26 Octobre 2013 À 13:56
Le Matin : Le Centre international de recherche sur le cancer (IARC) qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé a récemment publié un communiqué qui indique que la pollution de l’air extérieur est cancérigène. Quelles sont vos impressions par rapport à cette grave révélation ?Pr Saïd Sebti : «La pollution de l’air est cancérigène», cette information n’est pas vraiment une révélation. En fait, tous les scientifiques spécialistes de l’environnement le savent depuis longtemps et le nombre d’articles scientifiques qui corroborent ce fait est impressionnant. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence spécialisée sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a le mérite de réunir des experts dans le domaine qui ont conclu qu'il existe des indications suffisantes permettant de dire que l'exposition à la pollution atmosphérique provoque le cancer du poumon. Ils ont également noté une association positive avec un risque accru de cancer de la vessie. En d’autres termes, l’OMS vient de classer la pollution atmosphérique dans le groupe des substances cancérigènes pour l’homme (Groupe 1). Il est à rappeler que le Groupe 1 comprend une centaine de substances connues pour leurs effets cancérigènes comme la fumée de cigarette, l’échappement du moteur diesel, le benzène, le formaldéhyde, les polychlorures de biphényles (PCB), la poussière de bois, l’amiante, les radiations d’ultraviolet, le plutonium, etc.La pollution atmosphérique est déjà connue pour augmenter les risques de beaucoup de maladies, comme les maladies respiratoires et cardiaques. Les données les plus récentes montrent que le nombre de décès par cancer du poumon, provoqués par la pollution de l'air, était d’environ 223 000 personnes dans le monde en 2010. La pollution de l’air est donc l’une des premières causes environnementales de décès par cancer. Les polluants de l’air sont très nombreux, on peut citer les plus connus à savoir : les particules fines, le monoxyde de carbone (CO), les oxydes d’azote (NOx), l’ozone (O3), les composés organiques volatils (COV), l’oxyde de soufre (SO2), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les métaux tel que le plomb ou le mercure, etc.
Qu’en est-il de cette pollution atmosphérique au Maroc et plus particulièrement à Casablanca ?Selon les données de l’OMS, on trouve malheureusement très peu d’informations sur le Maroc où des études poussées doivent être menées en suivant les protocoles internationaux. Il existe néanmoins des études réalisées, ici ou là, mais qui ne sont pas systématiques pour constituer une base de données fiable qui peut être exploitée afin d’en tirer des conclusions statistiques. Cela dit, il est facile d’établir la situation de la pollution de l’air au Maroc du fait de la présence des générateurs de cette nuisance. On sait que la combustion est la cause principale de cette pollution et qu’on doit éviter le plus possible de respirer tout genre de fumées telles que la fumée du charbon et du bois qu’on utilise pour la cuisson ou le chauffage, les dégagements des usines, les échappements des véhicules, la fumée des cigarettes, etc. Casablanca tient le record de la pollution atmosphérique sans conteste du fait de la présence d’une forte population, de zones industrielles imbriquées dans la ville même, d’un grand nombre de véhicules en circulation et bien sûr le manque d’espaces verts. Pour résoudre ce problème, il faut une stratégie globale et claire avec des objectifs à court, moyen et long terme. L’implication des décideurs, du secteur socio-économique et de la société civile à travers les ONG est la seule voie possible pour aller vers une ville vivable.
Que fait Casa Environnement pour sensibiliser les populations et les autorités sur ce danger environnemental et sanitaire ?Casa Environnement continue sa stratégie d’information, sensibilisation et action sur le terrain afin de faire prendre conscience aux décideurs, industriels et citoyens que le problème environnemental de la ville est complexe et qu'une collaboration de tous les acteurs est une nécessité absolue. Nous avons publié récemment un plan d’action qui s’articule sur l’organisation d’événement permettant d’atteindre nos objectifs tels que : le Concours Casa Rues Vertes en décembre 2013 et la 2e Caravane Casa Environnement en avril 2014, avec la plantation de 1000 arbres à Casablanca.