13 Octobre 2014 À 12:38
Rien ne justifie de maintenir à la même date (17 janvier-8 février 2015) l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations. Le dernier rapport de l’Organisation mondiale de la santé est alarmant. Il met en garde contre des rassemblements humains. Selon le ministre de la Santé El Houcin El Ouardi, la demande de report de tous les grands rassemblements humains repose sur les recommandations de l’OMS en matière de gestion des crises sanitaires basée sur le règlement sanitaire international qui invite les pays à prendre toutes les décisions souveraines appropriées à la situation épidémiologique et les mesures visant la protection des citoyens. Il s’agit donc d’une mesure prise à titre préventif dans l’intérêt de la santé des citoyens africains. D’ailleurs, plusieurs pays ont décidé de fermer leurs frontières avec des pays touchés par l’épidémie. C’est le cas du Sénégal. C’est aussi le cas de l’Arabie saoudite qui a décidé à titre préventif d’interdire le pèlerinage cette année pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. La France ainsi que certains pays européens ont suspendu leurs liaisons aériennes avec tous les pays touchés par le virus Ebola. La demande du Maroc ne doit en aucun cas ni choquer ni susciter un débat stérile. Certes, le Maroc a mis en place un dispositif pour veiller à contenir l’arrivée du virus sur notre territoire, mais ce dernier ne peut pas être suffisant face aux dizaines de milliers de spectateurs qui vont affluer sur le Maroc pour suivre la CAN 2015.
Au moment où le virus se propage à vitesse grand V, la meilleure solution pour tous est de demander le report. Rien ne justifie de courir le risque de menacer la santé publique surtout que ce virus a déjà touché plus de 8.000 personnes et tué plus de 4.000. L’OMS se montre même pessimiste pour les prochains mois, d’où sa mise en garde contre des rassemblements humains. Or, malgré le risque élevé de la propagation de l’épidémie, une certaine presse algérienne se lance déjà dans la surenchère en invoquant des rumeurs que seul ce canard a entendu comme quoi le Maroc risque une suspension de 10 ans au cas où il maintiendrait sa position. Or, rien dans le règlement de la Confédération africaine ne prévoit une telle mesure. Pour rafraîchir la mémoire à nos confrères algériens, le Maroc ne s’est jamais dérobé de ses responsabilités. En 1988, il a accepté d’organiser en catastrophe la compétition après le désistement du Kenya. Cette mesure est le moindre mal puisqu’il serait difficile de contrôler toutes les personnes qui rentreront au Maroc lors de la CAN. Le Maroc, par la voix du ministre de la Jeunesse et des sports Mohamed Ouzzine, a réitéré l’attachement du Royaume à organiser la CAN 2015 : «Le Maroc est attaché à l’organisation de la CAN. La demande du report a été faite dans le souci de préserver la santé des citoyens africains», nous a-t-il indiqué.
La Confédération africaine de football (CAF) s’est contentée d’un bref communiqué en réponse à la requête marocaine. Elle a précisé qu’aucun changement n’est à l’ordre du jour du calendrier de ses compétitions et évènements. Et de poursuivre que la demande marocaine sera traitée lors de la prochaine réunion du comité exécutif de la CAF prévue le 2 novembre prochain à Alger en marge de la finale retour de la Ligue des champions de la CAF 2014. La CAF a précisé également que depuis la première édition en 1957, jamais la Coupe d’Afrique des nations n’a fait l’objet d’une déprogrammation ou d’un différé. Seulement, elle a oublié de dire que la CAN n’a jamais été confrontée à une épidémie d’Ebola de grande envergure qui menace la santé des citoyens africains.
Entre le principe des intérêts financiers que va certainement mettre en avant la CAF et la préservation de la santé des citoyens du continent, il faudra choisir le principe de précaution. Le verdict du maintien ou du report de la compétition sera prononcé le 3 novembre à l’issue d’une rencontre entre Issa Hayatou et les responsables marocains à Rabat. Pour rappel, la CAN devra se tenir du 17 janvier au 8 février dans les villes de Rabat, Marrakech, Agadir et Tanger.