19 Novembre 2013 À 17:58
Avec Ouezzane et El Gharb, El Hajeb est l’une des 3 zones de tabaculture au Maroc. 1 150 agriculteurs pratiquent cette culture au niveau de cette province, une source de revenu stable et garanti, ce qui n’est pas le cas pour d’autres cultures comme les pommes de terre ou l’oignon. «La tabaculture représente pour nous une garantie par rapport aux autres cultures parce qu’elle est la seule qui nous permette d’écouler toute notre production grâce au contrat qui nous lie avec la Société marocaine des tabacs (SMT), ex-Régie des tabacs. Cette dernière constitue, en effet, l’unique débouché pour la tabaculture marocaine, achetant l’intégralité de la récolte de tabac local. Avec un prix de vente moyen de 17,5 DH/kg, cette filière est très rentable, puisqu’elle nous rapporte entre 40 000 DH et 60 000 DH par hectare», précise Hamid Sifri, planteur de tabac à El Hajeb. Et d’ajouter : «la SMT veille à la qualité du tabac en mettant à notre disposition des matières premières (semences, engrais…) et des pesticides et en nous prodiguant l’assistance technique sur les bonnes pratiques culturales. Nous avons également accès, grâce à la SMT, à des crédits saisonniers qui nous permettent d’acquérir des équipements et de financer les différentes étapes du cycle de production».
Les 2 seules variétés de tabac cultivées au Maroc sont le Burley et l’Orient. Alors que l’Orient est cultivé à Ouezzane et El Gharb, le Burley est cultivé à El Hajeb. Cette variété, utilisée dans les mélanges de tabacs pour cigarettes, se caractérise par un faible pourcentage en sucres et par un rapport sucres/azote très bas (haute teneur en nicotine). Une partie des feuilles les plus lourdes est utilisée dans les mélanges de tabac à pipe et pour le tabac à mâcher. L’Orient et le Burley font partie des tabacs blonds qui ont remplacé les tabacs bruns à partir de 2006, suite à la chute conséquente de la vente des cigarettes brunes.Pour ce qui est du processus de culture du tabac, il est le même pour les différentes variétés de tabac, explique Houcine Noufiri, responsable tabaculture à la SMT. «Au tout début du processus, au mois de mars, les graines de tabac sont semées dans des semis spécialement conçus pour cette culture. En parallèle, les cultivateurs préparent la terre de leurs champs avec soin. Après deux mois en semis, les graines sont devenues des plants d'environ 15 à 20 cm de hauteur, prêts à être transplantés dans les champs. Les plantes poussent en pleine terre pendant deux à trois mois supplémentaires. Tout au long de la période de pousse, les plantes sont cultivées selon des techniques qui optimisent le rendement et la qualité. Le terrain est régulièrement entretenu et les plantes sont protégées contre les parasites et les autres maladies», explique-t-il.
Concernant la récolte, elle commence au mois de juillet et continue jusqu’au mois de novembre. Pour ce qui est de l'Orient, la cueillette se fait feuille par feuille. Dans le cas du Burley, la plante entière est récoltée. La récolte intervient lorsque les feuilles sont arrivées à maturité et en parfait état pour l'étape suivante. Il s’agit du séchage qui joue un rôle essentiel dans la qualité finale du tabac, sa couleur et ses différentes caractéristiques. «Le processus du séchage diffère selon les variétés. Alors que le Burley est séché à l’air libre dans des séchoirs spécifiques à l’abri du soleil, l’Orient est séché directement au soleil», indique M. Noufiri. Alors que les fumeurs sont de plus en plus nombreux au Maroc, avec un pourcentage particulièrement élevé chez les étudiants et les jeunes de moins de 15 ans, les associations de lutte contre le tabagisme montent au créneau pour sensibiliser sur les répercussions de ce fléau sur la santé. Toutefois, la tabaculture demeure en pleine expansion au Maroc et notamment à El Hajeb où elle ne cesse de séduire les agriculteurs locaux qui sont de plus en plus nombreux à s’y convertir en raison de sa rentabilité.