05 Mars 2013 À 18:11
Mohcine Besri a décidé de frapper fort pour son premier film et s’attaque directement à des thématiques qui peuvent fâcher ou s’assujettir à toutes les interprétations. «Les Mécréants» n’y va pas par quatre chemins et place directement le spectateur au cœur de l’action. Une petite troupe théâtrale composée de trois hommes et deux femmes ont à peine le temps de prendre la route à destination du lieu de leur futur spectacle que le pire arrive. Leur véhicule, une modeste fourgonnette surmontée d’une autruche, est pris en otage et détourné par des extrémistes en herbe. Le crime de la petite troupe ? Être des artistes, une activité déclarée hautement impie par le chef de leurs ravisseurs. Leur sanction ? Une exécution filmée pour l’exemple. Sauf que les choses ne tournent pas exactement comme prévu.
Les trois ravisseurs se retrouvent coincés dans une villa sans possibilité de contact avec leurs supérieurs hiérarchiques. Sans commandement direct, ils sont perdus, désemparés et ne peuvent qu’essayer de cohabiter avec leurs prisonniers. Une semaine passe et les sept protagonistes doivent apprendre à cohabiter malgré leurs différences. Les otages ménagent leurs ravisseurs tout en essayant de prévenir la police de leur détresse. Les trois apprentis terroristes de leur côté, sont petit à petit sous la pression. Abandonnés par leur mentor, ils ne savent plus quoi faire de leurs captifs. Ils ne peuvent que les soumettre à leur joug et les provoquer jusqu’à ce que la sentence tombe.
Mohcine Besri pose, à travers ce film, la problématique de la différence où la seule issue ne passera que par le dialogue voire la joute verbale. Kidnappeurs et victimes sont obligés de communiquer, faute de pouvoir en finir. Les premiers, d’abord certains de leur objectif et de la justesse de leurs actes, finissent par sombrer dans la procrastination et l’attentisme. Les seconds guettent les rares moments de faiblesse de leurs geôliers et multiplient les piques déstabilisantes. Hind et Jamila, interprétées par Jamila El Haouni et Maria Lalouaz, se montrent les plus audacieuses. Elles n’hésitent pas à répondre à la provocation verbale d’Anas ou à la violence physique. La tâche leur est facilitée face à des sbires qui ne peuvent qu’obéir ou ressasser les discours stéréotypés de leur endoctrinement obscurantiste et sexiste.