Spécial Marche verte

Le redoublement, une épreuve difficile pour toute la famille

Rares sont les élèves qui n’ont jamais rencontré de soucis au cours de leur scolarité. Pour les parents, il est toujours difficile de «digérer» un mauvais résultat scolaire de leur enfant, surtout lorsqu’il s’agit d’un redoublement.

L'enfant en échec scolaire doit se sentir soutenu par ses parents.

12 Juin 2014 À 16:16

L’année scolaire s’est rapidement écoulée. L’heure est maintenant aux résultats. Si certains sont contents parce qu’ils ont eu de bonnes notes, d’autres sont en train de passer de jours difficiles, à cause de leurs mauvais résultats ou de leur redoublement. Généralement, une nouvelle comme ça est perçue comme une catastrophe, tant par l’enfant que par ses parents. Ces derniers ont souvent du mal à être compréhensifs lorsqu’ils sont mis dans de telles situations. Chez la plupart d’entre eux, les mauvaises notes ou le redoublement déclenchent colère et déception. Ces émotions s’insinuent alors dans la communication entre enfants et parents et donnent lieu à des critiques et des reproches de la part de ces derniers.

Mais il est important de savoir qu'en agissant de la sorte, les parents ne font qu'aggraver la situation et que l'enfant, obstiné comme il est, ne prêtera aucune attention aux critiques et persistera dans ses errements. La colère des parents face à l’échec scolaire peut également entraîner des conséquences négatives, comme inciter l’enfant à ne plus mentionner dorénavant les mauvais résultats ou le rendre moins réceptif à l’aide offerte. Il faudrait plutôt comprendre les raisons de ses mauvais résultats. Il se peut qu’il soit placé dans une classe à problèmes. Il est donc recommandé de prendre le temps de réfléchir à ce résultat, de discuter entre parents pour trouver ensemble la meilleure solution à cette situation avant d’en parler à l’enfant.Il faut essayer de dédramatiser la situation, pour pouvoir en parler avec l'enfant dans les termes les plus positifs et se montrer plus compréhensif et sympathique.

S'il n'a pas pu réussir son année scolaire, il doit réussir son redoublement. Bien que ce soit difficile à croire du point de vue des parents, en des moments pareils, l'enfant souffre en silence. Il se sent inférieur par rapport à ses camarades de classe et a le plus grand besoin du soutien moral de ses parents pour aller au bout de la crise.Démotivation, perte de confiance, mauvaise estime de soi, ce sont les principaux symptômes développés par la majorité des jeunes redoublants. Ces derniers sont fragilisés et développent des sentiments d'échec, d'infériorité, d'impuissance et surtout d'humiliation. Ils se retranchent derrière une attitude butée et refusent en bloc tout conseil, marquant par là un mécontentement face à un événement qu'ils ne maîtrisent pas. Ils peuvent même sombrer dans une dépression. C'est pourquoi une bonne attitude des parents ne peut qu'être bénéfique pour que l'enfant traverse ce passage sans crise profonde et sans souffrir de troubles psychiques graves.

Il faut faire attention à ne pas culpabiliser le petit pour ce malheureux incident et, surtout, il ne faut pas le comparer à ses camarades et encore moins à ses frères. 


Explications

Dr Houda Hjiej, Pédopsychiatre

«Il faut éviter d'imputer toute la responsabilité à l'enfant»

Que signifie le redoublement d’un enfant ?Le redoublement n’est pas une finalité en lui-même, il est toujours la conséquence d’un dysfonctionnement qui peut être de plusieurs natures. Un redoublement est souvent proposé pour un enfant n’ayant pas les compétences nécessaires pour passer au niveau supérieur, ces capacités peuvent être aussi bien scolaires qu’émotionnelles.

Quel conseil pouvez-vous donner aux parents d’élèves redoublants pour qu'ils gardent leur sang-froid ?Le plus important, c’est le vécu des parents vis-à-vis de ce redoublement. L’enfant réagira de façon positive ou négative en fonction de la représentation que les parents ont du redoublement. Les parents réagiront plus ou moins bien en fonction du sens que cela a pour eux. Celui-ci peut être perçu, soit comme leur échec personnel ou comme une consolidation de quelque chose qui va permettre à l’enfant de mieux s’épanouir par la suite. Parfois, l’échec de l’enfant peut être perçu par les parents comme un acte agressif de celui-ci à leur égard, ce qui complique encore plus les choses.

Est-ce que l’échec scolaire peut avoir des conséquences négatives sur l'enfant ?Le plus dur pour l’enfant c’est la réaction négative des parents par rapport à son échec scolaire. Mais l’enfant peut aussi refuser un redoublement et mal le vivre, à cause du décalage que cela peut créer entre lui et ses camarades de classe, mais ceci est plus facile à gérer avec l’enfant que la culpabilité qu’il peut ressentir vis-à-vis de ses parents. Il faut justement éviter de le culpabiliser et de lui imputer toute la responsabilité.

Comment peut-on préparer psychiquement son enfant pour l’année suivante ?Le fait que l’enfant comprenne ce qui s’est passé et comment il serait possible d’y remédier va lui permettre de se sentir compris accompagné et surtout il pourra comprendre que cet échec n’est pas une fatalité et surtout pas quelque chose de définitif, signant son échec.

Est-il important de profiter des vacances d’été pour faire des cours de soutien ?Il n’est pas systématique que les cours de soutien puissent remédier aux difficultés de l’enfant, notamment quand elles sont d’ordre émotionnel.Et souvent, les enfants traînent des difficultés pendant longtemps et le redoublement vient justement mettre les parents face à la réalité d’un enfant qui a besoin d’aide, mais pas obligatoirement une aide purement scolaire.


Témoignage

Afaf, 35 ans, maman de Rayan, 9 ans

«Mon enfant va probablement redoubler»

«Mon fils Rayan a 9 ans, il est en CM1. C’est un garçon très intelligent, mais à l'école, il est vraiment nul. Je l’aide à faire ses devoirs tous les soirs, mais le lendemain, j'ai l'impression de n'avoir rien fait. Lorsqu’il est en classe, il est comme dans un autre monde, sa maitresse perd la tête, elle ne sait plus comment le faire réagir. D’ailleurs, elle m’a convoquée la semaine dernière pour me dire qu’il a eu de très mauvaises notes ce deuxième semestre et qu’il va probablement redoubler. Cette nouvelle m’a beaucoup choquée parce que jusque-là, même s’il n’a jamais été un élève brillant, il n’a tout de même jamais redoublé. J’en ai parlé à son père qui est également très déçu et qui compte le punir sévèrement. En ce qui me concerne, je crois plutôt qu’il faut que je l’emmène voir un psychologue.»

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