12 Mars 2013 À 20:39
Après six mois d’attente, la commission des finances de la Chambre des représentants a tenu hier la deuxième réunion consacrée à l’examen de la gestion financière de la caisse de dépôt et de gestion. En présence du ministre de l’Économie et des finances, Nizar Baraka, les membres de la commission ont appelé le directeur général du groupe CDG à plus de transparence en matière de communication et exigé un meilleur contrôle de cette institution étatique. À titre d’exemple, les députés ont souligné la nécessité d’éclaircir les critères présidant à la création des filières, au recrutement et aux choix des partenaires privés… Certains d’entre eux ont même accusé la Caisse de faire cavalier seul et d’agir ainsi à l’abri de tout contrôle de l’État.
Mais, le ministre de l’Économie et des finances Nizar Baraka a tenu à les rassurer. Il a précisé que le contrôle s’effectue par le ministère ainsi que par Bank Al Maghrib. Et que la Caisse est soumise aux normes internationales en matière de contrôle. Le directeur général du groupe CDG Anas Alami a abondé dans le même sens, précisant que la Caisse est contrôlée en amont par le caissier général ainsi que par le commissaire aux comptes. Sans oublier les commissions de surveillance qui se réunissent quatre fois par an pour vérifier les comptes. À cela s’ajoute, selon lui, l’adoption sur le plan interne d’un système bien défini de bonne gouvernance.
Mais, visiblement, les députés en demandent plus. Ils ont ainsi exigé que la Caisse soit contrôlée également par le Parlement à l’instar de la Caisse des dépôts et de consignations de France, qui est soumise à la surveillance de l’Assemblée nationale. Pour ce faire, une révision des textes juridiques s’impose. L’Argentier du Royaume signale dans ce sens qu’un projet de loi relatif aux établissements publics est en cours d’élaboration par le gouvernement, ce qui devrait en principe inclure une disposition qui prévoit un contrôle fait par l’Institution législative. Pour répondre aux remarques des députés concernant la gestion de risque, M.Alami a signalé que la CDG dispose d’une stratégie claire précisant, par ailleurs, que tout investissement, partout dans le monde, comporte des risques. Les députés ont fait allusion notamment au cas du Club Med.
Abdellah Bouanou (PJD) a avancé le chiffre de 3,7 milliards de dirhams de pertes ayant trait aux participations de la CDG dans cette société en 2009/2010. Pour M.Alami, il ne s’agit là que d’une rumeur. «Les pertes sont de 700 millions de dirhams sur un investissement de 1 milliard de dirhams», a-t-il précisé. En ce qui concerne la relation qu’entretient la CDG avec le gouvernement, le haut responsable a estimé qu’elle est on ne peut plus claire, étant donné que la «Caisse accompagne la politique gouvernementale». C’est le cas notamment des investissements dans le secteur du tourisme qui ont été dictés par les aléas de la crise économique sur les opérateurs nationaux privés. Par ailleurs, les députés ont appelé à l’élargissement du champ d’action de la Caisse pour englober l’accompagnement des communes dans leurs projets.
Pour le parlementaire Ouadiaa Ben Abdellah, les élus doivent être impliqués dans la CDG qui doit mettre à contribution la connaissance des élus de la réalité du terrain. Même son de cloche chez le parlementaire du PAM Younes Skouri qui a souligné que les communes, à elles seules, ne peuvent pas gérer bon nombre de dossiers. Il a cité le cas du secteur du transport en commun dans la capitale qui vit au rythme de beaucoup de problèmes. L’idéal, selon lui, serait de créer des formes innovantes de partenariat autour des secteurs prioritaires.