L'humain au centre de l'action future

Amour, quand tu nous tiens

«Les charmes de Kenza» est le titre du dernier roman de l’écrivaine et poétesse marocaine Nadia Adib. Publié aux Éditions La Croisée des chemins, cet opus aborde le thème de la liberté d’aimer, de choisir son conjoint dans une société où la tutelle du père, la tradition, les coutumes, le conservatisme et les mariages arrangés sont la règle. Dans ce roman, le Prix de poésie «Fureur de lire» en France raconte une histoire d’amour à plusieurs, celle de Kenza avec deux hommes un chrétien Henrik que son cœur a choisi et Taj un musulman que son père lui a imposé.

04 Avril 2014 À 14:30

Kenza, une paysanne, jeune, pétillante, vertueuse. Henrik, un paysagiste chrétien, venu tout droit de France pour s’installer à Essaouira. Taj, un homme gentil, persévérant et respectueux, de la même communauté que Kenza. Entre les trois : une histoire d’amour. Kenza et Henrik s’aiment beaucoup. Et de surcroît, Taj, hanté par l’amour de la jeune femme, demande sa main à son père qui, convaincu par la sincérité de cet agriculteur, accepte sa demande sans hésitation. Choquée et perplexe, dos au mur et le cœur entre les dents, Kenza ne pouvant échapper à la tutelle du père, se voit obligée de se soumettre à ce mariage forcé.

Mais contre toute attente, Taj s’est révélé un homme d’exception qui, pour gagner l’amour de Kenza, décide de lui offrir la liberté d’aimer Henrik. Trop drôle pour être vraie. Un miracle. Ce roman de 189 pages aborde au passage plusieurs thèmes : le mariage forcé, la nuit des noces, l’autorité du père, la culture de la tribu, le conservatisme, le poids des traditions et des coutumes… Une histoire que le roman «Les charmes de Kenza» nous fait découvrir au fil des pages avec beaucoup de narration.

«C’est une histoire d’amour et de passion entre deux hommes et une femme. Kenza, l’héroïne n’est ni une fille de joie, ni une marginale. Il s’agit plutôt d’une femme vertueuse et réservée, que des circonstances aberrantes vont conduire dans les dédales d’une vie étrange, faite d’attente, de rencontres et de passions démesurées. En lisant ce roman, j’ai tout fait pour que le lecteur soit bercé dans un rêve, où la liberté ne connait pas de limite, où les tabous tombent comme des feuilles mortes. Il s’agit d’un mariage entre le traditionnel et l'ultra moderne, comme le suggère notre vie actuelle, tiraillée entre deux mondes», explique Nadia Adib.L’idée de ce roman lui est venue en 1991, quand elle rencontre une femme fabuleuse, dans un train. Celle-ci lui a raconté sa vie et elle l’a romancée. «Aujourd’hui, cette femme doit avoir soixante-dix ans. J’ai tout fait pour que l’histoire soit fidèle et l’anonymat sauvegardé, par respect pour sa vie», ajoute l’écrivaine et poétesse.

À vrai dire, Nadia Adib nous raconte ici une histoire d’amour choquante à plus d’un titre, dans une société où le référentiel religieux est très fort. «C’est comme si vous me disiez pourquoi la danse du ventre en Orient ? Pourquoi les Chikhates au Maroc ? Ces artistes sont vénérées et pourtant elles ne représentent pas le profil de la femme musulmane idéale. À mon sens, plus nous vivons dans un monde fermé, plus les paradoxes deviennent flagrants. L’être humain a tendance à accepter ce qui ne lui ressemble pas, pour l’unique besoin de rêver», s’insurge-t-elle.

C’est dire que Nadia assimile Kenza à ces artistes qui «fleurissent dans des milieux austères, un terreau insoupçonné pour l’invraisemblable». L’auteur de «L'églisynamos», aux Éditions «La Bruyère» en France, revient avec ce second roman, «Les charmes de Kenza», sélectionné pour le Prix Tour Sofitel 2014, sublime, sans complaisance. Elle a occupé plusieurs postes de responsabilité dans des multinationales, mais sa passion pour la littérature et l’écriture est très forte. Cette passion lui a valu le Prix de poésie «Fureur de lire» en 1991 et celui de «La Nouvelle au forum de la femme de Méditerranée» en 2007. Aujourd’hui, après «Les charmes de Kenza», Nadia Adib est en phase d’écriture de plusieurs romans. Et pas des moindres. «J’en ai déjà quatre dans les tiroirs, dont un qui me tient à cœur et que j’aimerais publier, prochainement. Ce ne sera pas un roman d’amour, mais plutôt un récit historique où la lumière jaillit des nuits et l’obscurité des évidences. Je ne peux rien dire de plus», conclut-elle. Croisons les doigts, alors ! Mais en attendant, son roman «Les charmes de Kenza» nous propose un voyage à travers les mots dans un univers où se déroule une histoire d’amour étrange, qui est tout sauf imaginaire. 

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