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Le site d'Al-Mazamma à l'abandon

La ville portuaire d’Al-Mazamma, à Al Hoceima, a été fondée au 9e siècle puis abandonnée et partiellement détruite au 17e siècle. Aujourd’hui, seuls quelques vestiges résistent aux siècles et au sable. En l’absence d’une loi le classant comme «patrimoine archéologique national protégé», le site d’Al-Mazamma souffre du manque d’entretien et d’outils pour sa mise en valeur culturelle et touristique. Seul un grillage, de surcroit en projet, est censé protéger ce site de neuf hectares de superficie.

En l'absence d'une législation, le site d'Al-Mazamma est livré aux quatre vents.

05 Février 2014 À 12:43

Àune dizaine de mètres de la plage de Souani d'Al Hoceima et au milieu d'une épaisse forêt d'eucalyptus, gît un trésor archéologique d'une valeur inestimable, la cité d'Al-Mazamma. Érigée au 9e siècle, Al-Mazamma était le port de la ville de Nokor, elle-même capitale du premier État musulman au Maroc fondé en l’an 710, soit un an avant la conquête de l’Andalousie. Hassan El Ouazzane, Léon l’Africain, en fit une description et donna un aperçu sur les principales activités Al-Mazamma : construction de bateaux, confection d'ustensiles à base d'argile, architecture, citadelle défensive… Cependant, un rapport publié dans le cadre du Programme d'aménagement côtier du Rif central (PAC-Maroc) sur le «Patrimoine culturel historique du Rif central» a signalé que malgré l'importance des potentialités archéologiques de ce site, on constatait qu'il souffre aujourd'hui d'un manque d'entretien, surtout en ce qui concerne les structures dégagées et fragilisées, comme on constate l'absence des infrastructures nécessaires à sa mise en valeur (itinéraires, signalisation, panneaux). Le président de l'association Mémoire du Rif, Omar Lemallam, indique que les fouilles partielles qui ont été effectuées ont permis de déterminer la superficie totale de la ville estimée à neuf hectares. Mais ce dernier déplore que jusqu'à présent aucun texte légal n'ait été promulgué par les autorités compétentes pour préserver ce site historique en le considérant comme un patrimoine archéologique national protégé.

Aucune disposition pour les sites non classés

Le rapport PAC-Maroc fait ressortir que l’inventaire des sites et monuments historiques non classés n'est pas pris en compte. Seule la protection des patrimoines historiques a été instaurée par la loi du 25 décembre 1980. En revanche, cette loi ne détermine pas la façon dont le patrimoine culturel doit participer au développement de la société. «Le point faible de cette loi est qu’elle ne prévoit aucune disposition particulière concernant les sites et monuments non encore classés», peut-on lire dans la synthèse de ce rapport établi à la demande du secrétariat d'État chargé de l'Eau et de l'environnement et du Centre d'activités régionales pour le Programme d'actions prioritaires du Plan d'action pour la Méditerranée du PNUE (Programme des Nations unies pour l'environnement). La fouille engagée sur le site depuis le premier janvier 2010 a permis la délimitation du site et le dégagement des remparts de la ville médiévale du côté sud, nord-ouest et nord. Cette fouille a qualifié l’état physique de ce site de «mauvais», le niveau d’intégrité «à l’état de vestige, mais qu'il pouvait être intégré au paysage» et l’usage d’«abandonné».Selon la MAP, le président de la commune urbaine d'Ajdir, Abdelilah El Hattach, dont le site archéologique est situé dans son territoire de compétence, n'a pas caché son inquiétude quant à la situation actuelle de ce patrimoine ancestral, notant que la commune prévoyait de construire une clôture en grillage pour délimiter le site et éviter sa détérioration, ajoutant, d'autre part, que la commune avait adopté durant sa dernière session le projet du classement du site d'Al-Mazamma comme patrimoine national.

Deux sites classés dans le Rif

Il y a actuellement 150 sites et monuments classés au Maroc. Dans cette liste, seuls deux monuments classés existent dans le Rif central. Il s’agit de la grande mosquée de la ville de Chefchaouen et de la casbah de cette même ville. La ville de Chefchaouen a également fait l’objet d’une demande, auprès de l’Unesco, pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial. 

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