11 Avril 2013 À 17:36
«Le deuil est une convalescence. Le repos de l’être absent devient notre propre repos. Il y a de la contagion dans la mort», a dit Robert Baillie.L’étymologie du mot deuil est «dolus», de «dolere», qui signifie «souffrir». Le deuil est aussi un processus de réajustement et d’adaptation suite à une perte qui se déclenche de manière naturelle et tend vers un nouvel équilibre psychique de la personne qui vit cette perte, de manière progressive, en traversant les étapes du deuil jusqu’à la phase de «la libération».
La réaction face aux enfants peut des fois être un obstacle au déclenchement du deuil, les erreurs les plus communes sont :1. Le mensonge : il faut éviter de dire à un enfant que la personne décédée est en voyage, ou dire qu’elle reviendra un jour, ou encore essayer de passer sous silence la perte. L’enfant est capable de ressentir les émotions, et comprendre que quelque chose est en train de se passer, cela ne fera que le perturber, le renvoyer vers des questionnements sans réponses, et il finira par se sentir trahi une fois la vérité découverte. Il perdra confiance et se sentira toujours menacé et angoissé par une éventuelle perte.2. La minimisation : un parent peut aussi essayer de minimiser «la perte» pour alléger son impact sur l’enfant. C’est inutile, puisque les émotions déclenchées doivent être exprimées, accueillies et traitées. Il se peut alors que l’enfant ressente de la honte face à ses émotions, ou qu’il en veuille au parent qui semble insoucieux et froid, comme ça peut déclencher chez lui un sentiment d’injustice et des crises de colère.3. L’armure : un parent peut éventuellement porter l’armure «courage» en se montrant maîtrisant de l’événement et de ses émotions face à l’enfant. N’oubliez pas que vous donnez l’exemple à vos enfants. Si vous ne vous autorisez pas votre chagrin et votre vulnérabilité, l’enfant essayera de faire la même chose, et son deuil (ainsi que le vôtre) sera plus long à résoudre. Un deuil est inévitable, il se déclenche de manière naturelle, que l’on veuille ou non, n’essayez pas d’éviter à votre enfant un deuil, c’est inutile, vous ne pouvez que le retarder tout au plus.
Voici maintenant les étapes d’un processus de deuil :1. Le déni : qui est un moyen de se protéger de ce qui se passe. C’est l’évitement, le refus d’intégration et la non-reconnaissance des faits, accompagnés parfois par une anesthésie des émotions.2. La colère : lorsque l’on se rend compte que l’on ne peut échapper aux faits, la colère doit trouver un moyen de s’exprimer sur quelqu’un, alors, les reproches fusent, la chasse aux coupables commence, même la culpabilité peut s’installer des fois. À ce moment-là, il est important de laisser cette colère s’exprimer, sans prendre les choses de manière personnelle ou essayer de justifier. Accueillir et consoler sans jugement est la réaction recommandée.
3. Le marchandage : la réalité étant trop dure à affronter, les personnes en deuil cherchent inconsciemment à trouver un compromis, à remplacer leur perte, à s’accrocher à un nouveau projet dans l’illusion de pouvoir nourrir un manque ou une absence par un palliatif.4. Le marasme : c’est la phase la plus dure du processus. C’est toute la tristesse et le déchirement, liés à l’affrontement de la perte. La personne en deuil constate que l’évitement n’est plus possible, et commence à toucher le fond. On peut penser à ce moment-là, que ramener l’endeuillé à sortir, à avoir des programmes, à poser des actions, peuvent lui changer les idées. Il n’en est rien, il faut simplement respecter le rythme de chacun et être disponible à ses demandes (parler, écrire, prier, se questionner…). À cette étape du processus, la personne est en très basse énergie, et toute tentative de la forcer à bouger peut l’enfoncer encore plus.5. La restructuration : c’est la phase de l’acceptation, la personne laisse tomber ses résistances, reconnaît la perte comme inévitable, et commence à exécuter ou à participer aux tâches liées au deuil. C’est un retour à la vie sociale, et aux activités courantes.
6. La libération : c’est à ce moment précis que la personne se détache peu à peu de son deuil, en ressortant avec une nouvelle philosophie de vie, une leçon de maturité, une découverte de son vrai potentiel et sa vraie force, une réorganisation de ses priorités, un nouveau sens à sa vie. Il arrive en famille que chacun vive son deuil à son rythme, et ceci peut impacter les relations de manière négative. Il est nécessaire alors de se rappeler que nous sommes tous différents, nos ressources, nos réactions, nos seuils de tolérance, nos points forts et points faibles aussi, et il n’y a aucun mal à cela. Se rappeler encore que la perte sera moins lourde à porter si l’on est solidaires et indulgents avec nous-mêmes et avec les autres. Une belle tradition chez nous est ce soutien social qui s’organise autour des familles en deuil et qui dure quarante jours. Les visiteurs joueront tour à tour les rôles nécessaires à chacun dans la famille endeuillée et de manière très naturelle. Chacun trouvera les réponses à ses besoins et l’accompagnement qu’il lui faut, parmi toutes ces expressions de sympathie, différentes les unes des autres.