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«Le concert de Mawazine est une étape importante dans notre tournée internationale»

Le 3 juin prochain sur la scène de Bouregreg de Rabat, le groupe de rap français Zebda fera se trémousser les festivaliers de Mawazine, Rythmes du monde. Ce premier concert marocain du collectif toulousain, connu pour son engagement politique radicalement à gauche, s’annonce très fiévreux. C’est ce que promet aussi Mustapha Amokrane dit Mouss, membre de Zebda, et un de ses fondateurs. Dans cet entretien, il nous explique également les traits de la nouvelle aventure du groupe, nous parle de l’actuel et prochain albums de Zebda et de sa participation à Mawazine, une des étapes les plus importantes de sa tournée internationale.

Zebda se produira le 3 juin prochain sur la scène de Bouregreg de Rabat.

22 Mai 2014 À 16:57

Le Matin : Que représente pour vous votre premier concert marocain prévu dans le cadre du festival Mawazine, Rythmes du monde ?Mouss : Nous sommes venus au Maroc à plusieurs reprises pour y passer les vacances. Mais jamais pour un concert de musique ou une collaboration. Ce sera notre premier concert marocain. C’est tout d’abord un honneur pour nous de participer à Mawazine, Rythmes du monde, devenu au fil des éditions un des grands festivals de la world music. Ensuite, il faut dire aussi que c’est une des étapes les plus importantes de notre tournée internationale. Cela nous fait énormément plaisir de pouvoir passer en revue les meilleurs tubes de notre discographie, notre 25 ans de carrière, et dévoiler quelques titres de notre prochain album, en avant-première mondiale pour le public de Mawazine. C’est le moindre cadeau que l’on peut leur offrir. Enfin, soyez au rendez-vous.

Zebda c’est avant tout sept copains, trois Kabyles à la plume facile et des Français qui tâtent des instruments. Une affaire de famille ?Oui, effectivement ! Nous sommes des amis d’enfance, trois Kabyles de seconde génération, trois Gascons des Pyrénées et un Parisien. Il s’agit de Majid Cherfi, chanteur, mon frère Hakim et moi-même, tous deux au chant également, le guitariste Pascal Cabero, le bassiste Joël Saurin, le batteur Vincent Sauvage, Rémi Sanchez au clavier et à l'accordéon. Animés par la même passion pour la musique, et un engagement politique et social fort, nous avons entamé notre aventure en 1991. La richesse musicale, ce mélange de raï, de reggae, de rap et de rock, nos textes engagés nous ont permis de conquérir les cœurs assez facilement et nous repositionner. Aujourd’hui, après 25 ans, je peux vous assurer que le groupe n’a rien perdu de son aura ni de son esprit de famille. Notre vitalité et notre énergie sont toujours intactes.

Éparpillé pendant des années, le groupe Zebda se reconstitue en 2012. Quid de cette reformation au goût de l’aventure ?En 2012, Hakim et moi-même nous avons décidé de reformer le groupe après huit ans d’absence, où chacun de nous travaillait sur des projets en solo. Cette reprise, nous l’avons marquée par un album «Second Tour», sorti en tout début de l’année 2012. Le public y a vite ressenti que c’est les mêmes ingrédients qui ont fait le succès du groupe. Il y a toujours une musique métissée, festive sur fond de textes engagés propres à Zebda. Les dimensions de l’exclusion, du chômage, du racisme et de la tolérance y sont à l’ordre du jour.

«Se prendre en main et faire en sorte que l’ordinaire devienne du super» était votre devise à l’époque. En est-il de même aujourd'hui encore ?Oui, absolument ! Notre devise est toujours la même. Et j’ajouterai : «voyager, danser et penser».

Étant un groupe militant authentique en perpétuelle quête de vérité, est-il facile avec un tel cachet de se repositionner dans un marché complètement saturé ?Pour nous, la musique a toujours son rôle à jouer depuis des lustres. Nous faisons ce qui nous plaît d’abord, puis le public s’y désaltère, s’y retrouve, s’identifie à nos textes. Parce qu’au final, c’est la réalité que nos chansons décrivent, y ajoutant toutefois un commentaire, une analyse, une remise en question… Mais avec une bonne dose d’humour, ravageur doublé de ce mélange de rock, chaâbi et rap. Et c’est le plus important pour nous. Le classement, les ventes, la culture des «charts», ce n’est pas du tout Zebda. Cela n’importe que très peu.

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