Fête du Trône 2006

«Le monde de demain se fera avec les collectivités locales»

06 Octobre 2013 À 15:13

Le Matin : Échanges d’expériences dans le domaine de la décentralisation et de la gestion locale, approfondissement des dialogues, mise en place de partenariats, renforcement des relations inter communes et inter villes.. Le ministre de l’Intérieur, M. Laennser, a résumé les acquis du quatrième Congrès de CGLU qui joue, dit-il, un rôle avant-gardiste dans le développement des villes. Qu’en retenez-vous personnellement en tant que directeur des projets d’ONU-Habitat ?Alioune Badiane : Nous apprécions fortement tous les efforts pour le mouvement municipal. Le Maroc y a apporté sa contribution en organisant ce quatrième Congrès au nom de l’Afrique. Cela a une signification : cela veut dire que l’Afrique se mobilise, qu’elle est capable de démontrer d’une seule voix son intérêt pour l’avancement des questions de décentralisation et du rôle et responsabilités des élus locaux. C’est en moins de deux décennies que tout ceci s’est mis en place et l’organisation elle-même, CGLU, a huit ans ! Et ce sont trois Africains, dont Kofi Annan aux Nations unies, qui étaient au levier d’institutions internationales, en collaboration avec la ville de Paris et de Rio, qui ont permis sa création. Aujourd’hui, nous savons que c’est avec les collectivités locales, avec les élus locaux que le monde de demain se fera, car la citoyenneté se fait à la base.

La décentralisation est un phénomène incontournable que l’on observe dans le monde entier, même s’il se fait à des rythmes et selon des modèles différents. Des sociologues comme Benjamin Barber prédisent la création rapide d’un Parlement mondial des villes. Qu’en pensez-vous ?Il nous appartient de rêver. Au lendemain de 1945, les États se sont donné les moyens de réguler leurs tensions pour contribuer à la paix mondiale, pourquoi les élus locaux ne le feraient-il pas ? Un Parlement mondial réunirait les élus locaux responsables de la gouvernance locale. Ce serait une deuxième Chambre des Parlements mondiaux des villes ! Les États reconnaissent aujourd’hui l’importance de la démocratie locale, surtout par l’afflux des partenaires internationaux qui voient en ce mouvement les mécanismes déclencheurs des dialogues sociaux qui devraient contribuer à ce que la citoyenneté s’exprime et que le développement local soit une réalité, avec des moyens de financement. Il y a une reconnaissance par la présence des grandes institutions internationales qui sont toutes présentes à Rabat : les Nations unies, la Banque mondiale, l’Unicef, le Pnud, ONU-Habitat, la coopération française, la coopération allemande... qui toutes comprennent les attentes des citoyens qui veulent être partie prenante des décisions du monde de demain. Rabat fait partie des étapes qui vont marquer d’une pierre blanche cette évolution du mouvement municipal mondial. Il faut s’en féliciter ! Nous avons discuté avec les autorités locales de ce que représente Habitat III. Par la localisation des objectifs pour le millénaire post-15 et d’ONU-Habitat, il y a un rôle que les autorités locales peuvent jouer. Il y a des pistes de méthodologie et des évidences qui montrent le rôle des autorités locales avec des contrats de performance. Les résultats de ce congrès nous montrent que nos espoirs étaient fondés.

L’Afrique accueillait le monde à Rabat. Un mot sur cette coopération entre le Maroc et l’Afrique ?L’Afrique était bien présente sous le leadership de M. Babacar Sall, maire de Dakar, président de CGLU Afrique, bien présente avec ses maires et les très fortes délégations venues du Mali, du Burkina Faco, du Kenya, de l'Afrique du Sud, de l'Afrique centrale, de l'Afrique subsaharienne... Nous sommes dans une perspective d’unité pour porter la voix de l’Afrique.

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