Spécial Marche verte

Attention aux carences en fer !

Fatigue, teint pâle, essoufflement, maux de tête, si vous ressentez régulièrement ces symptômes, il faut aller voir un médecin. C’est peut-être une anémie.

une analyse sanguine reste nécessaire pour confirmer la suspicion du médecin et pour quantifier l'importance de l'anémie.

07 Janvier 2014 À 18:11

L’anémie fait partie des troubles de santé qui sont relativement fréquents. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 25% de la population mondiale souffre d’anémie. La moitié de ces cas serait attribuable à une carence nutritionnelle en fer. Les femmes qui ont des menstruations abondantes, les enfants en âge préscolaire et les femmes enceintes sont les exposés au risque d’anémie. «Je viens d’apprendre que je souffre d’anémie. En faisant un bilan santé le week-end dernier, mon médecin m'a dit que j’ai une grave baisse de fer donc une anémie, ce qui justifie mon état pendant ces derniers jours, visage pâle, fatigue…», confie Hanâa, 29 ans. L'anémie correspond à une carence de globules rouges ou d'hémoglobine dans le sang. Les globules rouges sont des cellules que l’on retrouve dans le sang. Ils servent, entre autres, à apporter de l’oxygène aux tissus et aux organes. Les personnes atteintes d’anémie peuvent se sentir fatiguées et s’essouffler plus facilement qu’à l’habitude, car leur cœur doit travailler plus fort pour approvisionner leur corps en oxygène. «Les principaux signes qui font suspecter une anémie sont la pâleur de la peau, la fatigue excessive, un essoufflement exagéré, le rythme du cœur qui s'accélère (tachycardie), des maux de tête, des vertiges, des bourdonnements d'oreilles ou encore des troubles visuels. Mais le seul critère sur lequel un médecin peut s'appuyer pour confirmer la présence d'une anémie avant même de réaliser une prise de sang est la pâleur des conjonctives qui consiste à observer les faces intérieures des paupières pour constater qu'elles sont pâles au lieu d'être roses ou rouges. Cela dit, une analyse sanguine reste nécessaire pour confirmer la suspicion du médecin et pour quantifier l'importance de l'anémie», explique Dr Amine Joundy, généraliste.

Types d’anémie

On distingue plusieurs types d’anémies, comme l’anémie ferriprive qui est la forme d’anémie la plus répandue. Elle modifie la taille des globules rouges, qui deviennent plus petits que la normale. Il y a également une anémie qui est causée par une carence en vitamines. Ce type d’anémie produit des globules rouges déformés et très gros (les plus courantes sont celles causées par une carence en vitamine B12 ou en vitamine B9, acide folique). En outre, plusieurs maladies chroniques (et parfois leurs traitements) peuvent réduire la quantité de globules rouges en circulation dans le sang. C’est le cas du cancer, de la maladie de Crohn et de maladies inflammatoires comme l’arthrite rhumatoïde. L’insuffisance rénale peut aussi provoquer l’anémie, car les reins sécrètent l’érythropoïétine, l’hormone qui stimule la production des globules rouges. Parmi les types d’anémie qui existent, on trouve aussi l’anémie hémorragique. En effet, une perte de sang importante survenue après un grave accident, une intervention chirurgicale ou un accouchement, par exemple, peut rapidement causer une anémie. Certains problèmes gastro-intestinaux (un ulcère gastroduodénal, des polypes intestinaux ou un cancer colorectal) peuvent aussi y conduire, mais cette fois en entraînant une légère et constante perte de sang dans les selles (parfois invisible), sur une longue période.

Prévention

Il existe certaines règles à suivre pour prévenir une anémie. «Avant tout, il est important d’éviter de faire des régimes alimentaires aberrants (comme le régime aux pommes par exemple) ou végétaliens stricts, car ils ne répondent pas aux besoins minimaux en vitamine B12 qui ne se trouve que dans les aliments d’origine animale. Par ailleurs, il faut insister sur l’importance de ne pas consommer de thé au cours des principaux repas, car le thé est un chélateur de fer, c'est-à-dire une substance qui empêche l’absorption du fer par le corps», explique Dr Joundy. «Enfin, concernant le cas des femmes enceintes, elles ont besoin d’un apport plus important en fer, car le fœtus qui grandit dans leur ventre constitue ses propres réserves en fer aux dépens de celles de sa mère, ce qui peut entrainer une anémie à la fois chez la mère et chez le nouveau-né si celle-ci n’a pas reçu assez de fer au cours de sa grossesse. C’est pour éviter cela que la plupart des médecins qui suivent des femmes enceintes leur prescrivent des médicaments ou des compléments alimentaires riches en fer». 


Explications

Dr Amine Joundy, généraliste

«La maigreur n'est pas un symptôme d'anémie»

Quand est-ce que l'anémie peut être dangereuse ?Avant de parler de la dangerosité d'une anémie, il est nécessaire d'en donner la définition. On parle d'anémie lorsque la quantité d'hémoglobine dans le corps d'une personne descend en dessous d'un certain seuil ; l'hémoglobine étant la substance qui transporte l'oxygène dans le sang pour le distribuer aux différents organes du corps. Par conséquent, si le niveau d'hémoglobine est trop bas cela peut entraîner des troubles cardiaques majeurs ou des troubles neurologiques pouvant aller jusqu'au coma. Ceci est d’autant plus vrai si l’anémie s’est installée rapidement ou encore si elle survient chez une personne fragilisée par une autre maladie.Mais, si une anémie peut être dangereuse en elle même comme nous venons de le décrire, elle peut aussi être le témoin d'une maladie grave sous-jacente. Car il faut bien comprendre qu'une anémie n'est qu'un symptôme biologique dont les causes sont multiples, allant de la simple carence en fer qui est la source la plus fréquente d'anémie, jusqu'aux cancers du sang qui sont heureusement beaucoup plus rares.

Est-ce qu'une personne qui souffre d'anémie doit faire des évaluations en hématologie de façon régulière ?La démarche classique lorsqu’un médecin suspecte une anémie chez une personne est de prescrire un premier bilan sanguin pour confirmer le diagnostic. Dans un second temps, si le diagnostic est confirmé, un bilan complémentaire est indispensable pour déterminer la cause de l'anémie. Enfin, en fonction de la cause de l'anémie, le suivi varie. Par exemple, pour une anémie par carence en fer, un traitement est prescrit durant quelques mois et un simple contrôle biologique en fin de traitement pour en vérifier l'efficacité suffit généralement, sans nécessité de suivi à long terme. En revanche, lorsque la cause est plus sérieuse, un suivi régulier est indispensable.

Existe-t-il un lien entre la maigreur, le visage pâle... et l'anémie ?La maigreur n'est pas un symptôme d'anémie, mais elle peut orienter vers une cause possible d'anémie si elle est due à un régime trop strict, responsable d'une carence en fer, en vitamine B12 ou en acides foliques (vitamine B9). Pour ce qui est de la pâleur du visage, c'est en effet le symptôme le plus courant d’anémie.

Quels sont les moyens de traitements de l'anémie ?Mis à part le cas particulier de l'anémie profonde (chiffres très bas de l'hémoglobine) dont le traitement est urgent et consiste en une transfusion sanguine, dans tous les autres cas il faut traiter la cause de l'anémie pour la faire disparaitre. Par exemple, en cas de carence en fer, le traitement consiste à prendre du fer quotidiennement pendant quelques mois pour que tout rentre dans l'ordre. Mais comme nous l'avons dit précédemment, il existe de très nombreuses causes possibles d'anémie ayant chacune un traitement bien spécifique. Donc, toutes les anémies ne se traitent pas par simple régime ou par la prise de fer.

Copyright Groupe le Matin © 2024