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Le feu du flamenco avec Mercedes Ruiz

● Mercedes Ruiz, la nouvelle reine du flamenco, a enflammé la scène de la Villa des arts de Casablanca, jeudi dernier, le temps d’un concert de musique aux allures de voyage.
● Ce spectacle, intitulé «Baile de palabra», s’inscrit dans le cadre du Festival Printemps culturel andalou de Casablanca organisé par l’Institut Cervantès de la métropole.

Frénétique, passionnée, intense, c’est tout Mercedes Ruiz dans son spectacle de flamenco.

17 Juin 2013 À 16:05

Silhouette vivace, port orgueilleux, battements de main, une séance de claquettes de pieds avec ses chaussures ferrées, sur fond d’une belle musique ancrée dans la tradition paysanne de l’Andalousie nommée flamenca. Cette furie, c’est elle : Mercedes Ruiz. D’abord, un grand moment quand la belle andalouse arrive sur scène, munie de deux membres de sa Compagnie de Flamenco. Le premier c’est Santiago Lara, guitariste chevronné adepte du tapping et du flamenco. Le deuxième c’est David Carpio, un des chanteurs les plus connus du genre. Et les deux se mettent au service de la danseuse prodige, le temps d’un spectacle qui a le goût du fantastique. Même respectueuse de la tradition flamenca, la star de Xerez arrive cependant à planter avec subtilité d’audacieuses banderilles de modernité. Loin du style usé des dynasties d’artistes gitans, le spectacle de Mercedes Ruiz et ses deux complices s’est voulu un heureux mariage entre tradition et modernité.

Des chants des paysans à la rénovation du genre, en passant par la culture de la taverne, l’ambiance des fêtes populaires andalouses, «Baile de palabra» a été simplement une réussite et un voyage décoiffant au cœur de l’esprit flamenco, mais aussi de la tradition flamenca. Sur scène, cela ne se résume pas à un simple exercice de style. Loin de là. Les palmas, les zapateados qui signifient battements de mains et de pieds, le chant de gorge de David Carpio, Mercedes Ruiz, à travers sa prestation scénique, généreuse et bien travaillée, a prouvé au public marocain qu’elle a tout d’une reine du genre. D’un fouet dans l’air, elle enchaîne ses solos de danse flamenca alliant souplesse, énergie, souffle, mais aussi une personnalité exceptionnelle. «Mercedes Ruiz a montré aujourd’hui sa capacité à marier tradition et rénovation. Ce qui lui vaut le statut de la nouvelle reine du flamenco. Elle respire le flamenco qui demeure sa passion éternelle depuis l’âge de six ans», explique Laura Gutiérrez Tejón, directrice culturelle à l’Institut Cervantès de Casablanca. Elle a foudroyé, elle a mis le feu et elle a poudroyé.

Le son claque en rafales de gifles mortelles, ponctuées d’instructions sèches. Et le public est complètement ensorcelé et applaudit à chaque pause solo, à chaque retour sur scène de l’artiste après qu’elle a essayé trois robes de couleurs Flamenco d’usage : le rouge, le noir et le blanc. Et des milliers de vibrations vrillent les têtes. Et si les critiques la comparent souvent à la frénétique Carmen Amaya, Mercedes Ruiz a encore prouvé, pour son premier concert marocain, qu’elle a aussi tout d’une danseuse de force et qu’elle est sans conteste le futur de la danse flamenca. «Je suis très contente. Le public a apprécié mon show, même si Casablanca n’est pas vraiment une ville où le flamenco est très répandu. Cela me donne envie d’y retourner très prochainement et pourquoi pas entamer une tournée dans toutes les vielles du pays», se félicite Mercedes Ruiz à qui le public du Printemps culturel andalou de Casablanca lui a réservé une standing-ovation, pleine d’émotions et amplement méritée. Vivement le prochain spectacle marocain de cette beauté flamenca andalouse.

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