25 Mars 2014 À 18:25
Le prolapsus, ou «descente d’organes» est caractérisé par la descente de la vessie, de l’utérus, du rectum ou de l’intestin grêle dans les parois pelviennes ou anales. Cette condition provoque souvent des symptômes de lourdeur, de pesanteur, de congestion ou d’engorgement au niveau du périnée. Le prolapsus est principalement provoqué par un affaiblissement des ligaments de support de l’organe survenant lors d’efforts intenses et prolongés de poussée (constipation, travail physique intense, effort de soulèvement, station debout simple, accouchement multiple). L’âge, le tabagisme, la surcharge pondérale, les pathologies pulmonaires chroniques (toux, bronchite chronique) sont des cofacteurs importants dans le développement de ce problème. Il existe quatre principaux types de prolapsus pelvien. Le premier, et de loin le plus fréquent chez la femme, est le cystocèle («descente de vessie»). Il s’agit en fait d’une hernie de la paroi vaginale antérieure qui est affaiblie et ne soutient plus la vessie. Dans cette condition, la vessie bascule vers l’arrière et le bas dans le vagin. Les symptômes ressentis par la femme qui en souffre sont principalement en lien avec la fonction urinaire : impression de vidange incomplète après la miction, miction en deux temps, difficulté à initier la miction, tendance aux infections urinaires. Il n’y a pas nécessairement d’incontinence urinaire associée.
Le prolapsus utérin est, comme son nom l’indique, une descente de l’utérus. C’est le deuxième prolapsus le plus fréquent chez la femme. Dans cette condition, l’utérus glisse vers le bas dans le vagin. Il est lié à un défaut de soutien de l’utérus par les structures ligamentaires et musculaires abîmées par les antécédents obstétricaux, l’âge, la ménopause et d’autres cofacteurs tels que le tabagisme ou l’hérédité.L’entérocèle (ou descente de l’intestin grêle ou petit intestin) est le quatrième prolapsus à survenir chez la femme ; il est rare. Dans cette condition, l’intestin grêle ou petit intestin se faufile entre la paroi postérieure du vagin et la paroi antérieure du rectum en glissant vers le bas. Ce prolapsus peut donc appartenir à deux catégories, soit au prolapsus vaginal, soit au prolapsus rectal. En plus de la sensation de lourdeur et de masse au niveau vaginal ou anal, les symptômes ressentis par la femme souffrant d’un entérocèle sont principalement en lien avec la fonction défécatoire.
Si le prolapsus est généralement un problème fréquent chez la femme, les hommes aussi peuvent en être atteints. C’est notamment le cas pour le prolapsus rectal, caractérisé par un glissement du rectum vers l’orifice anal. Ce type de prolapsus survient surtout chez l’homme ou la femme souffrant de constipation chronique depuis de longues années et ayant la fâcheuse habitude de faire de longs et durs efforts de poussée pour évacuer les selles. En plus de la sensation de lourdeur et de masse au niveau anal, les symptômes ressentis sont principalement en lien avec la fonction défécatoire, pouvant rendre difficile l’évacuation des selles et pouvant entraîner l’extériorisation du prolapsus par l’anus lors de la défécation. Le prolapsus peut ou non s’intérioriser par lui-même une fois l’évacuation des selles terminée. S’il ne s’intériorise pas spontanément, la personne souffrant de cette condition devra manuellement refouler le prolapsus. Le prolapsus muqueux peut parfois être confondu avec une pathologie hémorroïdaire.
Recevez-vous beaucoup de patientes souffrant de prolapsus ?
Oui, on en reçoit de temps en temps. On ne peut pas dire beaucoup, car le terme est trop relatif, mais c’est vrai qu’il s’agit d’une pathologie fréquente. Cependant, le prolapsus est encore un sujet tabou dans notre contexte. Plusieurs femmes n’osent pas en parler ni à leur médecin, ni à leur entourage, d’où la nécessité de faire davantage de consultations et de les sensibiliser à ce problème, de les informer à chaque fois qu’on en a l’occasion de le faire pour pouvoir faire une prise en charge adéquate au cas par cas, en fonction de chaque profil de femmes, et en tenant compte de son âge et de sa pathologie.
Quels sont les facteurs de risque ?Les accouchements «difficiles» sont de loin le premier facteur prédisposant, surtout en cas de gros bébé (macrosomie). L'âge et la ménopause sont également un facteur de risque. Les différents types d’interventions chirurgicales dans la région du bassin peuvent également en être la cause. De même, certaines professions où la station debout prolongée et/ou le port de charges sollicitent de façon répétée le périnée et peuvent engendrer un prolapsus.L’hérédité joue certainement un rôle dans la prédisposition à avoir une faiblesse des tissus conjonctifs. D’autres facteurs de risque peuvent également intervenir : constipation sévère, tabac, obésité, efforts répétés (professionnels, sportifs ou domestiques), asthme, rhinite allergique, bronchite chronique, car ils entraînent tous des à-coups répétés dans cette zone sensible.
Quel traitement pour le prolapsus ?On peut faire de la rééducation périnéale pour améliorer le soutien des organes. Elle est conseillée déjà après un accouchement. Attention, elle ne corrige pas le prolapsus, mais peut stabiliser son évolution et différer le recours à la chirurgie. La deuxième solution réside dans la mise en place d’un pessaire (anneau ou cube de caoutchouc placé dans le vagin pour soutenir les organes). Ils permettent une bonne correction du prolapsus soit dans l’attente d’une chirurgie soit comme traitement chez les personnes âgées et/ou n’ayant peu ou plus d’activité sexuelle. Enfin, en cas de prolapsus trop avancé, la patiente aura certainement recours à un traitement chirurgical.
Quels conseils donneriez-vous à vos patientes pour éviter ce genre de désagréments ?La prévention de la «descente d’organes» féminins ou du prolapsus génital tient essentiellement au moment de l’accouchement qui doit se faire en milieu hospitalier sous surveillance médicale et qui nous permettra à nous, médecins-gynécologues, de faire une prise en charge correcte de l’accouchement afin qu’il se passe dans les meilleures conditions possibles. Cela évitera toutes les complications des délabrements vaginaux que l’on rencontre encore malheureusement ou les complications hémorragiques et infectieuses. Il faut également faire attention aux grossesses nombreuses pour une même femme, car cela ne peut malheureusement que contribuer de façon importante à cette pathologie.