Spécial Marche verte

80 000 filles de moins de 15 ans exploitées comme petites bonnes

À l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, qui a eu lieu la semaine dernière, le Collectif associatif pour «l’éradication de l’exploitation des filles mineures dans le travail domestique» a lutté contre le travail des enfants. Zoom sur cette semaine d’action.

19 Juin 2013 À 14:56

Quelque 80 000 filles de moins de 15 ans seraient exploitées comme petites bonnes au Maroc. L’affirmation est de Omar El Kindi, président de l’Institut national de solidarité avec les femmes en détresses (INSAF), qui indique que 40% d’entre elles auraient 12 ans ou moins. Par ailleurs, une récente étude du Collectif associatif dont fait partie l’association INSAF, a conclu que 60% des familles employeuses sont au courant de l’illégalité découlant du travail des enfants. D’après le président de cette association, «le travail des petites bonnes résulte des programmes socio-économiques qui ont failli». Ainsi, selon le président de l’INSAF, «cette pratique sociale construite sur l’ignorance est inacceptable. De plus, nous somme face à l’échec des politiques publiques à éradiquer ce phénomène alors que dans le même temps, des associations ont entrepris des programmes de retrait des petites bonnes et leur réinsertion dans leur famille et à l’école», révèle-t-il. Avant d’ajouter que ces organismes «ont apporté de ce fait la preuve que la réduction de cette pratique, voire son éradication, est possible».

Pour sensibiliser sur ce phénomène, le Collectif a appelé l’opinion publique à faire de la lutte contre le travail des petites bonnes, un devoir citoyen. L’organisme associatif demande même au gouvernement et aux instances élues de prendre en compte leurs revendications. On en distingue 6 :1. Adopter une loi spécifique qui sanctionne l’emploi des filles mineures dans le travail domestique.2. Définir le rôle de l’État, les modalités et les moyens de son exercice dans la protection des filles susceptibles d’être victimes du travail domestique.3. Définir le rôle des différents organes de l’État dans la réparation des effets de l’exploitation dans le travail domestique : protection, accompagnement et réinsertion des «petites bonnes» retirées du travail 4. Définir le rôle des acteurs associatifs et le mode de leur intervention dans le processus de prévention contre l’exploitation des «petites bonnes» et dans la protection, l’accompagnement et la réinsertion des filles retirées du travail.

5. Préciser les sanctions, les modalités et les moyens de leur exécution vis-à-vis de tous les acteurs liés à la problématique des «petites bonnes», chacun suivant leur niveau d’implication.6. Harmoniser et coordonner les politiques publiques d’éradication du travail des «petites bonnes», à l’échelle nationale et locale, pour optimiser les programmes et constituer un système de veille efficace.DéscolarisationPour ce qui est de l’enseignement, Omar El Kindi constate que «les filles mineures, à l’instar d’autres groupes d’enfants marocains, continuent à souffrir de l’exploitation irrespectueuse et profondément scandaleuse dans le travail domestique». Cela empêcherait donc les jeunes filles à aller à l’école. De ce fait, si on se tient aux résultats de leur récente étude : 50% des petites bonnes sont en abandon scolaire et 30% n’ont jamais été scolarisées. De son côté, l’UNICEF Maroc soutient ce point de vue. Même si l’organisme souligne le fait que le Royaume «a fourni des efforts considérables pour améliorer la qualité de l’éducation ; et malgré des avancées remarquables en matière d’accès à l’éducation et à l’amélioration de sa qualité, d’innombrables défis persistent». Avant d’ajouter : «Le plus important à relever parmi eux est le taux très faible de préscolarisation : En effet, lors de l’année scolaire 2011-2012, le taux de préscolarisation des filles au milieu rural ne dépasse pas 22,3%». D’autre part, selon les dires de cet organisme, la qualité de l’éducation laisse à désirer vu les taux d’abandon scolaire qui atteignent 8% en 6e primaire et 15,8% en 3e collège.

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