Spécial Marche verte

Le viol de mineurs prend de l’ampleur

Malgré les efforts déployés pour lutter contre la pédophilie, le nombre d’enfants violés ne cesse de croître de jour en jour.

Les viols de mineurs se multiplient et sont de plus en plus odieux.

02 Juillet 2013 À 15:40

Violer un enfant est un crime ignoble. Malheureusement, ce phénomène des agressions sexuelles sur les mineurs prend de l’ampleur dans notre société. Selon, les chiffres tirés d’une enquête nationale menée par «Touche pas à mon enfant», plus de 26 000 enfants violés chaque année dans le Royaume, soit 71 victimes de viol chaque jour. La dernière affaire en date, est le viol d’un garçon handicapé âgé de 14 ans à Chtouka Ait Baha par l’imam d’une mosquée. Ce dernier a continué à abuser sexuellement de l’enfant durant 3 mois avant que son crime ne soit découvert. Pire encore, pas plus loin que la semaine dernière, un couple a été emprisonné au pénitencier de Salé pour viol de mineur.

Cette fois, c’est la mère d’une fillette âgée de 10 ans qui avait elle-même offert son enfant à son compagnon pour la violer. Le crime aurait été répété plusieurs fois, provocant chez la petite fille des déchirures et des infections graves au niveau de ses parties intimes. Le crime aurait été révélé, après qu’un proche parent de la fillette a remarqué chez la petite fille, une faiblesse et une difficulté pour marcher. En l’interrogeant, il fut interloqué d’apprendre, que la mère donnait sa fillette à son compagnon pour que ce dernier puisse la violer. Autre endroit, autre histoire. À Kénitra, un trentenaire a été condamné à dix ans de prison le 19 juin dernier après avoir attiré un écolier de 10 ans dans un lieu fermé d’un quartier populaire pour le frapper et le violer par la suite. Les étrangers ne sont pas du reste. Un ressortissant britannique qui aurait un casier judiciaire lourd d’antécédents de pédophilie dans son pays et en Espagne, a été dernièrement présenté devant un procureur qui l’a écroué à la prison civile de Tétouan sous l’accusation de double tentative d’enlèvement d’une fillette de 6 ans et de viol. De même, un pédophile anglais a récemment été arrêté dans sa maison, située dans l’ancienne médina de Marrakech, en flagrant délit de sexe avec un jeune garçon marocain âgé d’à peine 14 ans. Début mai, un journaliste français de 60 ans a été condamné à 12 ans de prison ferme par la Cour d’appel de Casablanca pour avoir exploité sexuellement des enfants. Un pédophile écossais arrêté en mars dernier par la police à Tanger après avoir abusé sexuellement d’un jeune vagabond de 13 ans a été condamné, lui, à deux ans de prison.

Les viols de mineurs se multiplient et sont de plus en plus odieux. Malheureusement, les tabous ne sont pas complètement brisés et les Marocains n’osent toujours pas parler librement de ce sujet très délicat. «Le rôle des médias est incontournable dans la vulgarisation du phénomène. Toutefois, en ce qui concerne l’association “Touche pas à mon enfant”, nous avons noté une recrudescence des cas de viol de mineurs en 2012», souligne Najat Anwar, présidente de l’association «Touche pas à mon enfant». Et d’ajouter «Certes, la problématique du tabou en cas de viol de mineur persiste toujours. Beaucoup de victimes renoncent à porter leur affaire devant la justice, par crainte du qu’en-dira-t-on. Et nous pensons que notre rôle est de convaincre la victime et sa famille de passer outre cet état de fait, car un violeur de mineur qui bénéficie de l’impunité est un violeur récidiviste potentiel».

D’après N. Anwar, il existe plusieurs facteurs qui favorisent la recrudescence des cas de viols de mineurs, à savoir la précarité sociale, la promiscuité, le manque flagrant d’informations, l’absence d’une éducation sexuelle instaurée au sein des écoles pour les enfants, dés le primaire, l’absence de communication parents-enfants (tabou social)…Par ailleurs, la militante associative appelle à élargir les prérogatives de la société civile et à instaurer un débat national relatif à la réforme du Code pénal marocain dans la partie concernant le viol, l’abus, l’agression et l’exploitation sexuels de l’enfant mineur. Toutefois, ce souhait ne peut être réalisé qu’après la création du Conseil de la famille et de l’enfance pour plancher sur ce genre de problématique. En outre, la prévention reste très importante. La lutte contre ce fléau peut prendre des formes plus pédagogiques. Les ministères de l’Éducation nationale, de la Justice, de la Famille et de la solidarité doivent repenser leurs méthodes et proposer des outils pédagogiques pour sensibiliser, sans heurter, nos enfants aux violences sexuelles auxquelles il pourrait leur arriver d’être soumis. 

Copyright Groupe le Matin © 2025