine crise constitue une menace pour la paix, la sécurité et la démocratie, non seulement au Sahel et au Maghreb, mais également dans le reste du monde.
D’autant plus que la région fait face à des défis majeurs liés au développement, au terrorisme, à l’immigration clandestine, à la contrebande et au trafic de drogue. Dans les camps de Tindouf, de nombreuses et graves violations sont commises par le polisario contre les populations retenues contre leur gré, où il n’existe pratiquement pas de liberté de circuler et où la torture est monnaie courante. Là-bas, de jeunes enfants sahraouis sont séparés de leurs familles et déportés par centaines chaque année à Cuba. Aussi, plusieurs rapports onusiens notent que dans ces camps de la honte, la situation alimentaire demeure précaire, alors que les polisariens continuent de détourner à leur profit l’aide humanitaire internationale destinée aux populations civiles.
Cette situation inhumaine est d’ailleurs dénoncée par le documentaire américain Stolen qui a été diffusé, mardi soir, en avant-première sur «World Channel», une chaîne TV qui touche quelque 58% de foyers US, en dépit de la forte pression du lobby pro-polisario exercée sur les organisateurs. Initialement prévue le 5 février, la diffusion a été reportée en raison de multiples pressions exercées sur Public Broadcasting Service (PBS) par la firme de lobbying américaine qui travaille pour le compte de l’Algérie, soutien du polisario, indique un communiqué des réalisateurs rendu public à New York. Selon Violeta Ayala et Dan Fallshaw, les coréalisateurs australo-boliviens du film «Stolen» sur l’esclavage dans les camps de Tindouf, l’Algérie verse annuellement 1 000 000 de dollars à un cabinet d’avocats US chargé de faire du lobbying aux États-Unis pour toutes les questions se rapportant au Sahara.