08 Décembre 2014 À 18:02
La durée de vie des matériels informatiques n’est que de 3 à 4 ans en moyenne. Et dans leur course technologique, des centaines d’entreprises se retrouvent avec des stocks énormes de matériels réformés. En plus de ces stocks, ce sont des centaines de conteneurs de matériel de seconde main qui arrivent au pays. Résultat : des millions d’équipements informatiques et électroniques stockés n’importe où et n’importe comment.
Il n’existe pas de chiffres officiels pourtant, «les déchets informatiques représentent, à court terme, un risque pour l’environnement au Maroc», lance d’emblée, Ouafa Kathir, directrice générale d'Afrique du Nord et francophone du cabinet International Data Corporation (IDC) lors de la conférence organisée hier, en partenariat avec IBR Green systems, opérateur de recyclage des déchets informatiques au Maroc. «Chaque année, le Maroc produit près de 2,4 millions de kg de matériels informatiques, 3,6 millions de kg de déchets de téléphones portables et beaucoup plus en déchets de gros serveurs informatiques», confie au "Matin" Mounsef Ben Haddouch, manager pour l’Afrique d’IBR.
Outre la prise de conscience environnementale désormais installée dans les grandes entreprises, le recyclage des déchets informatiques est devenu une économie à part entière sous d'autres cieux. Les tris sélectifs des matières premières, la réutilisation des pièces détachées et, par conséquent, la prolongation du cycle de vie des équipements (revalorisation) constituent les 3 écosystèmes majeurs de cette nouvelle économie.
Un secteur sur lequel s’est positionné IBR Green systems. Implantée à Nouaceur depuis un peu plus d’un an, la société filiale du groupe Eurazeo a investi plus de 300.000 euros au Maroc pour monter son unité locale. IB-Remarketing emploie 200 salariés dans ses 11 filiales réparties sur 85 pays. Son chiffre d’affaires est en croissance de 30% par an. Celui de l’année dernière tournait autour de 60 millions d’euros. Depuis son bureau casablancais, IBR compte adresser tout le marché africain du recyclage.
Au Maroc, les secteurs bancaires et télécoms sont particulièrement concernés par l’offre IBR. Constamment soumis à la concurrence, les performances techniques des acteurs de ces marchés sont souvent limitées par l’obsolescence programmée de leurs infrastructures SI. Leurs budgets d’achats de nouveaux équipements sont lourds et, par conséquent, les stocks de matériel à réformer s’étendent. Le rythme d’amortissement devenant beaucoup plus long que celui des innovations technologiques, il devient plus rentable pour les entreprises concernées de revendre ces stocks. Bruno Demolin, président du groupe IBR Green systems, en veut pour exemple les systèmes de stockage en réseau.
Neufs, certains modèles, permettant une capacité de stockage dépassant les 470 Téraoctets (To), coûtent entre 2 et 4 millions de DH. En fin de vie, au lieu de les jeter, IBR propose de les racheter jusqu’à 200.000 DH. Beaucoup d’organismes «sont aujourd’hui prêts à payer pour se débarrasser de leurs stocks en matériel réformé», souligne le directeur SI d’une banque de la place. Organisée sur le thème «Recyclage informatique intelligent : gestion d’obsolescence IT, revalorisation hardware et productivité», la conférence a été également l’occasion de rappeler que le recyclage peut prolonger la durée de vie d’un matériel informatique pour atteindre 7 ans, alors que celle-ci n’est que de 3 ans en moyenne. Car si les déchets peuvent être recyclés à 95%, les équipements informatiques sont réutilisés à hauteur de 15 à 30%. Une véritable opportunité qui s’offre désormais aux PME pour accéder à du matériel haut de gamme à des budgets raisonnables.