10 Décembre 2013 À 17:50
En général, une douleur abdominale sévère nous fait penser directement à une appendicite. Cette affection est très fréquente et peut survenir à tous les âges. Cependant, les cas d'appendicite les plus fréquents se situent dans la tranche de 10 à 30 ans. À cet âge-là, le pic de fréquence est plus élevé. «J'ai été opéré pour une appendicite, il y a deux ans. Au début, je ne ressentais pas trop de douleurs, j'avais juste mal au ventre, mais comme je passais mon examen de baccalauréat le lendemain, ma mère m'a dit que c'était le stress... Jusqu'à ce que le soir de l'examen le mal de ventre continue et s'accentue et que là on se pose des questions. Quand je suis allée voir le médecin après les examens, il a rapidement compris que c’est l'appendicite.
Il m'a dit que je devais subir une opération chirurgicale pour guérir définitivement et m’a rassurée en me disant que c'était une opération facile. Et effectivement grâce à l’anesthésie générale, je n’ai rien senti. Mais à cause de ça, j'ai dû décaler mon départ en vacances et pas de baignade pendant 15 jours... En plein été, ce n'est pas top !» confie Lamiâa, 20 ans. L’appendicite, une inflammation soudaine ou un gonflement de l'appendice. Celui-ci est une structure en forme de tube qui part de l'endroit où le gros intestin (le côlon) commence. Il est de la taille d'un crayon et est généralement long d'environ 10 cm. Pendant de nombreuses années, les scientifiques n'étaient pas certains de la fonction de l'appendice dans l'organisme. Nous savons maintenant qu'il contribue à la fabrication des immunoglobulines, substances qui font partie du système immunitaire. Les immunoglobulines sont fabriquées dans de nombreuses parties du corps. Ainsi, l'ablation de l'appendice ne semble pas engendrer de problèmes du système immunitaire.
«Les signes précoces peuvent être une douleur sourde au niveau de la fosse iliaque droite qui se transforme en une douleur vive avec une perte d'appétit accompagnée d'une fièvre de 37 à 39 degrés et des nausées et des vomissements. La palpation de la fosse iliaque droite provoque une sensibilité. Ce tableau clinique est courant chez les adolescents et les jeunes adultes. Aux âges extrêmes, la douleur est moins localisée. Lors d'une appendicite plus avancée, on constate un ballonnement et une rigidité de l'abdomen avec douleur du côté droit produite par une pression sur le côté gauche. Ces signes traduisent la propagation de l'inflammation à la cavité abdominale.
Diagnostic et traitement
À ce stade, elle est appelée péritonite. Celle-ci peut être fatale, un médecin doit être consulté immédiatement», explique Dr Redouane Achraf, chirurgien général. Et de poursuivre : «Dans 20 à 30% des cas, l'appendicite a une présentation clinique atypique. Elle peut se présenter selon la symptomatologie sous différentes formes. Des formes frustes pouvant évoquer le tableau d'une gastrite en particulier chez le jeune avec des douleurs gastriques et des vomissements. Mais aussi sous des formes évolutives comme le plastron appendiculaire qui se caractérise par un état infectieux persistant associé à la présence d'une masse mal limitée dans la fosse iliaque droite avec des troubles de transit ou comme l'abcès ou la péritonite généralisée. Par ailleurs, l'appendicite se manifeste sous différents aspects selon la topographie et aussi selon le terrain en particulier chez la femme enceinte ou chez le sujet âgé».
L'appendicite est généralement diagnostiquée lors d'un examen clinique, par un médecin. Ce dernier effectuera un certain nombre de tests qui pourront également donner des informations sur l'étendue et la localisation de l'inflammation. Après un examen physique, une analyse de sang peut être effectuée pour rechercher une infection. Le médecin peut aussi prélever un échantillon d'urine pour éliminer l'hypothèse d'une infection de l'appareil urinaire, les symptômes d'une telle infection pouvant être similaires à ceux de l'appendicite. En outre, l'intervention chirurgicale est le traitement le plus efficace des appendicites aiguës. On enlève souvent l'appendice (appendicectomie) dans les heures qui suivent le diagnostic. Il s’agit d'une intervention chirurgicale assez simple même si l'appendice est déjà rompu. Certains chirurgiens effectuent une forme moins invasive d'appendicectomie, appelée appendicectomie laparoscopique, par laquelle l'appendice est retiré par l'entremise d'un petit tube, ce qui laisse une très petite cicatrice. Selon le type d'intervention, certaines personnes peuvent quitter leur lit le jour même de l'opération. Dans la plupart des cas, l'incision chirurgicale guérit en l'espace de quelques jours ou d'une semaine.
«L’antibiothérapie ne semble pas encore près de remplacer la chirurgie»
Quelles sont les causes de l'appendicite ?L'appendice est une structure en forme de poche d'une dizaine de centimètres située au bout du colon au niveau de la région où l'intestin grêle rejoint le gros intestin. Sa fonction exacte n'est pas connue, mais elle joue un rôle dans le système immunitaire du corps humain. L'appendicite est due à une pullulation bactérienne dans le cul-de-sac que constitue l'appendice. Les germes en cause sont les germes présents dans le côlon. Des facteurs favorisants ont été évoqués comme les régimes trop riches en viandes et la présence de parasitoses.
Est-ce que le recours aux antibiotiques peut parfois être suffisant ?Des études récentes révèlent que les antibiotiques peuvent être un recours efficace pour éviter l'acte chirurgical, dès lors qu'il n'y a pas de complications.Depuis une dizaine d’années, avec les progrès de l'imagerie médicale et en particulier du scanner, le diagnostic est plus fiable. Du coup, le nombre d'appendicectomies a diminué.Côté antibiotiques, les choses ont bougé : on connait aujourd'hui l'efficacité des céphalosporines de troisième génération. L'antibiothérapie est une vraie révolution qui permettrait d'éviter systématiquement à l'acte chirurgical. Si on ne décèle pas de complications au diagnostic, il n'y a aucune raison de ne pas passer aux antibiotiques, avec une seule réserve : on manque encore de recul s'agissant des possibilités de récidives.Même si la chirurgie est toujours la règle, on comprend bien que la question posée de l'intérêt d'opérer une appendicite diagnostiquée soit pertinente. Un diagnostic plus précis où une meilleure antibiothérapie pourrait permettre, un jour, une prise en charge d'aussi bonne qualité sans risque opératoire. Nous savons aujourd'hui traiter l'appendicite avec des antibiotiques, mais nous prenons un risque, car nous ne savons pas chez quels patients le traitement va être un succès ou non. Donc l'antibiothérapie ne semble pas encore près de remplacer la chirurgie.
Quand est-ce que la chirurgie devient une urgence ?Devant une douleur vive à droite de l'abdomen accompagnée de vomissements et d'une fièvre entre 37,5 et 39 degrés. Cette douleur peut souvent irradier dans le haut de la cuisse. À ce stade, la consultation médicale s'impose et le médecin va mettre en évidence une douleur à un point précis et qui devient insupportable. L'urgence en cas de symptômes de l'appendicite prononcés est la péritonite qui doit être opérée de toute urgence. La personne est prise de violentes douleurs, elle vomit constamment, la fièvre est élevée pouvant atteindre 40 degrés et l'état général se dégrade. Le traitement chirurgical est réalisé dans les plus brefs délais, car la péritonite est une urgence médicale qui peut être la cause de décès si elle n'est pas prise en charge très rapidement.
Quels sont les meilleurs moyens de prévention de l'appendicite ?Il n'existe pas de moyens de prévenir l'appendicite, car le mécanisme qui provoque cette pathologie est naturel. Toutefois, une alimentation saine et variée avec un apport suffisant en fibres favorise un bon transit intestinal ce qui pourrait réduire les risques d'infection au niveau de l'appendice.