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Manar passe à la vitesse supérieure

L’entreprise, qui vient de consentir 10 millions de dirhams pour s’aligner sur le Protocole de Montréal, compte dès cette année porter à 40 millions de DH ses investissements dans la production. De nouveaux marchés à l’export sont visés, notamment l’Afrique.

L’usine de Manar est dotée d’une capacité de production de 300 000 références entre réfrigérateurs, téléviseurs, fours électriques, etc.

09 Juillet 2013 À 18:08

Une nouvelle unité de fabrication de mousse isolante pour les réfrigérateurs domestiques a vu le jour chez Manar. L’entreprise, spécialisée dans la fabrication de réfrigérateurs sous la marque Siera et basée à Aïn Harrouda (Mohammedia), a inauguré ces nouvelles installations le 8 juillet en présence de Mounia Boucetta, secrétaire générale du ministère de l’Industrie, du commerce et des nouvelles technologies. En tout, le projet aura coûté quelque 10 millions de dirhams, dont 8,1 millions apportés par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) et le reste par Manar. Concrètement, ces fonds sont allés au remplacement des machines d’injection de mousses et à l’acquisition d’une citerne à double paroi de 35 m3 pour le stockage du cyclopentane, ainsi qu’à des équipements pour la préparation et le dosage du polyol et du cyclopentane. L’entreprise a également remplacé toute la tuyauterie de distribution de ce mélange. Selon Az El Arab Kettani, président de Manar, l’investissement inclut aussi les travaux de génie civil, la mise à niveau des installations électriques et le coût engendré par l’arrêt de la production durant trois mois (du 26 novembre 2012 au 25 février 2013).

À en croire Kettani, grâce à ce projet, les 100 tonnes de HCFC-141b consommées annuellement seront remplacées par 62,7 tonnes de cyclopentane. «Les nouvelles technologies d’injection de mousse de polyuréthane vont ainsi permettre de réduire l’équivalent de 69 733 tonnes de CO2 par an. Les réfrigérateurs issus de la nouvelle unité de production seront non seulement conformes aux normes européennes, mais particulièrement performants en termes d’isolation et de consommation énergétique», fait-il valoir. En fait, le projet a été élaboré par l’ONUDI à la demande du gouvernement. Il a été approuvé en décembre 2010 par le comité exécutif du Fonds multilatéral pour la mise en œuvre du Protocole de Montréal lors de sa 62e réunion. Son objectif, éliminer totalement le HCFC-141b du processus de production de la mousse isolante en utilisant, au lieu de cette substance, le cyclopentane comme agent gonflant lequel est jugé beaucoup moins polluant. Le management de Manar affirme que grâce au succès de cette opération, le Maroc peut se targuer d’être l’un des premiers pays émergents à mettre en application le Protocole de Montréal. À en croire Kettani, la mise en place de la nouvelle unité aura coûté à l’entreprise 12 millions de dirhams en investissement direct. «Il faut compter plus si l’on calcule l’arrêt de la production pendant trois mois», affirme le président. Un investissement jugé facilement à rentabiliser puisqu’il devrait permettre à l’entreprise, d’une part, de réaliser des économies en énergie (gaz surtout) et d’autre part, mettre à la disposition du consommateur des réfrigérateurs performants.

Comment se porte l’activité de Manar ? Elle a régressé ces trois dernières années, selon le top management. Motif, les multiples accords de libre-échange signés par le Maroc. «Il y a encore des paramètres à mettre en place pour ces accords comme ce qui se fait d’ailleurs dans les autres pays. L’entreprise reprend du poil de la bête après une phase descendante de pratiquement trois années. Mais, je pense que là, nous remontons un peu la pente et nous espérons récupérer la place perdue», explique Kettani. Le patron affirme que Manar est en pourparlers avec le département du Commerce extérieur non pas pour les fameuses mesures de défense commerciale, mais plutôt pour une comparaison des coûts de production dans les pays avec qui le Maroc a des accords de libre-échange. «Nous souhaitons un benchmark pour connaître les vrais coûts des facteurs et savoir s’il n’y a pas dumping et surtout si les exportateurs de ces pays ne sont pas subventionnés à l’export. Nous voulons une analyse fine des pays d’où proviennent les produits concurrents», détaille Kettani. Pour booster ses performances, l’entreprise entend se renforcer à l’export. «Nous réalisons des opérations sporadiques à l’export, mais nous comptons désormais étudier toutes les opportunités offertes sur le marché africain. Nous sommes dans les starting-blocks», développe le président de Manar.

La firme créée par Moulay Ali Kettani en 1957 (ex-fondateur de Wafabank) semble s’y préparer. Elle affirme s’être engagée dans une démarche de certification de ses process production et prévoit de doubler ses investissements dès cette année pour les porter à 40 millions de dirhams annuellement. Objectif : diversifier ses gammes de produits en misant sur la fabrication de quatre nouveaux modèles de réfrigérateurs. Sur le marché du blanc, l’entreprise n’est pas une roupie de sansonnet. Rien qu’à travers sa marque Siera, Manar revendique 20% du marché. Une proportion qui frôle les 35% pour tout le segment réfrigérateurs. Ses produits sont exportés principalement vers l’Algérie, la Libye et la Mauritanie. «Le succès de Siera s’explique par un positionnement fort. Depuis toujours, la marque s’est adaptée aux attentes du marché marocain. Elle a su innover et anticiper les nouveaux styles de vie. Siera est, aujourd’hui, réputée pour ses produits dotés de technologies de pointe pour un excellent rapport qualité/prix», s’enorgueillit le management de l’entreprise. Pour mieux ancrer sa marque, Manar compte ouvrir cette année une série de show-rooms à travers le pays. De quoi renforcer un réseau de distribution de plus de 1 000 revendeurs y compris les circuits traditionnels. Son usine de Aïn Harrouda couvre 11,5 hectares, dont 52 000 m² couverts. Elle emploie quelque 450 personnes, dont 20 cadres, et produit pas moins de 300 000 références par an. Une capacité extensible à 400 000 références avec un taux d’intégration de 70%.

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