28 Février 2013 À 19:27
«Citoyenneté et comportement civique», tel était le thème de la journée d’étude organisée mercredi dernier par la Chambre des conseillers. Une question d’actualité qui suscite de plus en plus les débats. Car aujourd’hui, on assiste à une véritable prise de conscience des enjeux de la citoyenneté, notamment dans le cadre de la transition démocratique que connait le pays. D’autant plus que la Constitution de 2011 a valorisé l’action de la société civile et celle des citoyens à travers une participation active à la vie publique et politique. En effet, les citoyens disposent maintenant du droit de présenter des pétitions aux pouvoirs publics ainsi que de formuler des propositions législatives. D’où l’importance de promouvoir «le sentiment de citoyenneté, vecteur de la stabilité de la société», explique Karim Ghellab, le président de la Chambre des représentants, lors de son intervention d’ouverture des travaux de cette journée d’étude. Selon lui, la citoyenneté reste le socle de la cohésion sociale.
Et elle ne se limite pas seulement aux devoirs et obligations fixés par la loi, mais à constitue la condition d’une vie durable et cohérente. En tout cas, le choix de ce thème n’est pas fortuit. Il tombe à point nommé. Surtout à la veille du parachèvement de l’édifice constitutionnel, en l’occurrence les lois organiques. Son choix dénote également une forte volonté de la Chambre des conseillers en particulier et de l’institution législative en général, de prendre part à ce chantier, en initiant un tel débat avec des intervenants de divers horizons. Et comme l’avait expliqué Mohamed Cheikh Biadillah, président de la Chambre des conseillers, l’objectif escompté de la rencontre est d’enrichir la discussion et de mettre en lumière les idées et les propositions afin de pouvoir disposer d’une plateforme de travail autour de la thématique de la citoyenneté.
D’ailleurs, les organisateurs de cette manifestation se sont assignés comme buts d’échanger autour de cette question tout en s’arrêtant sur le diagnostic et le traitement du sujet selon différents angles : religieux, juridique et culturel. Ainsi, sur le registre religieux, Ahmed Taoufik, ministre des Affaires islamiques s’est attelé dans son intervention à rappeler le référentiel religieux de la société marocaine en expliquant que la Chariaâ et les coutumes ont toujours constitué les fondements de la société et représenté des guides de conduite des citoyens dans leurs relations. D’après le ministre des Affaires islamiques, «les principes de la citoyenneté trouvent également leurs racines dans la Chariaâ et les coutumes et il faut capitaliser sur les acquis, notamment sur la richesse et le vivre ensemble qui caractérisent la société marocaine depuis toujours». Pour sa part, Lahbib Choubani, ministre chargé des Relations avec le Parlement, a été ferme, déplorant le manque flagrant de la citoyenneté et du comportement civique. Chose qui explique, selon le ministre, tous les aspects de la prévarication qui caractérisent la société. Pour lui, ce manque relève de la responsabilité des institutions et des élites, fortement coupables, selon lui, de la déperdition du sens civique. D’autant que les décisions politiques se prennent au niveau desdites institutions. En tout cas, le ministre reste convaincu que le concept de la citoyenneté ne concerne plus l’individu, mais aussi et surtout les institutions. Surtout dans le contexte du printemps démocratique qui a vu les masses s’élever contre la prévarication, a-t-il souligné.
Afin de remédier à ces dysfonctionnements, Lahbib Choubani voit dans le renforcement du sens civique chez les institutions et l’élite la solution adéquate pour faire émerger une société citoyenne, regagner la confiance des citoyens et renforcer la crédibilité des sociétés. Autrement dit, la citoyenneté de la population découle essentiellement de la citoyenneté des institutions. «Les gens suivent les traces de la religion de leurs institutions et de celles de leurs élites», conclut M. Choubani.