07 Mars 2013 À 21:53
Ses écrits font référence partout dans le monde. Son dernier ouvrage sur «Saqiya El Hamra, berceau de la culture ouest-saharienne» est «une magistrale rétrospective qui vient en couronnement d’une longue et fructueuse carrière de recherche», notent les professeurs Hassan Hafidi Alaoui et Mohammed An-Naciri, qui ont préfacé l’ouvrage.
Au début, étaient les écrits des géographes et des voyageurs arabo-musulmans qui ont produit les premiers témoignages sur le Sahara atlantique. Il faudra attendre, nous disent Hafidi Alaoui et Mohammed An-Naciri, le livre de l’explorateur Ibn Hawqal, «Sourate El Ard», paru en 366 de l’ère de l’hégire pour que les connaissances sur le Sahara deviennent plus substantielles. Dans la remarquable et passionnante préface de l’ouvrage consacré à la «Saqiya Al Hamra», ces deux professeurs de renom, l’un historien (Hafidi Aloui) et l’autre géographe (Mohammed An-Naciri), nous conduisent dans un long voyage à travers le temps et l’espace pour égrener les différents auteurs d’écrits parus sur le Sahara : Abu Obeid El Bakri, Acharif El Idrissi, Yaqut Al Hamawi, Mohammed Ibn Mohammed Ibn Ali El Hihi Al Abdari, Mhammed Ibn Brahim Ben Ali, Mohamed Ibn Abdellah Ibn Mohamed Al Louati, le célèbre Ibn Battouta, Hassan El Wazzan, dit Léon l’Africain…
Au XIXe siècle, ce sont les Européens qui prennent le relais : René Caillé, Leopold Panet, Camille Douls qui, en 1889, parcourt le Sahara et visite la zaouïa de Ckeikh Ma El Aïnine. Les rapports des officiers complètent cette connaissance qui sera ensuite portée par de grands noms : Theodore Monod, l’un des grands spécialistes du désert, Raymond Mauny, son conseiller, Jean Devisse, Xavier Coppolani, Vincent Monteil, Paul Marty, Fréderic de La Chappelle... Le début du XXe siècle est marqué par une mutation dans la connaissance du Sahara avec la prévalence de l’anthropologie sur l’ethnologie, portée par Julio Caro Baroja et Odette du Puigaudeau, qui ont fait du désert un objet de passion. Dans un tout autre genre, rappelons aussi le travail titanesque d’une autre femme originaire d’Ait Attab, province d’Azila, en l’occurrence celui de la directrice des Archives Royales, Bahija Simou, titulaire d’un doctorat de l’Université de la Sorbonne de Paris, qui a publié récemment «Le Sahara marocain à travers les Archives Royales».
Pierre Bonte, «l’une des figures les plus emblématiques de cette avancée en matière d’études sahariennes», est directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale au Collège de France. Ses écrits font référence et s’étalent de 1970 à 2012. Son ouvrage sur Saqiya El Hamra est «une magistrale rétrospective qui vient en couronnement d’une longue et fructueuse carrière de recherche», notent les préfaciers, MM. Alaoui et An-Naciri. Gageons qu’après avoir consacré sa vie à sillonner le monde des Touaregs et des Sahraouis, Pierre Bonte continuera à partager ce capital immatériel accumulé tout au long de ses voyages et de ses observations sur la société saharienne et sahélienne, sur ce désert qui, écrit-il, «si inhospitalier puisse-t-il parfois se révéler, n’est pas si vide des hommes et de leurs activités séculaires. Ce sont celles-ci, conclut-il dans cet avant-propos, que l’on se propose d’illustrer tout au long d’une histoire largement millénaire, témoignant d’une société et d’une culture saharienne originale».