06 Novembre 2013 À 17:36
Un travail qu’il s’est assigné à réaliser, depuis quelques années, pour faire revivre et célébrer toutes les pièces de monnaie des différentes époques des Rois du Maroc. «Je travaille sur la réactualisation et la remise en valeur de la monnaie marocaine ancienne. Mon objectif est de recréer au détail la facture épigraphique des pièces visitées, faisant renaître par là toute une atmosphère numismatique d’antan», souligne El Yazid Jbile qui n’a pas manqué de nous expliquer que sa démarche, outre sa dimension artistique, se veut un voyage hautement patrimonial, où défilent les multiples dynasties régnant ou ayant régné au Maroc, notamment les Idrissides, les Almoravides, les Mérinides, les Saâdiens et, de façon prioritaire, la dynastie des Rois alaouites. «À travers ces travaux, j’estime entraîner les Marocains dans un périple mémorable, qui leur rappelle leur longue et fastueuse histoire monétaire, abordée ici sous un angle esthétique non exempt de fierté».
Une recherche très élaborée mariant entre pièces de monnaie et un fond de toile abstrait mettant en relief l’apport plastique très créatif de l’artiste, qui réunit matière et abstrait, avec une étude sur la couleur. Cette expérience a nécessité à El Yazid Jbile une exploration très approfondie de l’histoire de notre héritage numismatique, afin de ne rien perdre de la splendeur de cette monnaie, puis de la faire découvrir à ceux qui ne la connaissent pas. «La mise en valeur de cette monnaie connote une symbolisation historico-sociale ayant trait à plusieurs époques de l’histoire du Maroc, celle de la dynastie des Idrissides, des Almoravides, des Mérinides, des Saâdiens, notamment les Rois alaouites (Moulay Ismail, Moulay Hassan 1er, le Sultan Mohammed Ben Abdellah, le Sultan Moulay Youssef, feu S.M. le Roi Mohammed V, feu S.M. le Roi Hassan II). Pour l’artiste, c’est aussi une manière de confirmer la maintenance d’un pouvoir officiel dont les multiples effigies attestent à la fois l’évolution et l’enracinement», affirme le critique Abderrahman Benhamza. En effet, en couronnant les figures emblématiques du pouvoir, l’artiste perpétue un sentiment d’attachement national très profond à travers son talent artistique.
«Par rapport aux précédentes expositions, la palette de l’artiste a évolué vers plus d’épuration. La composition fait toujours la part belle à la pièce dorée, argentée ou en bronze, et réserve une autre à un chromatisme abstrait dont les effets dégradés ou en touches postulent une harmonisation globale et une meilleure réception. Par le fait des couleurs, dont le choix reste éclectique, Jbile explicite davantage sa matière faite généralement de résine, de poudre blanche et de tissus de soie fine ; se crée de la sorte, au plan texturé et une synergie performante. À son iconographie l’artiste a ajouté des motifs architecturaux (frises, arabesques,...) pour assurer à l’œuvre une plus forte identification patrimoniale». Ce qui assure l’avenir d’une carrière en évolution permanente où El Yazid Jbile pourra accéder aux rangs des célébrités en arts plastiques. Car Jbile ne se suffit pas à la peinture. Il a, également, trouvé ses dons dans la sculpture, dont il présente quelques modèles, aux côtés de ses monnaies, révélant au public un autre aspect de sa création, où il utilise la même matière que dans la conception de ses pièces pour concevoir ses silhouettes abstraites.