11 Juin 2013 À 17:28
Le Président égyptien, Mohamed Morsi, a souligné lundi que son pays n’exclut aucune option pour protéger ses intérêts. «Toutes les options restent ouvertes» face au projet éthiopien de construire un barrage sur le Nil, a-t-il dit lors d’une conférence consacrée à cette question. Tout en soulignant l’importance du Nil pour l’Égypte, le chef de l’État a ajouté que son pays ne voulait pas la guerre, mais ne permettra jamais que «soit mise en péril notre sécurité en matière d’approvisionnement en eau». Il a indiqué que son pays est favorable à des projets de développement dans les États du bassin du Nil à condition qu’ils ne portent pas préjudice aux droits juridiques et historiques de l’Égypte. Selon lui, les études menées par l’Égypte ont montré que la construction du barrage éthiopien aurait des «conséquences négatives» sur le pays.
Un rapport a été établi par une commission tripartie réunissant des experts égyptiens, éthiopiens et soudanais et a contribué à alimenter les craintes de l’Égypte qui estime que l’Éthiopie n’a pas mesuré toutes les conséquences de son projet. «L’eau est une question de vie ou de mort pour le peuple égyptien. L’eau est une affaire de sécurité nationale», a-t-il dit. L’Éthiopie avait annoncé récemment avoir entamé la déviation du Nil Bleu, en vue de la construction d’un important barrage hydro-électrique. Pour construire le barrage, dit de la «Grande renaissance», un projet de 4,2 milliards de dollars, le lit du Nil bleu, l’un des deux principaux affluents du Nil, doit être dévié sur environ 500 mètres et asséché. Plusieurs pays, situés en amont du fleuve, avaient signé un accord remplaçant les deux accords conclus en 1929 et 1959 et qui attribuent aux pays de l’aval 87% des eaux du Nil avec 55,5 milliards de m3 pour l’Égypte et 18,5 milliards de m3 pour le Soudan.
Les pays du bassin du Nil, comprenant le Burundi, la République démocratique du Congo, l’Égypte, l’Éthiopie, le Kenya, le Rwanda, le Soudan, la Tanzanie et l’Ouganda, ainsi que l’Érythrée ne se sont pas mis d’accord pour identifier un cadre juridique et institutionnel pour un nouveau partage des eaux du fleuve, en dépit des nombreuses réunions ministérielles, tenues au cours de la dernière décennie. L’Égypte et le Soudan demandent la préservation de leurs revendications historiques, alors que les autres pays souhaitent l’amendement de l’accord de 1929 signé entre l’Égypte et la Grande-Bretagne, signataire au nom de ses colonies africaines arrosées par le Nil, qui accordait au Caire un droit de veto sur les projets construits en amont. Ces accords sont toutefois contestés par la majorité des autres pays du bassin du Nil, dont l’Éthiopie, qui ont conclu un traité distinct en 2010 leur permettant de réaliser des projets sur le fleuve sans avoir à solliciter l’accord du Caire.Le barrage monumental, qui doit être inauguré en 2016, sera le plus grand d’Afrique, avec une capacité de 6 000 mégawatts, selon le gouvernement d’Addis-Abeba, soit l’équivalent de six centrales nucléaires. Il devrait permettre à l’Éthiopie de devenir le premier producteur d’électricité du continent africain.