23 Août 2013 À 16:42
Dans un monde de droitiers, difficile de se faire une place quand on est gaucher. On observe d’ailleurs un véritable «racisme linguistique» envers les gauchers. En effet, être gauche signifie «maladroit», la gaucherie c'est le manque d'adresse et de grâce. «Se lever du pied gauche» c'est être de mauvaise humeur, «avoir deux pieds gauches» c'est être empoté, «être marié de la main gauche» c'est ne pas être vraiment marié et «passer l'arme à gauche» c'est mourir !
En outre, certains outils de tous les jours tels la paire de ciseaux, l’ouvre-boîte ou encore la souris d’ordinateur rendent la vie dure à nos amis gauchers. «Je suis de la nouvelle génération, j’ai donc eu accès aux ciseaux pour gauchers. C'est très commode, mais les droitiers détestent l’utiliser ! Ils trouvent que “c'est trop compliqué pour eux”... Que devrait-on dire, nous qui sommes obligés sans cesse de nous adapter dans un monde pensé pour les droitiers ?» se demande Mohamed.De plus, les préjugés de notre société font que le gaucher est souvent malmené et forcé d'utiliser sa main droite pour effectuer n’importe quelle tâche. En effet, la main gauche a longtemps été considérée comme la «main du diable», et pas seulement chez les musulmans… «Quand j’étais petite, on m’a obligée à tout faire avec la main droite : manger, écrire, découper… J'étais tellement surveillée que je n'avais même plus envie de faire quoi que ce soit», se rappelle Saïda.
Ainsi pour manger, l’enfant est sommé d’utiliser sa main droite et sa gauche pour effectuer les tâches dites «impures» comme faire sa toilette par exemple. «Mon père me frappait lorsque je mangeais avec la main gauche. J’ai donc appris à manger de la main droite, mais je n’étais pas à l’aise. Aujourd’hui, je continue à manger de la main droite lorsque je rends visite à mes parents, mais chez moi j’utilise la gauche, dans le plus grand secret…», explique Rachid. Pourtant, les spécialistes s’accordent pour dire que si un enfant mange, salue ou attrape spontanément quelque chose de la main gauche, il faut l’encourager à se servir de sa main gauche qui semble dominante. Il faut être vigilant, car bien souvent, les «gauchers convertis en droitiers» souffrent de problèmes de concentration, de mémoire ou bien d’apprentissage puisqu’ils ne disposent pas de tout leur potentiel. Toutes ces raisons font que l’enfant gaucher est souvent obligé de se servir de sa main droite, on l’appelle alors un «gaucher contrarié».
Certains parents guettent le moindre signe de leur bambin dès son plus jeune âge, en le corrigeant lorsque celui-ci utilise sa main gauche. En réalité, à partir de 5-6 mois bébé apprend à attraper : à cet âge-là, il est ambidextre. Trop occupé à bien coordonner ses mouvements, il saisit les objets aussi bien de la main droite que de la gauche. Alors, si votre enfant prend les choses de la main gauche, n’y voyez pas de signes annonciateurs. Ce n’est qu’à la troisième année de sa vie que vous pourrez affirmer la prédominance d’une main sur l’autre.
À savoir, 30% des enfants naissent gauchers et 10% le reste à l’âge adulte. Inutile, donc, de forcer un gaucher à devenir droitier, au risque de créer une rivalité entre les deux hémisphères de son cerveau et de lui faire perdre son sens kinesthésique.
Scientifiquement, la différence entre droitiers et gauchers réside au niveau de leur cerveau ou, plus exactement, de leur latéralité. Les gauchers sont moins latéralisés et la communication entre les deux hémisphères se fait plus facilement grâce à un corps calleux plus important, facilitant les échanges.À l’inverse des droitiers, l’hémisphère dominant du gaucher est le droit. L’hémisphère dominant gère nos notions de langage et d’écriture. Ainsi, en cas d’AVC, un patient gaucher retrouvera plus facilement la parole. En cas de lésion dans l’hémisphère dominant, les gauchers récupèrent donc mieux que les droitiers.Les gauchers possèdent ce que l’on appelle un sens kinesthésique, c’est-à-dire qu’ils mémorisent facilement les mouvements. Grâce à une intelligence spatiale très développée, ils retiennent mieux ce qu’ils voient que ce qu’ils entendent.
D’autres études ont démontré que lors de tests de QI, les gauchers obtenaient soit un score très supérieur à la moyenne, soit bien en dessous. Ils monopolisent ainsi les extrémités de la grille d’évaluation, alors que les droitiers ont tendance à se concentrer sur le milieu. C’est ainsi qu’une équipe de chercheurs américains a rapporté que le plus petit des scores rencontrés pour un gaucher est de 60 points (contre 80 pour les droitiers) et le plus élevé de 160 points (contre 140).