25 Décembre 2013 À 15:59
«D'ici la fin de la journée (mardi dernier), le centre de Lampedusa sera vidé de ses quelque 200 immigrés», a déclaré le vice-ministre de l'Intérieur Filippo Bubbico dans une interview accordée au quotidien italien «Avvenire». «Un premier groupe de cent réfugiés est en train de quitter le centre pour être transféré par avion à Palerme. Un deuxième groupe partira dans l'après-midi avec un nouveau vol spécial», a confirmé Khalid Chaouki, député du Parti démocrate (PD), principal parti de la gauche d’origine marocaine. Pour protester contre les conditions et la durée de séjour des migrants au centre de l’île de Lampedusa, le député barricadé symboliquement, dimanche dernier, dans le centre bondé de Lampedusa, affirmant qu'il y resterait tant que les migrants, qui y sont pour certains depuis des mois, ne seraient pas transférés ailleurs. «J'ai trouvé ce que je craignais : un lieu indigne où la pluie s'infiltre des toits», avait-il dit.
«La vidéo de la honte», c’est en ces termes que la chaîne publique a qualifié la vidéo dans laquelle on voit des migrants, dans une cour en plein air, dans le froid et les courants d'air, au milieu d'une foule de personnes, faire la queue pour «être douchés» par des employés du centre. Ils se déshabillent les uns après les autres devant des femmes et des hommes et attendent leur tour, nus. Les images ont été filmées en cachette par un réfugié syrien. Le Premier ministre Enrico Letta s'est dit «choqué». Il a promis qu'une enquête «approfondie» serait ouverte et que le gouvernement «sanctionnerait les responsables».
Mais ce n’est pas uniquement le centre de Lampedusa qui fait polémique. Celui de Rome aussi. Samedi dernier, quatre immigrés originaires du Maghreb se sont cousu la bouche pour protester contre leur immobilisation prolongée dans un centre d'accueil à Rome, a appris l'agence italienne ANSA, reprise par l’AFP. Ces hommes âgés de vingt et trente ans, qui s'étaient cousu la bouche avec un fil extrait d'une couverture et une petite aiguille, ont été pris en charge médicalement. L'un d'eux aurait dû être rapatrié lundi dans son pays. Ce centre d'accueil de Porta Galaria dans la banlieue de Rome abrite une centaine de clandestins, hommes et femmes, rapporte l’Agence française. Quatre autres immigrés du centre de Rome ont été expulsés, lundi, vers leurs pays d'origine (Tunisie et Maroc), dont deux appartenant au groupe de protestataires. D'autres ont pris le relais, de sorte que «neuf immigrés continuent d'avoir la bouche cousue», a déclaré mardi le directeur du centre Vincenzo Lutrelli.
Ils ont refusé que leur soit ôté le fil unique qui relie leurs lèvres, mais ne les empêche pas de boire. Ils poursuivaient parallèlement une grève de la faim.Cette action spectaculaire a relancé le débat, en Italie, sur les conditions d’hébergement des migrants. Le geste des Maghrébins «nous impose de rouvrir le débat national sur une législation qui assimile ceux qui fuient les guerres, la violence et la pauvreté à des criminels de guerre», avait réagi dès samedi le maire de la capitale, Ignazio Marino.