Spécial Marche verte

La cigarette : autopsie d’une meurtrière

Les faits : Autrefois constituées uniquement de papier et de tabac, les cigarettes ont depuis les années 60 de plus en plus d’ajouts divers et variés. Au total, plus de 4 000 substances chimiques sont inhalées par la fumée de cigarette, dont plus de 60 classées cancérigènes par le Comité international de recherche sur le cancer.

04 Septembre 2013 À 15:05

Le fumeur est conscient que la cigarette nuit gravement à sa santé. «Il est écrit “fumer tue” au dos du paquet, on le sait», affirme Rachid savourant sa blonde sur la terrasse d’un café. Mais Rachid sait-il réellement pourquoi la cigarette tue chaque année six millions de consommateurs à raison de 10 morts par minute ? S’il y a effectivement la mention «fumer tue» sur les paquets de cigarettes, les réelles substances qui la composent ne sont, elles, mentionnées nulle part, si ce n’est le dosage de goudron, de nicotine et de dioxyde de carbone. Pourtant d’autres substances bien plus toxiques se trouvent dans la cigarette, qui, si indiquées, pourraient bien faire réfléchir à deux fois le fumeur avant d’en allumer une.

Au total, ce sont plus de 4 000 substances chimiques qui sont inhalées, dont plus de 60 classées cancérigènes par le Comité international de recherche sur le cancer. En voici quelques-unes… On sait donc, grâce au paquet, qu’une cigarette contient du goudron qui est cancérigène et recouvre les poumons d’une substance visqueuse. Mais également du monoxyde de carbone, un gaz toxique que l’on retrouve aussi dans les pots d’échappement des voitures. La nicotine, elle, agit directement sur le cerveau et provoque la dépendance. Elle met environ 8 secondes pour arriver au cerveau et provoque une sensation de plaisir et de détente.

Voilà pour ce qui est des substances mentionnées sur le paquet. Venons-en à présent à celles dont personne ne parle, comme le méthanol, que l’on retrouve dans le carburant des fusées et qui peut provoquer la mort s’il pénètre dans l’organisme. L’ammoniac a une odeur très forte et désagréable, et sert à la fabrication d’engrais, d’explosifs ou est utilisé dans certains détergents ménagers. La cigarette contient également de l’acétone, une substance aussi présente dans le dissolvant. Elle contient aussi du DDT (insecticide), de la naphtaline (antimites), du cadmium (batterie, piles), du chlorure de vinyle (plastique), du toluène (solvant), de l’arsenic (poison violent), de l’acide cyanhydrique (utilisé dans les chambres à gaz), du butane (gaz) et, au niveau du filtre, de la peinture.

Le plomb en raison de sa toxicité peut provoquer le saturnisme qui est une maladie affectant le cerveau. Le phénol, l’aldéhyde ou l’acroléine touchent essentiellement l’arbre respiratoire et sont à l’origine de nombreuses maladies : bronchites chroniques, asthme… Le diméthylnitrosamine est une substance utilisée pour le caoutchouc et dans la cigarette pour sa fumée. Elle est cancérigène et ses symptômes sont : maux de gorge, toux, nausées, diarrhée, vomissements, maux de tête, faiblesse. Après l’énumération de quelques-une de ces substances, retournons maintenant auprès de Rachid et de sa bande d’amis, tous fumeurs. Autant dire que les réactions ne se font pas attendre. «C’est choquant, je ne savais pas que cela pouvait contenir autant de cochonneries», s’étonne Rachid. «J’en connaissais quelques-unes, mais certaines me laissent sans voix, comme l’acide cyanhydrique utilisée dans les chambres à gaz au temps d’Hitler. Dire qu’on s’en servait pour tuer les gens en masse. Aujourd’hui, la cigarette continue de tuer, beaucoup plus massivement je dirais, mais rien de choquant là-dedans pour les industriels», s’exclame Mourad.

À l’annonce de cette nouvelle arrêteront-ils de fumer pour autant ? Pas sûr. «Personnellement, non, je n’arrêterais pas de fumer, on nous bassine toujours avec la cigarette, mais l’alcool tue aussi, or bizarrement c’est plus tabou, on n’est pas censé boire et pourtant on le fait et on produit des choses qui continuent de tuer les gens !», déclare Rachid. Mourad, lui, dit vouloir arrêter d’acheter ses paquets de cigarettes pour «rouler lui-même». «Ça m'évitera d'aspirer ces composés chimiques ajoutés au tabac des cigarettes industriel», pense celui-ci. Pourtant, le tabac à rouler est quatre fois plus nocif que le tabac d’une cigarette classique, il contient cinq fois plus de nicotine et libère davantage de substances toxiques. De plus, l’absence de filtre augmente sa toxicité. Quant à croire qu'une cigarette «non brûlée» contient moins de substances nocives, certes, mais il reste toutefois 2 500 composés chimiques, dont des pesticides et de nombreux additifs ! Enfin, un dernier conseil pour la route, ne jamais laisser une cigarette se consumer dans un cendrier, car les substances dégagées dans la fumée sont encore plus dangereuses que celles qui sont inhalées puisqu’elles ne passent pas par le filtre. 

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