07 Décembre 2013 À 17:50
Après un printemps chaud, l'Égypte vit un été brûlant. L'Égypte meurt à petit feu. Chaque jour, les médias font état de plusieurs affrontements, faisant des blessés et des morts. Mais notre propos ici n'est pas d'incriminer telle ou telle fraction des familles politiques égyptiennes. L'imbrication des puissances étrangères est tellement forte dans ce conflit interne, que personne n'est en mesure aujourd'hui d'évaluer ou de déterminer la part de responsabilité de chaque fraction en lice.
Mais faut-il pour autant se désintéresser du sort de ce pays, si cher à nos cœurs ? Faut-il pour autant, sous couvert de la distance, faire preuve d'égoïsme ou d'indifférence ?Depuis l’époque des pharaons, l’Égypte fascine les historiens. Son histoire est d'abord marquée par les témoignages inestimables légués par l'Égypte antique, qui ont fasciné dès l'Antiquité, et qui reste particulièrement marquante en dehors de l'Égypte. L’Égypte connaitra plusieurs «découpages» historiques, tous aussi riches les uns que les autres. Ils correspondent à trois périodes de prospérité (Ancien Empire, Moyen Empire, Nouvel Empire) séparées de périodes de crises et d'invasions appelées «intermédiaires». Les apports scientifiques et notamment archéologiques récents tendent à atténuer ce découpage qui conserve néanmoins une certaine pertinence : après la période ptolémaïque, l'Égypte n'est plus, durant plusieurs siècles, qu'une partie d'empires plus vastes que sont l'Empire romain, l'Empire arabe puis l'Empire ottoman. Elle ne retrouve une certaine autonomie qu'au XIXe siècle et son indépendance en 1922.Par ailleurs, le découpage traditionnel de l’histoire musulmane de l’Égypte ancienne comprend plusieurs périodes correspondant à une ou plusieurs dynasties : période des Califes (641-661) ; période Omeyyade (661-750) ; période Abbaside (750-868) ; période Toulounide (868-935) ; période Ikhchidite (935-969) ; période Fatimide (969 à 1171) ; période Ayyoubide (1171 à 1250) et période Mamelouke (1250 à 1517). L’Égypte connaitra l’invasion turque. En 1517 Selim Ier s’empare du Caire en vainquant le Sultan Tüman Bey. Mais lors de la «campagne d’Égypte», menée par Napoléon Bonaparte pour contrer l’essor commercial de l’Angleterre écrase les Mamlouks, ouvrant ainsi la voie au protectorat Britannique qui va durer de 1882 à 1922. Le départ des ritanniques coïncidera avec la restauration du Royaume d'Égypte (1922 à 1952). G.Nasser renverse le roi Farouk en 1952 et instaure le régime républicain dont il deviendra le deuxième Président après M. Naguib.Mais l'importance de l'Égypte, comparativement par rapport aux autres pays de la région, ne réside pas uniquement sur les plans politique, historique ou archéologique. Elle l’est aussi pour nous sur le plan spirituel.Cette particularité et cette importance ont été largement et magistralement évoquées par le Maître spirituel et Cheikh de la Zaouia Alaouiya Darquaouiya Chadiliya de Casablanca, lors d'une causerie hebdomadaire, plongeant l'auditoire dans une fervente émotion, en rappelant le devoir de toute la communauté musulmane de prier pour la survie et la sauvegarde de l'Égypte.Le présent article est une synthèse de cette brillante plaidoirie, afin de familiariser le lecteur avec cette région chère pour le monde entier, et pour les musulmans en particulier.L'Égypte doit être présente dans les esprits et les cœurs, en raison de son passé historique, politique, culturel, mais également et surtout en raison de son importance sur le plan spirituel et religieux. D’ailleurs cette importance est rappelée à maintes reprises dans le Coran, et évoquée par le prophète, dans plusieurs Hadiths authentiques.
À l'instar de la Palestine, en particulier Al Quods, l'Égypte est une terre bénie par Dieu. L'Égypte se prénomme «Mesr», par référence à «Baisser», fils de «Hem», fils du patriarche Noé.Elle est citée dans le Coran prés d'une trentaine de fois. Cinq fois citée directement comme telle, c'est à dire «L'Égypte», dans cinq sourates différentes : une fois dans sourate «Al Baqara» (§2.V.61), une fois dans «Yunus» (§10-V.51), deux fois dans la sourate de «Yusuf» (§12-V21et99), et une fois dans «AZ-Zukhruf» (§43-V.87).L’Égypte est également citée dans le Coran en tant que «terre» (plus de dix fois !) ; «Ô mon peuple ! Entrez dans la Terre que Dieu vous assigne» (Al Maidah-§5-V.21). Cette même terre d’Égypte qui servira – si besoin en était – à rappeler aux pauvres mortels que nous sommes, la grande puissance de Dieu sur toutes ses créatures vivantes passées, présentes ou futures. Ainsi la sépulture des pharaons et les pyramides ne sont là en réalité que pour nous rappeler que toute puissance, quelle qu'elle soit, n’est qu’éphémère : «Aujourd’hui, Nous allons épargner ton corps afin que tu serves d’exemple à tes successeurs» (Yunus-§5-V.92).Terre des prophètes : habitée par Abraham, Ismaël, Yaacoub, Youssuff, les Asiates, Moïse, Jésus, Aaron, Jonas, Daniel... Également plusieurs épouses de prophètes sont d'origine égyptienne : Hajar, deuxième épouse de Sidna Ibrahim, Youssuff prendra deux épouses d’origine égyptienne, dont Zoulikha. Notre prophète, Sidna Muhamed, que les Saluts de Dieu soient sur Lui, reçut en offrande, une très belle Copte égyptienne – Maria – qu’il épousera en huitième noce. Elle lui donnera un garçon qu’il prénommera également Ibrahim, mais il mourut à l’âge de 18 mois. Il sera enterré au fameux cimetière «Al Baquii», de Médine, comme Maria plus tard, durant la deuxième année du califat de Omar ibn Al Khattab.
L’Égypte sera citée et «présente» également dans le Coran, non seulement par son nom, mais également à travers ses montagnes «Torr Sinaï», le «Mont Sinaï», est la montagne la plus célèbre dans les traditions biblique et coranique, et où Moise reçut de Dieu les Dix Commandements (les Tables de la Loi), et qu'Il utilisa comme sermon, faisant également partie des 114 chapitres du Coran (& 52), à côté de laquelle une autre ville citée par le Coran, le cimetière «Al Mokattam», qui vient en deuxième position après «Al Baquii», a Médine, du point de vue importance des personnalités dans le monde musulman enterrées dans ce lieu saint ; par son fameux «Nil», le seul fleuve assimilé à une mer (Al Yamm). Beaucoup de compagnons du prophète, dont Hourraira et le deuxième khalife, Omar ibn Al khattab, Amr ibn Al Aas, et bien d’autres feront le «pèlerinage» en Égypte, suivant en cela les recommandations du Prophète.De même, plusieurs théologiens ou de saints hommes de renommée mondiale, tels : Imam Chadili, enterré à Hurghada, Abou Abbes Al Morsi, Ali Al Wafa, Mohamed Al Wafa, Ibrahim Dassouki, Ahmed Al Badaoui, Al Boussiri, Ibn Aataa Allah Askandari, Zakaria Al Ansari, et bien d'autres personnalités aussi prestigieuses. Des descendants de la lignée directe du Prophète, y sont enterrés : le petit fis du prophète : Sidna Al Hussein, Lalla Zeineb, Lalla Nouffissa, Lalla Soukaina, fille de Sidna Al Hussein.Toute cette sollicitude divine nous interpelle tous pour prier pour la survie et la paix dans ce pays, patrimoine de toute l’humanité, en espérant que ce peuple connaitra davantage d’évolutions que toutes ces révolutions, les unes plus meurtrières que les autres.