17 Juin 2013 À 15:52
«Les mères mineures et le droit à la santé» était le thème d’une rencontre organisée par l’Union de l’action féminine (UAF), vendredi dernier et ce à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la santé de la mère. Cette rencontre avait pour objectif de mettre en lumière les risques sur la santé de la femme lorsque sa première grossesse se produit avant l’âge de 18 ans et a également été l’occasion de revenir sur le mariage précoce et ses effets néfastes sur les jeunes filles. «Le mariage et la grossesse précoces privent les jeunes filles de leurs droits d’enfance comme le droit à l’éducation, le droit de jouer, le droit à la protection et la tendresse, ainsi qu’au développement naturel, mais en plus cela les expose à diverses violations physiques, mentales et sexuelles», affirme Zahra Ouardi, de l’UAF, qui précise : «Malgré le fait que le Maroc ait signé des conventions internationales et s’est engagé à les réaliser, ce qui a occasionné une grande révision des législations telles que la moudawana et le Code pénal surtout en ce qui concerne la lutte contre la discrimination et la protection des droits des enfants, ainsi que les droits économiques et sociaux, il n’en demeure pas moins qu’il existe encore des failles qui consacrent la ségrégation à l’encontre des femmes. Nous retrouvons de nombreuses contradictions dans ces législations comme c’est le cas dans les articles 4, 13, 19, 51, 20 et 21 de la moudawana». En effet, alors que les premiers articles mentionnés insistent sur la sacralité du mariage, la participation commune des deux époux et consacre la capacité matrimoniale à 18 ans, les articles 20 et 21 accordent au juge de la famille la possibilité d’autoriser, exceptionnellement, le mariage avant l’âge légal.
Une exception qui révolte les associations féministes.«L’exception est devenue la règle. Le nombre de mariages précoces a dépassé les 47 000 en 2009 et il est en augmentation continue d’année en année. D’ailleurs, il a représenté 12% des mariages conclus en 2011. En plus, le juge accorde l’autorisation dans 92% des demandes pour des filles ne dépassant pas l’âge de 14 ans, ce qui est inadmissible», fustige Z. Ouardi. «Ceci est un crime que nous commettons tous ensemble. Dans la plupart de ces mariages précoces la différence d’âge entre les époux est très importante, soit la jeune fille est mariée comme deuxième épouse, soit mariée à un MRE (surtout dans le milieu rural), qui l’épouse durant le premier été et en divorce l’année qui suit», ajoute Aicha Lakhmass, avocate et députée.
De son côté, Abdellah Ziou Ziou, psychologue a souligné que : «Le mariage des mineurs a des effets négatifs sur le psychique de la fille. La nuit de noces, à elle seule, peut être vécue comme un viol. Il ne faut pas oublier qu’avant 18 ans, la jeune fille est toujours considérée comme une enfant. Qu’elle soit pubère ne fait pas d’elle une adulte mature». Hormis les conséquences psychologiques, le mariage précoce en général et la grossesse précoce en particulier, peuvent être dangereux pour la santé de la jeune fille. Selon l’association, il a été prouvé que la première grossesse, si elle est conçue avant l’âge de 18 ans, peut avoir des dégâts sur la jeune mère, ainsi que sur son bébé. «En plus des séquelles psychologiques et sociologiques du mariage précoce, la grossesse prématurée peut être une case d’ostéoporose, d’anémie, d’augmentation de risques d’avortement et des naissances prématurées, d’hypertension artérielle, d’augmentation des cas de mortalité maternelle…», conclut Z. Ouardi.