Fête du Trône 2006

La renaissance de la synagogue Slat Al Fassiyine

Véritable sanctuaire du judaïsme fassi, la synagogue Slat Al Fassiyine a été restaurée et transformée en lieu de mémoire juive. Son inauguration, placée sous le Haut Patronage du Roi Mohamed VI, s’est déroulée en présence de Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, de Norbert Lammert, président du Parlement allemand (le Bundestag) et de nombreuses illustres personnalités du monde politique et diplomatique, ainsi que des représentants la communauté juive du Maroc. Il s’agit de la résurrection d’un monument qui traduit on ne peut mieux la tolérance et la coexistence qui a toujours prévalu entre musulmans et juifs marocains.

Serge Berdugo ambassadeur itinérant de S.M. le Roi et président du conseil d’administration de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain prononçant une allocution. Ph. MAP

13 Février 2013 À 21:03

Cet événement d’une grande portée symbolique a été marqué par le message adressé par S.M. le Roi Mohammed VI aux participants à la cérémonie inaugurale. Lu par le chef du gouvernement, le message royal traduit l’intérêt accordé par le Souverain à l’héritage culturel et spirituel de la communauté juive marocaine, partie intégrante du patrimoine marocain et témoin de la richesse et de la diversité de ses composantes. «La synagogue Slat Al Fassiyine est reconnue et classée monument historique d’intérêt universel par l’UNESCO et par le ministère de la Culture.

Elle a été délaissée pendant de longues années. Sa restauration aujourd’hui est le fruit de l’action concertée de la communauté israélite de Fès, de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain et de l’appui financier du gouvernement allemand», indique Dr Armand Guigui, président de la communauté israélite de Fès. Selon lui, la restauration de cet édifice revêt une importance capitale dans la mesure où elle a été faite dans le respect de la particularité des synagogues au Maroc où chacune a ses spécificités propres, liées soit aux familles qui les ont édifiées, soit aux quartiers où elles sont installées. «La synagogue Al Fassiyine représente au mieux le rite judéo-marocain, et fassi en particulier, où les officiants récitaient jadis, en plus des prières individuelles, le rite ancien des “Ahabat ha-qadmonim”, c’est-à-dire l’amour des anciens. Et c’est la raison pour laquelle cette restauration a été évidente pour le souvenir, aussi bien du point de vue mémoriel que du point de vue du cœur des Marocains juifs qui résident dans notre pays, ainsi que ceux de la diaspora qui vivent dans d’autres pays et représentant à peu près 1,3 million de personnes et qui sont des ambassadeurs de Sa Majesté aux quatre coins du monde», ajoute-t-il. Située au fond de l’impasse Tissa, ancien Derb Al Fassiyine, la synagogue, adossée à l’enceinte Mérinide, a vécu depuis sa fondation au XVIIe siècle des moments de grandeur, mais aussi de décadence.

Elle a été, en effet, désertée en tant que lieu de culte par ses fidèles au début des années 70, avant d’être utilisée ultérieurement comme atelier de fabrication de tapis, puis comme salle de sport. Mais malgré son état de délabrement, elle a conservé son aspect originel, chose qui a facilité en quelque sorte sa restauration et la préservation de son aspect initial. Sa réhabilitation architecturale, œuvre d’architectes, de restaurateurs et d’artisans «maalmins» marocains, a permis de donner à ce monument une nouvelle vie. La restauration de ce sanctuaire juif s’inscrit dans le cadre d’un programme de réhabilitation des quatre synagogues de Mellah Fès, classées monuments historiques par l’UNESCO et le ministère de la Culture. Il s’agit, outre la synagogue Slat Al Fassiyine, des synagogues Ibn Danan, Mansano et Imhabanin. Datant du 17e siècle, la synagogue Ibn Danan a été rénovée entre 1998 et 1999. C’est aujourd’hui un lieu de culte qui porte le nom d’un ancien rabbin et symbole du patrimoine judéo-marocain de la ville. Quant à la synagogue Mansano, elle a été édifiée au 17e siècle par les juifs andalous expulsés d’Espagne. Enfin, la synagogue Imhabanin (en arabe oum al-banine) a été bâtie au 20e siècle par des femmes. La restauration de ces quatre monuments a pour objectif, selon Dr Guigui, de les transformer en musées et en antres de la culture, sachant qu’il n’y a plus de juifs habitant aujourd’hui le Mellah.

Les Fassis de confession juive habitent la ville nouvelle et exercent leur culte au sein des trois synagogues qu’elle compte. La communauté juive est installée à Fès depuis plusieurs siècles où elle vit en parfaite symbiose avec les habitants musulmans. La tolérance et l’ouverture qui ont toujours prévalu au Royaume lui ont permis de s’intégrer parfaitement dans la vie des Marocains. Mais cette communauté, qui comptait à une certaine époque quelque 30 mille âmes, avec notamment une centaine de synagogues, ne compte que 150 juifs à Fès, selon Dr Armand Guigui. Mais les enfants qui sont partis poursuivre leurs études ou travailler ailleurs reviennent souvent rendre visite à leurs parents ou pour célébrer des fêtes ou des événements religieux.

Copyright Groupe le Matin © 2025