07 Octobre 2013 À 15:59
Comme les antibiotiques, les cantines à l'école «ce n’est pas automatique». En effet, si certains établissements en sont dotés, la plupart ne le sont pas, obligeant l'élève à retourner chez soi (s'il n'habite pas trop loin), à ramener un petit quelque chose ou à manger sur place (si sa bourse le lui permet). «Elles sont rares les écoles privées qui proposent des cantines. Certaines proposent des formules intermédiaires : les enfants apportent leur nourriture et mangent sur place, encadrés par le staff de l'école. Cela évite de préparer les repas des cantines, parce que de toute façon les parents ne sont jamais contents!», explique Hicham. Selon lui, s'il y a si peu de cantines c'est parce que les «bons repas» coûteraient trop chers. «Quand la cantine n'est pas chère, ils se plaignent du menu, quand celui-ci est plus élaboré et donc plus cher, ils râlent toujours pour le coût cette fois-ci», déclare la même source avant de poursuivre : «Pour éviter les remarques, certaines écoles privées vendent des sandwichs pour les élèves qui voudraient acheter leur nourriture sur place. L'avantage de cette formule, c'est qu'elle laisse le choix aux parents (et aux élèves) : apporter leur nourriture ou l'acheter sur place».
Le problème de la nourriture vendue sur place, est justement que l'élève puisse s'acheter ce qu'il veut. Chips, sandwichs gras, sodas, qui entraînent bien souvent l'obésité. D'où la nécessité que les cantines puissent servir des repas variés.Mais comme le soulignait Hicham, pour bien manger, il faut accepter d'y mettre le prix et les parents sont souvent réticents à cette idée à la vue des frais d'inscription, des cours du soir ou encore des fournitures scolaires... Revenons-en justement à la qualité des repas servis. À ce sujet, les avis divergent. Ceci s'explique notamment par le fait que l'établissement se situe en zone urbaine ou rurale. Ou encore par le prix que coûte celui-ci.
En milieu rural, Mohamed fait état de «demi-portions de fromage battu, d'un petit verre de lait en poudre (avec beaucoup de grumeaux), d'une ration de lentilles baignant dans une sauce sans goût, d'un morceau de pain à l'origine douteuse et de sardines un peu trop huilées». Selon lui, c'est «à peu près ça tous les jours, sauf le vendredi où l'on sert parfois du couscous (sans viande)». Les familles de ces élèves, généralement pauvres, demandent même parfois à leurs enfants de ramener leur maigre portion à la maison afin de nourrir les frères et sœurs. Pour Hicham, qui réside en zone urbaine, toutes les cantines ne seraient pas mauvaises et pour cause, il y met le prix. «Moi je payais 500 DH de cantine le mois pour mon fils, c'est une somme importante, mais nous n'étions pas déçus. Je conçois que tout le monde n'a pas les moyens de débourser ça», dit-il.Même son de cloche chez Souad qui souligne toutefois l'aspect hygiène et nutrition de certaines cantines. «J'ai une sœur qui a inscrit sa fille dans la cantine d'une grande école à Rabat et elle en est complètement satisfaite. Sa fille, qui avait du mal à accepter la nourriture, a pu améliorer son hygiène alimentaire, elle mange des repas variés et équilibrés. Le coût est certes élevé, mais la qualité et l'hygiène sont garanties, c'est ce qui compte», tempère la jeune femme. L'absence de cantines en milieu scolaire a donc de multiples raisons et autant de conséquences.
La première étant la scolarisation des enfants, dans le milieu rural, encore une fois. En effet, sans lieu de restauration comment feront les élèves qui habitent loin de leur école et qui n'ont parfois que 30 minutes pour manger et faire l'aller-retour ? Ils seront donc obligés, soit de ne pas manger, soit de ne pas aller à l'école. C'est notamment le cas des petites filles que l'on envoie rarement faire des kilomètres seules pour aller à l'école. Autre incidence de l'absence de cantines, plus ou moins insolite, le fait que les parents soient parfois forcés d'acheter leur maison en fonction de la localisation de l'école de leur bambin, de façon à ce que celle-ci soit accessible à pied. «Je n'ai jamais envoyé mes filles à la cantine, on habite près de l'école. C'était un choix stratégique au moment de l'achat de notre appartement et j'ai la chance d'avoir un mari qui ne fait pas l'horaire continu!», explique une mère de famille.