07 Septembre 2014 À 14:11
Les pays d’Afrique du Nord, dont le Maroc, ont une opportunité historique à ne pas rater. Le constat est du groupe Banque africain de développement (BAD) dans son rapport d’activité 2014 relatif à la région et intitulé «La recherche de l’inclusion». Pour les experts de la Banque, les forces démographiques devraient continuer à générer une offre croissante de travailleurs jusqu'en 2020. Ce qui, moyennant un marché du travail bien fonctionnel et un climat de l'investissement attrayant, pourrait favoriser une forte croissance. «L'avènement de nouveaux gouvernements dans la région pourrait fournir l'élan nécessaire à la mise en œuvre des réformes structurelles ambitieuses nécessaires pour tirer profit de ce dividende démographique», explique-t-on dans le document de 280 pages.
La recette de la BAD aux pays de la région : les pouvoirs publics doivent répondre aux besoins immédiats de transition, tout en ayant présents à l'esprit les problèmes à long terme qui entravent la création d'emplois. Pour les experts de l’institution, l'élaboration de programmes actifs en faveur du marché du travail doit prendre en compte l'expérience internationale, y compris la tenue de consultations avec un vaste éventail d’acteurs, en particulier des entreprises du secteur public. «Ces programmes doivent également se focaliser sur le développement de statistiques appropriées sur la dynamique du marché du travail et sur les tendances et les qualifications recherchées par les employeurs, ainsi que sur leur utilisation pour permettre aux jeunes travailleurs d'orienter leur carrière», détaille le rapport.
La BAD recommande également l’inclusion du ciblage efficace des personnes ayant le plus besoin d'assistance et l’établissement de liens entre la formation professionnelle et la recherche d'un emploi, d’une part, et entre les mécanismes de l'entrepreneuriat et l'accès aux financements, aux marchés et à la formation, d’autre part. Aux yeux des experts de la Banque, la réforme de la réglementation du marché du travail est essentielle pour le succès de la transition. Mais elle n’est pas suffisante. «En effet, l'allègement des restrictions au licenciement des travailleurs et la réduction des exigences en matière de cotisations sociales doivent s'accompagner de la mise en place de filets de sécurité sociale et d’améliorations dans la représentation collective, afin de protéger les travailleurs et d'éviter des difficultés excessives pendant la Transition», explique l’institution.
Le rapport relève, par ailleurs, que la capacité des pays d'Afrique du Nord à mettre en œuvre des réformes ciblant leurs marchés du travail varie d’un pays à l’autre. En clair, le niveau des ressources financières, la qualité du capital humain, la solidité des institutions et la nature du processus de transition, pour ne citer que ces facteurs, diffèrent largement dans la région. «Ainsi, alors que ces pays connaissent à certains égards les mêmes problèmes, il y a des différences dans la profondeur, le rythme et le calendrier souhaitables des réformes», décryptent les auteurs du rapport. Parmi les principes fondamentaux à observer pendant le processus de réforme, il y a lieu de citer l'importance du maintien de la stabilité macroéconomique, l'amélioration du climat des affaires, le développement des compétences demandées par le secteur privé (notamment la formation professionnelle) et le respect de la primauté du droit.
Si la BAD insiste sur l’emploi et l’insertion professionnelle dans son document, c’est qu'elle a constaté que les marchés du travail de la région avancent à deux vitesses, marqués par une fracture importante entre les secteurs formel et informel. «Le taux de participation au marché du travail de la population en âge de travailler reste très faible, inférieur à 50% et, du coup, celui du chômage frôle les 10% dans tous les pays d’Afrique du Nord – considérablement plus que la moyenne mondiale», déplore le rapport. De plus, les jeunes de 15 à 24 ans risquent d'être trois fois plus au chômage que les adultes de 25 ans et plus. Le chômage est donc particulièrement élevé parmi les jeunes éduqués et les femmes. Selon la BAD, celles-ci sont deux fois plus susceptibles d'être au chômage que les hommes. Et la situation s’avère plus grave pour les jeunes femmes âgées de 15 à 24 ans, trois fois plus exposées au chômage que les femmes de plus de 24 ans.