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Le comeback des Nass El Ghiwane

● Le groupe mythique Nass El Ghiwane signe son retour en force cet été 2013 avec un nouvel album produit par Platinium Music.
● «Al Baraka», littéralement «La bénédiction», un titre qui sonne comme un message et qui dit en un mot richesse, esprit et histoire de cette formation légendaire, surnommée «les Rolling Stones de l’Afrique».
● Avec 10 titres, dont «Tidiklt», autrement dit la paume de la main, le groupe revisite une panoplie de styles musicaux du patrimoine marocain : gnaoua, issaoua, houwara et melhoun.

Plus vifs et plus frais que jamais, les Ghiwane retrouvent la scène avec un nouvel opus.

13 Juin 2013 À 15:34

«Nass El Ghiwane sont de retour». À première vue, ce n’est qu’une reprise ! Loin de là. Effectivement, le groupe signe un excellent comeback au goût de l’aventure, mais aussi d’une histoire qui ne prend jamais de rides. Le groupe vient de sortir son dernier album, qui sera disponible au début de l’été. L’opus, appelé «Al Baraka», composé de 10 chansons sur divers thèmes, n’est en tout cas qu’un prétexte pour que cette formation mythique se retrouve sur scène, à la rencontre d’un public qui lui est fidèle depuis les années 70.

À en croire l’artiste Tarik Batma, pour lequel ce retour des Ghiwane, sept ans après la sortie de «Nahla Chama», n’a rien de vraiment surprenant. «C’est tout à fait normal qu’une valeur sûre de la musique marocaine, comme Nass El Ghiwane retrouve son public aujourd’hui, même dans la douleur, suite au décès du grand maâlem Abderrahmane Paco, un pilier du mouvement des Ghiwane et de la musique gnaoua, et l’un des fondateurs du groupe. Même avec de nouveaux membres, le groupe n’a rien perdu de son aura. Pour moi, en tant que descendant de la lignée Batma, une composante importante dans le mouvement, je crois qu’à travers ce retour, c’est une partie de l’histoire de la musique marocaine qui renaît de ses cendres tel un Phoenix», explique Tarik Batma, pionnier de la musique urbaine.

Il s’agit aussi d’une tradition qui se perpétue, nourrie d’une longue transmission à travers les générations et orchestrée par Omar Sayed, un des derniers survivants de l’aventure des «Rolling stones de l’Afrique», comme aime à les appeler le réalisateur italo-américain Martin Scorsese. Omar Sayed est bien servi aussi par les frères du défunt Larbi Batma, Rachid et Hamid, sans oublier son vieux complice Allal au Banjo. Ce dernier, en plein combat avec la maladie, est souvent remplacé par le musicien Abdelkrim Chifa, surtout sur ce dernier album. Ils sont tous décidés à aller jusqu’au bout de la saga, les membres de Nass El Ghiwane  reviennent avec de nouvelles rythmiques allant de la musique melhoun à celle de houara, en passant par l’univers des confréries, particulièrement les Gnaoua et les Issaoua. Et si musicalement, «Al Baraka» s’annonce comme une synthèse du patrimoine musical marocain, les paroles des chansons et les thèmes qu’elles abordent confirment l’esprit fondateur du groupe : la contestation.

Dans cet album, il s’agira des affres de la vie moderne, les inégalités, la corruption qui sévit partout, mais aussi les rouages de l’imaginaire collectif. Voici de quoi donner au public une pause pourréfléchir à son quotidien et aux grandes questions de l’heure. Mais, malgré l’esprit engagé qui hante les paroles des chansons, l’album donne le ton très rapidement à des moments festifs et de partage. Et au passage, le groupe remercie à sa manière la population amazighe du pays pour l’avoir accompagné dans son aventure dès les années 70. Pour cela, Nass El Ghiwane lui dédient une chanson en tamazight. Il s’agit de «Tidiklt» qui signifie la paume de la main. C’est aussi une façon de dire la richesse, l’ouverture d’esprit et la profondeur d’un Maroc «uni comme les doigts de la main», comme préfère à le répéter Omar Sayed, le capitaine du navire Ghiwane, bien servi par ses membres actuels, tous issus du mouvement. Croisons les bras, cet été, dans l’attente de découvrir les dix tubes de ce dernier opus. Et d’un groupe de Nass El Ghiwane plus contemporain que jamais.

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