Fête du Trône 2006

Le rejet de la politique comme forme de protestation

Inciter les jeunes à s’impliquer davantage dans la vie politique, voilà l’objectif que s’est fixé le «Club des jeunes pour le débat politique». Cet espace créé par l’Alliance Genève pour les droits de l’Homme et l’ambassade de la Grande-Bretagne vise à débattre des obstacles entravant l’engagement des jeunes dans la politique.

Le débat a été marquée par la présence du nouvel ambassadeur de Grande Bretagne au Maroc, M. Clive Alderton (2e à gauche). PH Kartouch.

24 Mars 2013 À 15:20

Dans ce cadre, le Club a organisé tout au long d’une année une série de rencontres au niveau des villes de Casablanca, Mohammedia et Meknès avec la participation de nombreuses personnalités de différentes couleurs politiques dans le but d’amorcer un dialogue avec les jeunes. «Nous avons voulu à travers ce débat aider les jeunes à identifier les problèmes qui les empêchent d’adhérer aux partis et examiner les solutions qui permettraient de changer cette situation dans le cadre d’un dialogue qui obéit au respect et à l’écoute de l’autre», indique Rachid Abou Taieb, président de l’Alliance Genève pour les droits de l’Homme.

En effet, cette manifestation qui a permis de former 20 jeunes au débat politique a connu l’adhésion de plus de 200 étudiants qui ont pris part à des manifestations régionales, d’exprimer leurs idées et d’en débattre. D’après M. Abou Taieb qui présentait jeudi dernier les résultats de cette expérience, les premières conclusions tirées de ce débat indiquent que la non-participation des jeunes à la vie politique représente une forme de protestation. Les jeunes ne croyant plus au discours politique de nombreux partis préfèrent se mettre en retrait en s’abstenant de voter ou de rejoindre une formation politique. Le débat a dévoilé aussi que les jeunes actifs préfèrent plutôt adhérer à une association qu’à un parti politique.

Une idée largement partagée par un jeune intervenant. Selon Sami Ahmed, un jeune étudiant à la Faculté des sciences et membre d’un parti, l’approche des formations politiques au Maroc reste traditionnelle et n’encourage pas la jeunesse à y adhérer. «Il n’existe aucune plate-forme pour accueillir les jeunes, les accompagner et les former au sein des partis. Cette situation fait que même les jeunes intéressés par la politique finissent par abandonner cette idée».

Mohammed, un jeune participant à cette rencontre, a pour sa part pointé du doigt l’absence d’espaces d’expression pour les jeunes et le manque d’initiatives de la part des formations politiques visant à encourager les jeunes à adhérer au débat politique. «Rares sont les formations politiques qui vont vers les jeunes et qui organisent des rencontres au sein des facultés. Dans les différents établissements publics du Royaume, les jeunes ne disposent pas de l’information nécessaire», ajoute-t-il.

Pour l’ambassadeur de la Grande-Bretagne M. Clive Alderton, la prise de conscience du défi lié à l’adhésion des jeunes à la politique a abouti à l’instauration par la nouvelle Constitution d’un quota qui garantit aux jeunes 30 sièges à la Chambre des représentants. Une initiative louable qui s’inscrit, selon le diplomate britannique, en droite ligne de la vision que prône le Royaume-Uni et qui considère que la démocratie ne peut fonctionner qu’avec l’implication de toutes les composantes de la société. «Le fait de susciter et de développer l’intérêt des jeunes pour la politique demeure un grand défi, que ce soit au Maroc, au Royaume-Uni ou dans d’autres pays.

La participation politique des jeunes est l’une de nos préoccupations parce que nous considérons qu’une forte démocratie requiert l’adhésion de toutes les composantes de la société. C’est ce qui explique notre soutien à ce projet. Et je dois avouer que nous avons été impressionnés par la qualité des débats tenus par les jeunes avec les personnalités politiques», conclut l’ambassadeur. 

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