Spécial Marche verte

Une histoire de loyer impayé qui tourne au drame

Les affaires de loyer non réglé sont extrêmement courantes. Mais ce fait divers est différent parce qu’il s’agit d’un règlement de compte entre voisins qui tourne mal.

Suite à ce drame, sept enfants sont devenus orphelins et se retrouvent seuls face à un jugement d’expulsion.

26 Avril 2013 À 18:08

Mariés depuis 48 ans, K.H. et M.H. vivent depuis cinq ans dans le quartier El Fida de Casablanca, avec leurs sept enfants. K.H., le père, est mécanicien et passe ses journées à s’atteler à la réparation de motos. M.H., la maman, quant à elle est mère au foyer. À première vue, la famille semble mener une vie paisible et sans problèmes. En effet, comme tout le monde et à chaque fin de mois, ils payent leurs factures d’électricité et d’eau, font leurs courses et n’ont d’ailleurs jamais eu de souci de voisinage. Cependant, cela fait cinq ans que la famille H. n’a pas payé le loyer. Ce dernier était d’abord à 85 DH/mois, puis il est passé à 125 DH/mois depuis un an et demi. Mais quel que soit le montant, le couple n’a jamais voulu régler ses dettes envers son propriétaire. Agacé de l’attitude de ses résidents, le propriétaire en a eu assez de ne pas être payé et a fini par déposer une requête auprès du tribunal de première instance. En réponse à cette réclamation du bailleur, un huissier de justice s’est rendu sur place afin de dresser l’état des lieux. Ce dernier a alors établi un rapport dans lequel il a localisé l’appartement en question, le nombre de personnes y séjournant, le total des pièces s’y trouvant, etc.

Suite à la visite de l’huissier, le tribunal de première instance a déclaré l’évacuation immédiate de la famille. De plus, la famille devra payer 500 DH d’amende pour chaque jour de retard. C’est-à-dire que tant que la famille ne part pas, elle devra s’acquitter d’une sanction de 500 DH d’amende par jour. Mais celle-ci n’a pas voulu partir et a commencé à déposer des justificatifs pour ne pas quitter les lieux. C’est alors que débuta la longue partie de renvoi de requêtes entre les deux parties. Dès lors ont commencé les ajournements et renvois d’audience sur la longue période de trois ans. Entre temps, de nombreuses choses ont changé : M.H., la mère de famille est décédée d’une mort naturelle. K.H. s’est alors retrouvé seul face aux procédures de justice. Entouré de ses enfants, il n’a rien voulu entendre et a continué de ne pas payer le loyer. D’autre part, le fils du propriétaire s’est marié et sa femme a accouché de leur premier bébé. Ayant besoin d’un appartement plus grand, il était inconcevable au jeune couple de laisser tomber cette histoire. Pour le reste, l’affaire est arrivée jusqu’en deuxième instance, devant la Cour d’appel. À partir de ce moment, le fils du propriétaire et sa femme ont multiplié les preuves afin de prouver qu’ils étaient un couple fiable : justificatifs de travail, de payement de loyer, d’eau, d’électricité…

L’histoire dans l’histoire

Le propriétaire et sa famille n’étaient plus les seuls à être irrités par cette histoire de loyer impayé. En effet, certains voisins ont commencé à hausser la voix dans les couloirs de l’immeuble. Par ailleurs, il y a quelques mois, a éclaté une dispute entre voisins, durant le Ramadan. Elle a opposé K.H., le père de famille et trois hommes de son voisinage. Le ton est rapidement monté et les hommes en sont vite arrivés aux mains. C’est comme cela que l’un des voisins a poussé H.K. qui est mort sur le coup. Aucun des trois voisins n’a voulu reconnaître l’homicide involontaire. Ainsi, ce sont les trois qui ont écopé d’une peine de prison de trois ans. Cela a donc fait des sept enfants des orphelins, car leur mère était morte quelques années auparavant d’une mort naturelle. Cette histoire a commencé il y a cinq ans déjà et le dernier jugement d’expulsion date d’il y a deux mois. La cour a statué en faveur du fils du propriétaire.

Les sept enfants de la famille H. ont alors jusqu’au 15 mai 2013 pour quitter les lieux. Toutefois, on pourrait se demander pourquoi les enfants partiraient alors que cela fait cinq ans qu’ils n’ont pas bougé. En tout cas, le propriétaire et le tribunal on fait appel au renfort. En effet, l’huissier de justice en charge de l’expulsion ne se présentera pas seul cette fois-ci. Il sera accompagné des forces de l’ordre pour éviter toute bavure et pour s’assurer que les enfants quitteront bien le domicile. 

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