13 Février 2013 À 20:00
«Cette inauguration est porteuse d’un message de paix et de tolérance», a dit M. Berdugo, lors de la cérémonie d’inauguration de ce haut lieu de culte juif. «Slat Al Fassiyine nous donne une belle leçon. Elle était le passé qui risquait de disparaître, son projet de restauration préparait l’avenir, cet avenir c’est déjà le présent», a résumé M. Berdugo, ajoutant que «le judaïsme marocain c’est le présent, c’est la communauté matricielle, consciente de son passé et pleine de vitalité et de projets d’avenir». Cette communauté, a-t-il poursuivi, «est partie intégrante de la réalité marocaine, avec la pleine jouissance de ses droits civiques et de sa liberté de culte et la pleine conscience de ses responsabilités». «C’est une communauté qui a su traverser les aléas de l’histoire, garder les contacts avec ceux qui sont partis et qui ont préservé des liens si profonds avec la terre natale», a noté le président du conseil d’administration de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain. Pour M. Berdugo, «sauvegarder les traces du passé, c’est s’ouvrir sur l’avenir, transmettre l’héritage, le faire connaître. Il témoigne de l’exemplarité et de la richesse du Maroc et du judaïsme marocain. C’est notre contribution au patrimoine universel, et l’UNESCO l’a reconnu». Il ajoute que «l’avenir commence par la conscience et la capacité de se projeter, la volonté et la conviction le préparent, c’est par des actions qu’il advient dans le présent».
De son côté, Jacques Toledano, président exécutif de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain et du musée du judaïsme marocain, a affirmé que toutes les institutions juives du Maroc sont «honorées» et «fières» que cette cérémonie soit placée sous le Haut Patronage du Souverain. Rendant hommage à feu Simon Levy, ancien secrétaire général de la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, M.Tolédano a souligné que «les Marocains, toutes confessions confondues, peuvent être fiers de ce patrimoine national et reconnaissants à Simon Levy, cet homme de conviction qui a toujours milité pour la pluralité dans notre pays». Car, a-t-il dit, cette restauration n’aurait jamais vu le jour sans lui et sans la contribution majeure de la République fédérale d’Allemagne. Se réjouissant de l’aboutissement de cette restauration, Armand Guigui, président de la communauté juive de Fès, a rappelé, pour sa part, que la synagogue Slat El Fassiyine, datant du 17e siècle, est reconnue comme monument historique de la médina de Fès, classée patrimoine mondial de l’UNESCO. Slat El Fassiyine représente au mieux le rite juif marocain en général et fassi en particulier, a-t-il indiqué, notant que dans cette synagogue, le rite était encore beaucoup plus spécifique, à telle enseigne que ses officiants ont créé un livre particulier intitulé «Ahabat Ha-Qadmonin» ou «Amour des Anciens» qui venait en complément ou avenant aux prières classiques.
Située dans le célèbre quartier Al Mellah, la synagogue est adossée à l’enceinte mérinide, dont elle occupe une des tours. Après le 17e siècle, elle a été utilisée comme atelier de fabrication de tapis, puis comme salle de sport. En dépit de ces différents usages et de son ancien état très dégradé, la synagogue a conservé son aspect original.Depuis le milieu des années 90, la Fondation du patrimoine culturel judéo-marocain, dirigée par feu Simon Levy, a réussi à mobiliser plusieurs partenaires et donateurs pour lancer les travaux de restauration de ce lieu de prière juif, considéré comme la doyenne des synagogues de Fès. La synagogue jouait en effet un rôle considérable dans la vie spirituelle de la communauté juive de Fès, qui comptait près de 30 000 personnes.