21 Août 2013 À 15:06
Il est 8 h 45. Station des Forces auxiliaires. Une jeune casablancaise reste figée devant le distributeur de billets du tramway. Elle tente de récupérer sa monnaie en vain. «C’est la deuxième fois que cela m’arrive. Le distributeur me rend 2 DH au lieu de 3 DH. C’est comme si je payais un nouveau ticket à chaque voyage», déplore cette utilisatrice du tramway. Cette même scène se répète à la station Hassan II quand Hanane, à peu près la trentaine, n’arrive pas à avoir toute sa monnaie du distributeur. Après plusieurs tentatives, elle demande à l’agent qui se trouve sur place la raison de cette «arnaque». Sa réponse fut simple et précise : «Le distributeur ne prend qu’un ou deux dirhams de plus. Si vous le voulez, vous pouvez faire une réclamation auprès de l’entreprise via le numéro de téléphone affiché au niveau de la station». Cette réclamation prendra combien de temps ? Aura-t-elle un suivi ? L’usagère pourra-t-elle récupérer son argent même si elle n’a aucune preuve que le distributeur ne lui a pas rendu toute sa monnaie ? Malheureusement, l’agent de Casa Tram n’a pas pu donner plus de réponses alors que d’autres usages du tramway ont confirmé ce genre d’incident dans d’autres stations comme celle du boulevard Abdelmoumen. «J’ai toujours de la monnaie sur moi et je ne mets surtout plus de pièces de 10 DH dans le distributeur», nous confie Aziz, un habitué du tramway. Au lieu de régler ses distributeurs, Casa Tramway a aussi opté pour une solution semblable. L’entreprise a lancé un appel écrit à ses clients leur recommandant de mettre la somme exacte nécessaire pour acheter leurs tickets, à savoir 6 ou 7 DH, au lieu de 10 DH. Néanmoins, cette annonce n’est affichée qu’au niveau de certaines stations. Dans les autres, les usagers doivent faire preuve de vigilance spontanée et surtout de patience. «Nous avions déjà un problème de monnaie alors que maintenant, la situation devient pire», affirme un usager du tramway.
En effet, le fait que les machines ne prennent pas de billets ne facilite pas la tâche aux «clients» de Casa Tram. Ce problème retarde les usagers et crée la zizanie près des distributeurs. On remarque ce genre de scènes surtout dans la station de Aïn Diab. Les clients inhabitués essaient d’introduire des billets de 20 ou 50 DH dans le distributeur de tickets du tramway. En vain. Ils sont alors obligés de faire une longue marche pour trouver une épicerie ou un commerçant qui accepte d’échanger ces billets avec des pièces. Certains d’entre eux refusent de laisser leur tour en tentant de faire l’échange avec d’autres usagers sachant que les agents de Casa Tram n’interviennent que rarement dans ce genre de situation. Une mission qui se révèle presque impossible puisque chacun des clients garde précieusement ses dirhams de plus au cas où la machine n’accepte pas quelques-uns. «Je n’ai jamais de pièce sur moi et c’est un vrai problème. Quand personne ne peut me faire de monnaie, j’arrive en retard au travail !», déplore une usagère du tramway.
Une autre utilisatrice de ce nouveau moyen de transport en commun a trouvé la solution : «J’achète un magazine ou du chocolat afin d’avoir de la monnaie. Mais le billet de tram revient plus cher ainsi. En outre, certaines épiceries comme celle avoisinant la station du boulevard Hassan II refusent de me donner de la monnaie pour un produit de 2 ou 5 DH». «Moi, j’achète une viennoiserie de la boulangerie», confie Hasnaa tout en mordant dans son pain au chocolat chaud et croustillant. Certains commerçants affichent à l’entrée de leurs magasins qu’ils n’ont pas de monnaie pour le tramway. D’autres profitent de cette nouvelle situation pour acquérir plus de clients alors certains d’entre eux n’acceptent pas de faire la monnaie de 50, 100 ou même 20 DH pour un produit de 1 DH. Les touristes se trouvent aussi pris au dépourvu. Julie, parcourt le voisinage de la station Casa Voyageurs à la recherche d’une personne voulant bien lui faire de la monnaie sur son billet de 100 DH : «Je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas acheter les billets dans d’autres points de vente ou directement dans le tramway. On pourrait aussi envisager le paiement par billet».
«Je veux recharger ma carte de douze voyages. Je me retrouve obligé de chercher 72 DH de pièces. C’est tout simplement illogique, mais sachant que les distributeurs sont souvent en panne et les files d’attente sont de fait très longues en heure de pointe je n’ai pas le choix», affirme un usager du tramway qui le prend plusieurs fois par mois. Normalement, les distributeurs de billets pour le tramway de Casablanca proposent également l’option de payer par carte bancaire. Néanmoins, cette option n’est pas encore active. Si on essaie de se payer un ticket de tram par sa carte visa, on risque de passer plusieurs minutes d’attente sans résultat. Les usagers ne sont pas non plus confiants quant au recours à cette option. «Les distributeurs ne fonctionnent pas encore correctement. La plupart du temps, un sur deux est en panne et ils ne rendent pas toute la monnaie. Je ne m’aventurerai certainement pas à y introduire ma carte bancaire et encore moins mon code d’accès», nous confie un habitant de la capitale économique.
En effet, les pannes successives des machines à billets ne facilitent pas la tâche aux usagers. Il suffit de faire un tour à côté du distributeur installé au boulevard Hassan II en heures de pointe pour toucher de plus près les conséquences de ces pannes. «On perd beaucoup de temps à attendre. En plus, les agents sur place ne donnent aucune explication aux personnes qui utilisent le tramway pour la première fois. De fait, les autres usagers doivent s’en charger ou bien s’armer de patience, indique un habitué du tram. Ce lundi 19 août, j’ai du raté trois tramways venant de Sidi Moumen parce que l’un des distributeurs était en panne et l’autre “occupé” par un groupe de femmes qui ne savent pas comment le manipuler. Entre-temps, l’un des agents de casa Tram est venu prendre un ticket pour un ami et il est parti en laissant la pagaille derrière lui». Plusieurs dysfonctionnements sont relevés par les usagers du tramway. En plus des distributeurs défectueux, ces derniers se plaignent des retards et des billets défectueux qui les obligent à payer doublement un seul voyage. «Si le billet ne peut pas être validé par la machine on doit acheter un autre.
Pis, si on ne prend pas de reçu pour réclamer, on ne sera jamais remboursé par la société. Cette situation peut être très embarrassante pour les personnes qui n’ont que le prix du voyage sur eux d’autant que les agents de Casa Tram n’ont aucune autorité à régler les soucis des voyageurs à part les guider vers le centre de réclamations», indique un autre Casablancais. En cas de retard aussi ou de panne, plusieurs personnes se trouvent obligées de marcher des kilomètres à pied ou de demander des dirhams à d’autres passagers parce que le prix du ticket n’est jamais remboursé et une fois qu’on sort de la station on doit payer un autre billet même si on n’a pas dépassé une heure et qu'on est toujours sur le même trajet.