L'humain au centre de l'action future

Youssef Wahboun en quête du «Néant»

Les faits : L’écrivain marocain d’expression française vient de signer un roman intitulé «Trois jours et le Néant», paru aux éditions Marsam.

10 Octobre 2013 À 15:56

À la fois grave et cocasse, le livre «Trois jours et le Néant» fraîchement publié aux Éditions Marsam est le premier coup d’essai de l’écrivain marocain d’expression française Youssef Wahboun dans ce genre littéraire. Essayiste et auteur de deux recueils de poèmes «Étreintes creuses» et de nouvelles «Il faut assassiner la peinture», Youssef Wahboun, également plasticien, compte aussi à son actif de plusieurs réflexions sur la littérature et la peinture en Occident et au Maghreb. Cette année, il propose dans ce premier roman une histoire touchante et captivante racontée au présent avec quelques petites percées du passé avec une écriture simple, mais pas simpliste. Incisive, tranchante et tendue. En un mot : fluide. «Trois jours et le Néant» relate l’histoire d’un conseiller ministériel dévergondé, désigné tout au long du roman en un «tu» ambigu. Le protagoniste est issu d’une famille modeste, mais qu’on croyait être riche de par sa résidence à proximité du palais royal. Entre un présent implacable et le fardeau de ses souvenirs tristes, le conseiller ministériel part à la recherche d’un homme qui lui est inconnu et qu’il aime à appeler «le Néant». Rongé par ses stériles regrets, il se lance dans cette quête qui va prendre trois jours, mais en vérité, toute une vie.

D’où le choix du titre de ce roman. Un roman où Youssef Wahboun tente à travers son écriture de «compresser de façon concise et précise dans le même mouvement les gestes et les paroles, les rires et les silences, les tourments de la conscience et les blessures de la mémoire», explique l’auteur. «Trois jours et le Néant», composé de 120 pages, aborde plusieurs thèmes dont la blessure de la mémoire, la peur de perdre la raison, les regrets, le besoin de s’exprimer à travers l’art, l’amour… Mais le tout avec un humour noir qui permet au protagoniste de dépasser les pires atrocités de sa vie triste, si triste, toute triste. Et il y arrive quand même. Le roman parle aussi de ces prisons intérieures que l’individu s’érige et desquelles il est dur d’échapper. Le conseiller ministériel, désarrimé, retranché du monde du plaisir, face à la merci de ses souvenirs du passé, tente cependant de trouver un sens à sa vie. Il décide alors de chercher cette personne «illustre inconnue» qu’il surnomme «le Néant» et ne trouvera peut-être jamais.

À travers ce roman, il s’agit d’un drame existentiel bien servi par un puissant souffle narratif. «L’auteur excelle dans l'art de tenir le lecteur en haleine jusqu’aux dernières lignes en usant à la fois d’un lyrisme débridé et d’un humour subtil qui intervient dans les situations les plus pénibles. Le roman met en exergue cette formule d’Henri Michaux : “Naître est un péché, vivre est une expiation. Écrire est un tissu d’excuses”», commente l’éditeur à propos du roman «Trois jours et le Néant». 

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