26 Mars 2014 À 18:03
Le Matin : Pourquoi avez-vous choisi Dakhla pour la tenue de la dernière session de la commission mixte Maroc-UE avant les élections du Parlement européen prévues le 25 mai prochain ? Abderrahim Atmoun : La tenue de cette ultime réunion annuelle de la commission parlementaire mixte avant les élections du Parlement européen à Dakhla est un signal politique très fort qui a été recommandé par le bureau de la CPM en décembre. Nous avons fait ce choix juste après le vote du protocole de pêche par le Parlement européen qui a représenté, pour nous, une reconnaissance du travail et du dynamisme de la commission parlementaire mixte. La tenue de la sixième réunion annuelle de la CPM dans les provinces du Sud donne l'occasion aux parlementaires européens de s'informer de près des réalisations faites dans cette région.
Vous avez choisi de débattre lors de cette session plusieurs sujets, dont la régionalisation, la pêche et le développement des provinces du Sud. Comment expliquez-vous ce choix ?En ce qui concerne le dossier de la régionalisation, la commission note que ce processus est désormais inscrit dans la Constitution et va contribuer à la valorisation de la diversité culturelle, ethnique et linguistique de la société marocaine. La CPM considère que la régionalisation va contribuer à une résolution appropriée de tous les problèmes dans la société. Sur ce registre, elle souhaite une mise en œuvre rapide des dispositions constitutionnelles ayant trait à la régionalisation et invite l’Union européenne à poursuivre son soutien à la mise en œuvre de la régionalisation avancée en renforçant les capacités institutionnelles de la gouvernance au niveau régional.Au niveau du dossier de la pêche, la commission se félicite de l’adoption du nouveau protocole de pêche et souhaite qu’il soit bénéfique aux deux parties avec des objectifs ambitieux pour l’avenir économique, écologique et social. La CPM insiste sur l’importance de la préservation de la ressource et le principe de la durabilité en faisant appel aux avis des scientifiques. La commission souhaite que le Parlement européen adopte le protocole dans toutes les années à venir. Par ailleurs, nous avons invité le directeur général de l’Agence de développement du Sud pour communiquer sur tous les investissements qui sont programmés pour le développement de nos provinces du Sud. Notre objectif est de mettre en place une politique de canalisation. On ne peut plus accepter que des parlementaires européens improvisent des réunions pour parler de ces sujets. Tout doit passer par la commission parlementaire mixte.
Justement, quel est le bilan des cinq années de travail de la commission mixte Maroc-UE ?La création de la CPM est une étape importante dans l’intensification des relations entre le Maroc et l’Union européenne. Toutes les sensibilités politiques sont représentées dans cette commission. Cet organe s’est distingué par sa contribution à la mise en place du statut avancé du Maroc. Le bilan est riche. En cinq ans, plusieurs recommandations couvrant plusieurs domaines ont été élaborées sur les relations entre le Maroc et l’Union européenne. La CPM salue tous les efforts entrepris par le Maroc en matière des droits de l’Homme et des libertés publiques. Elle appelle l’Union européenne à appuyer toutes les initiatives engagées pour consolider le processus démocratique. La commission estime que l’appui au processus démocratique doit être axé sur le développement des capacités institutionnelles des instituts démocratiques et le soutien aux partis politiques. La commission appelle l’Union européenne à favoriser les jumelages entre les autorités publiques européennes et marocaines. La CPM invite aussi l’Union européenne à soutenir le Maroc pour la mise en œuvre de l’ensemble des réformes politiques. La commission reconnait l’efficacité de la société civile marocaine et encourage le Royaume à poursuivre les réformes en matière des droits de la femme comme la promotion de l’accès de la gent féminine aux postes de décision.La CPM a travaillé également sur l’intégration régionale du Maghreb. Elle déplore, en effet, à chaque occasion, que le Maghreb reste l’une des régions les moins intégrées du monde, estimant qu’une meilleure intégration pourrait générer des milliers de nouveaux emplois, malgré le conflit persistant dans la région. Elle appelle, dans ce cadre, à la mise en place d’un partenariat entre l’Algérie et le Maroc et à répondre aux enjeux régionaux de transition démocratique. Au niveau du partenariat pour la mobilité, la CPM considère qu’il s’agit d’un dossier stratégique entre le Maroc et l’Union européenne. Elle forme le vœu que la déclaration politique conjointe du partenariat pour la mobilité signée, le 7 juillet 2013, entre l’Union européenne et le Maroc soit mise en œuvre dans les plus brefs délais.
Quels étaient les événements-clés pour la commission durant les cinq années écoulées ?Je pense que la commission mixte a vécu cette année des événements très forts. La CPM a relevé avec succès plusieurs challenges. On peut citer notamment le rapport Tannock ainsi que le rapport présenté par Antonio Panzeri sur les relations extérieures du Parlement européen et le voisinage. Il s’agit aussi de l’adoption de l’accord de pêche. La commission a essayé par tous les moyens de convaincre les parlementaires européens du bien-fondé de la position marocaine. Je suis très satisfait du travail de la commission pendant cinq ans. Nous avons appris à travailler ensemble à travers la méthode très efficace des binômes. La présence des parlementaires a été très forte au Parlement européen à Strasbourg et Bruxelles.
Comment avez-vous pu déjouer les manœuvres des ennemis de l’intégrité territoriale ?Nos objectifs ont été atteints, malgré les manœuvres des ennemis de l’intégrité territoriale du Royaume, à travers notre présence sur le terrain. En ce qui me concerne à titre d’exemple, j’étais beaucoup plus présent à Bruxelles et à Strasbourg qu’au Parlement à Rabat, car c’était une nécessité. Cette présence physique de lundi à vendredi au Parlement européen a été fructueuse. Il faut continuer à maintenir ce rapprochement entre députés marocains et européens.
Que faut-il faire encore pour booster davantage la diplomatie parlementaire ?Pour promouvoir l’action de la diplomatie parlementaire, il faut la doter des moyens nécessaires. La CPM jouit d’une grande reconnaissance, mais manque de beaucoup de moyens. La CPM a travaillé avec le soutien politique, mais sans les moyens logistiques. Nous travaillons plutôt avec des moyens personnels. Je pense que le gouvernement marocain doit être conscient aujourd’hui de l’importance du rôle de la commission parlementaire Maroc-UE au sein du Parlement européen.