16 Avril 2013 À 17:26
Le public fassi a eu rendez-vous le lundi 15 avril avec une soirée de samaâ de la tariqa qadiriya boutchichiya qui a enchanté l’assistance du somptueux musée Batha, avec une prestation sublime, mêlant invocation divine («dikr»), poésie mystique et prières chantées a capella. Après une psalmodie coranique et une invocation collective de la formule «La Ilaha Illa Allah», qui est un des fondements de la tariqa qadiriya boutchichiya, le public a été gratifié d’une expérience acoustique et thérapeutique unique au cours de laquelle l’émotion saisissant le corps reflète la profondeur de la conscience et la tranquillité de l’esprit amène directement vers la purification de l’âme.
Les jeunes membres de la tariqa qadiriya boutchichiya ont donné, lors de cette soirée, au samaâ ses formes les plus majestueuses en l’associant aux thèmes de l’ivresse spirituelle, de la nostalgie et de la grandeur du créateur. Leurs chants soufis véhiculent et communiquent à ceux qui les écoutent des significations subtiles et une aspiration spirituelle qui orientent les esprits vers la source divine. Ils suscitent, chez celui qui se trouve en état d’ouverture et de réceptivité spirituelle, des états de joie ou de tristesse, de contentement ou de chagrin, voire une forte sensation de chaleur ou encore une douce brûlure intérieure qui correspond à ce que les soufis nomment l’émotion extatique. L’audition mystique agit dans ce cas comme un remède pour les âmes et une nourriture pour les cœurs.
Ces états intérieurs sont les effets de l’ivresse spirituelle qui se traduit par une sensation de submersion et un oubli de soi-même dont l’aboutissement est l’extinction dans la présence divine. Le public a été ainsi entraîné dans une sorte de méditation, qui représente, selon Faouzi Skali, le président du Festival, «le moyen le plus puissant qui existe dans les différentes formes des exercices spirituels dans le soufisme».
Continuant sa quête de l’excellence dans l’adoration de Dieu et de la transmission des valeurs soufies, la tariqa qadiriya boutchichiya a une histoire qui date de plusieurs siècles. La Confrérie Qadiriya remonte à Abd al Qadir al-Jilani (1083-1166), mais n’a connu son plein essor que par l’action de ses descendants, quelques décennies plus tard. La branche boutchichiya de cette confrérie est née au milieu du 18e siècle, avec Sidi Ali al Qadiri, qui fut le premier à porter le nom de «Boutchich», devenant l’ancêtre éponyme de la confrérie dans le nord-est du Maroc. C’est là que se situe la maison-mère, près de Berkane, à Madagh.
Hamza al Qâdiri al Boutchichi est l’actuel guide spirituel de la Confrérie qadiriya boutchichiya. Il est désigné par ses disciples comme un héritier du «secret initiatique» (sirr) et le «pôle spirituel» (qotb) de son temps. La tariqa qadiriya boutchichiya est actuellement en pleine expansion dans le monde. Le nombre de fidèles présents chaque année au «Maouloud» à Madagh est estimé à 100 000, venus principalement du Maroc, mais aussi du monde entier. Les disciples sont en expansion numérique et géographique. Il existe des disciples en France, en Angleterre et en Roumanie, et même en Amérique et en Asie.