22 Mai 2013 À 18:03
La question du Sahara risque d’être ramenée sur la table des discussions de l’Union africaine, à l’occasion du 21e Sommet d’Addis Abeba. L’information a été annoncée par S.E.M Abdu Razzaq Guy Kambogo, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, haut-représentant de la République gabonaise à Rabat. Fraîchement nommé à ce poste, le diplomate gabonais s’est réuni avec la presse, mardi dernier au siège de l’ambassade, pour se prononcer sur cette question. D’après lui, cette initiative a été prise sous hautes instructions «strictes et expresses» de M. Ali Bongo Ondimba, président de la République gabonaise. L’objectif est de mettre en exergue la position du Gabon quant à cette volonté d’inscrire la question du Sahara à l’ordre du jour du 21e Sommet de l’Union africaine.
L’ambassadeur gabonais a été on ne peut plus clair en qualifiant cette volonté de «surprenante et déplorable». «Aujourd’hui, il est déconcertant et inconvenant de ramener la question du Sahara sur la table des discussions au sein de l’Union africaine, au moment où tout le monde s’attend à appuyer les efforts du Conseil de sécurité de l’ONU pour aller vers la solution pacifiée proposée par le Maroc», pour reprendre son expression. Sur un ton ferme, le diplomate a bien précisé que le Gabon refuse de cautionner cette démarche, au vu des conséquences «inévitables» qu’elle pourrait générer. D’après lui, «cette initiative risque soit de durcir les positions qui se ramollissent, soit de contribuer aux divisions qui ont éloigné les pays africains». D’autant plus que le Gabon est contre toute initiative ayant pour but de «faire prévaloir les positions individuelles, voire égoïstes». Dans cet ordre d’idées, Abdu Razzaq Guy Kambogo a réaffirmé le soutien de son pays à l’initiative marocaine d’autonomie basée sur une solution négociée et pacifique. «Le Gabon à l’instar d’autres alliés et amis du Maroc, épris de paix et de développement harmonieux, réitère son indéfectible soutien au Maroc dans la question du Sahara», a-t-il souligné.
Il convient ainsi de rappeler que la position du Gabon a toujours été immuable vis-à-vis de ce dossier. Et ce depuis la Marche verte initiée en 1976 par feu Sa Majesté Hassan II. En somme, le Gabon a toujours été pour un règlement via les voies onusiennes pour parvenir à une solution pacifiée garantissant l’intégrité du Maroc, surtout que «les instances onusiennes qui se sont saisies de la question du Sahara restent bien au-dessus de la commission de l’Union africaine», a dit l’ambassadeur. Pour ce dernier, «ramener cette question au cœur des débats de l’Union africaine revient à faire la danse de la crevette, c’est-à-dire, un pas en avant et plusieurs en arrière». Une démarche qui reste dans tout les cas rétrograde, notamment vis-à-vis de la volonté du Maroc d’asseoir une coopération avec plusieurs pays africains et surtout que nombreux pays africains se sont ralliés, aujourd’hui, à la cause marocaine dans ce dossier.
Dans cette optique, le diplomate gabonais a mis l’accent sur les démarches ayant été entreprises dans le cadre de l’Organisation de l’Unité africaine et qui se sont révélées toutes infructueuses. Et dont la conséquence majeure était le retrait du Maroc, suite à la reconnaissance de la «rasd» par l’OUA. Ce faisant, l’ambassadeur a appelé l’Afrique à se pencher, plutôt, sur ses préoccupations «plus urgentes», telles que la santé, l’éducation et l’autosuffisance alimentaire ainsi que la recherche d’une paix pérenne. Et de laisser la question du Sahara à l’ONU. Dans cet élan d’idées, l’ambassadeur a déclaré que le président du Gabon aime dire «laissez-nous avancer» à ceux qui veulent rester dans les anciens schémas et ceux qui, peut-être, sont effrayés du retour du Maroc au sein de la grande famille africaine.