28 Avril 2013 À 13:31
Nous avons pris la décision de suspendre les licences de certaines chaînes satellitaires qui ont adopté une ligne incitant à la violence et au confessionnalisme, a déclaré le directeur en charge des médias, Moujahed Aboulheil, alors que l’Irak connaît depuis mardi des violences faisant craindre un retour au sanglant conflit confessionnel ayant suivi l’invasion américaine de 2003. L’autorité «a dû, après une série d’avertissements, suspendre la licence de ces chaînes dans tout l’Irak», a-t-il ajouté.
Parmi les 10 télévisions suspendues figurent les chaînes irakiennes Bagdad, Alsharqiya, et Al-Fallujah. La suspension des licences «signifie la suspension de leur travail et leurs activités en Irak», a-t-il expliqué précisant que ces chaînes ne pourront plus «couvrir les évènements en Irak ou circuler» dans le pays. Cette décision survient alors que l’Irak est secoué par des violences déclenchées mardi par un assaut de policiers, près de Houweijah (nord), contre un camp de manifestants sunnites hostiles au Premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, qui a provoqué des heurts sanglants. En riposte, des attaques ont été lancées contre l’armée et les violences ont fait en cinq jours plus de 215 morts et 300 blessés, selon des responsables.
Depuis décembre 2012, des milliers d’Irakiens manifestent dans les régions à majorité sunnite pour réclamer le départ de M. Maliki, accusé de marginaliser leur communauté. Ce dernier est aussi accusé par des membres de sa coalition gouvernementale et ses détracteurs d’accaparer le pouvoir. Les dernières violences sont les plus meurtrières depuis le début du mouvement de contestation contre le Premier ministre, au pouvoir depuis 2006, et rappellent le conflit confessionnel de 2006-2007 en Irak, mais dans une moindre intensité.Accentuant les tensions, les autorités de la région autonome du Kurdistan (nord) ont déployé une force de sécurité près de Kirkouk afin de faire face selon elles à d’éventuelles attaques contre cette ville multiethnique riche en pétrole et revendiquée par les Kurdes et le pouvoir central à Bagdad.
L’armée a dénoncé ce déploiement, un général le qualifiant de «développement dangereux» et accusant les Kurdes de chercher à «atteindre les puits de pétrole». Et au même moment, le chef de la puissante milice Sahwa, rémunérée par l’État pour lutter contre Al-Qaïda, a menacé de reprendre ses violentes opérations qui lui avaient permis d’écraser le réseau extrémiste, notamment dans la province d’Al-Anbar (ouest), en 2006. Si les meurtriers de cinq soldats à Al-Anbar ne sont pas livrés, «Sahwa fera ce qu’elle a fait en 2006», a menacé Wissam al-Hardane, en fixant un délai de «24 heures aux activistes pour les remettre. «Si cela n’est pas fait, nous ne resterons pas les bras croisés». Le meurtre s’est produit près d’un sit-in à Ramadi (chef-lieu d’Al-Anbar) de manifestants sunnites appuyés par des hommes armés.