08 Avril 2014 À 14:36
Dans une parfaite symbiose, Lamiaa et Laila transmettent leur énergie sur les toiles exposées d’une diversité déroutante qui découlent du regard que chacune d’elles porte sur l’Homme contemporain. Cet être qui, bouleversé par les modalités de la vie contemporaine, se trouve à la croisée des chemins. Tel Robinson Crusoé sur son île déserte, cet Homme contemporain perd petit à petit de sa chaleur, l’essence de son humanité même.
Sans âme, sans esprit, il fait son chemin, face à la merci des circonstances, des évènements, mais surtout avec un rythme de vie très élevé. Un rythme à couper le souffle. De ce fait, le mutisme devient le mot d’ordre dans sa vie. Et c’est nettement perceptible à travers les œuvres exposées par les deux artistes peintres, qui jonglent avec toutes les techniques mises à leur disposition : collage, modelage, mixture… Une véritable fête de couleur, en somme. Dans les œuvres de Laila Iraqui, de par le côté hautement spirituel des origines de ses villes, elle tente d’explorer la richesse des arts de l’islam et du soufisme. Dans son œuvre, elle met en lumière le sens traditionnel et spirituel à travers la redécouverte moderne de ces arts. On y retrouve des personnages sans visage, filiformes, dans leur longue gandoura au capuchon rabattu. C’est une invitation à un monde hanté par le mutisme souvent croisé dans les lieux saints. À vrai dire, un monde clos orchestré par les prières psalmodiées et leurs diverses sonorités. La deuxième artiste impliquée dans cette aventure, Lamiaa Belloul, propose quant à elle un regard tout à fait nouveau, à la fois original et pointu sur l’Homme contemporain dans un rendu visuel attrayant. Tantôt ouverts, tantôt fermés, ses regards que le silence dévore expriment cette envie pressante de porter haut leur voix, de crier de toute leur force.
L’ornement, les couleurs, la matière… tous les ingrédients se réunissent pour offrir une représentation occidentale d’un regard méconnaissable. Chaleureux par le passé, livide aujourd’hui, ce regard se réduit à une série de codes visuels. La dermatologue, de par sa profession, nous livre ici une représentation esthétiquement sublime et artistiquement profonde.
C’est le cœur sensible de l’exposition «2 Reg’Arts». Au-delà de la réflexion, cette exposition permet d’apercevoir l’évolution enregistrée dans l’expression picturale de ces deux artistes. Avec l’appui d’une brochette d’artistes confirmés, elles se sont exercées aux différentes techniques, nourries par leur imagination débridée. Après un travail d’arrache-pied et de longue haleine, Laila Iraqui et Lamiaa Belloul ont aujourd’hui réussi leur première exposition commune. Le vernissage de cette exposition qui a eu lieu le 3 avril en est la preuve. De grands noms de l’art contemporain marocain, tels que Tibari Kantour, le maître incontesté du papier, y ont assisté. Fortes de cette réussite, les deux artistes s’apprêtent à renouveler cette expérience sur un autre thème pas moins important, celui du regard moderne sur les grandes villes du monde New York, Paris, Rome...