05 Mai 2014 À 17:32
Le projet de Tamesna aurait-il été pensé à la hâte ? Depuis l’ouverture de cette ville, plusieurs problèmes ont éclaté suscitant la grogne des habitants, à commencer par l’absence de moyens de transport, le non-raccordement de certains immeubles au réseau d’assainissement et le manque d’éclairage dans certains quartiers. À ces dysfonctionnements, s’ajoutent des problèmes liés cette fois à la date de remise des logements. Quelques projets immobiliers menés dans le cadre de partenariat entre le groupe Al Omrane et des promoteurs immobiliers étrangers se trouvent dans une situation de blocage, engendrant des problèmes sérieux pour les bénéficiaires concernés par des produits sociaux et les sociétés étrangères de promotion immobilière.
Ce feuilleton a démarré en 2009, avec la société «General Contractor». L’entreprise, qui souffrait de graves problèmes financiers et de gestion, n’a pas pu respecter les engagements et les obligations contractuelles avec ses clients, surtout ceux relatifs aux dates de livraison fixées à partir du quatrième trimestre de 2007. Le non-respect des échéanciers vis-à-vis des clients a entrainé d’autres problèmes, notamment le retard dans les règlements des fournisseurs, l’arrêt des chantiers et les saisies conservatoires sur les biens. En effet, Al Omrane avait même retiré les terrains accordés à l’entreprise, vu qu’elle n’avait pas honoré ses engagements de construire et de livrer des logements sociaux à temps. En réaction, les clients qui avaient déjà versé des avances allant jusqu’à 48% du prix total de la vente ont recouru au ministère de l’Urbanisme et de l’aménagement de l’espace pour demander son arbitrage dans le conflit.
Cinq années plus tard, la même entreprise récidive. Mais cette fois, elle n’est pas la seule. La société malaisienne Al Hidaya Développement est également pointée du doigt pour ne pas avoir honoré ses engagements. Au total, elles sont pas moins de 3.500 familles victimes de ce retard qui a duré plus de cinq ans, puisque les projets ont démarré à la fin de 2009. Soucieux de trouver une solution à ce problème, le ministère de l’Habitat et de la politique de la ville, qui a été saisi par les familles victimes pour un arbitrage, a mandaté une commission de médiation, présidée par l’inspectrice régionale de l’Habitat, Amina Bouktab, pour mener des consultations auprès des parties concernées afin de dégager des propositions concrètes susceptibles d'aboutir à des solutions rapides et acceptables par les parties en conflit. Mais devant le non-respect des engagements de la société malaisienne, Al Omrane Tamesna a décidé d’entamer une procédure de poursuite judiciaire. Quant au ministère, il poursuit les négociations dans le cadre de son statut de médiateur.
«Nous allons poursuivre la médiation entre les deux parties pour trouver une solution, car la situation de ces projets immobiliers impacte négativement les efforts entrepris par le ministère pour dynamiser le développement de la ville nouvelle de Tamesna et porte atteinte à son image et à son attractivité», souligne une source au département de Nabil Benabdellah.
Pour leur part, les familles comptent poursuivre leurs actions pour trouver une issue favorable à ce dossier. Dans ce sens, les protestataires viennent d’organiser un sit-in mercredi dernier à Rabat afin de faire entendre leur voix. «Les deux entreprises devront assumer les conséquences de leur retard qui a porté préjudice à beaucoup de familles. Certains bénéficiaires sont d’ailleurs décédés en attendant la date de livraison de ces appartements, alors que toutes les familles ont versé 60% de la valeur de ces biens. C’est scandaleux !» s’exclame Miloud Hachimi, président de l’Association Tamesna pour le développement.