Spécial Marche verte

Une fillette maroco-belge recherchée par la police

Angélica, une ressortissante belge, n’a plus revu sa petite fille Malak Aida depuis un an. Cette dernière a été enlevée en février 2013 et rapatriée au Maroc par son ex-mari Rachid, originaire du quartier populaire de Hay Moulay Rachid. Angélica, qui a la garde de la petite, s’est déplacée fin janvier au Maroc pour la récupérer, mais elle attend toujours de la voir et de la reprendre avec elle.

Malak Aïda entre les mains de sa mère Angélica.

05 Février 2014 À 12:55

À la recherche d’une fille perdue. Ce n’est nullement le titre d’un film ou d’un docu-fiction. Mais c’est l’épineux combat que mène Angélica, une jeune mère belge. Elle n’a plus revu sa fille Malak Aida depuis le 12 février 2013. La petite a été enlevée par son ex-mari Rachid, qui l’a confiée à ses parents qui vivent à Casablanca. Pour mieux comprendre cette histoire, un rappel des faits s’impose. Tout commence en 2009 lorsque Angélica qui habite dans la ville de Liège, fait la connaissance de Rachid. Ils se croisent à deux reprises, d’abord à l’entrée d’un supermarché puis dans une soirée karaoké. Quelques mois plus tard, les deux tourtereaux se marient. De cette union, va naître une petite fille, Malak Aida.

Les conjoints vivaient en parfaite harmonie. La suite ressemble à un thriller! Le couple éclate au bout de six mois de mariage. Angélica obtient la garde de la fille après plusieurs démarches judiciaires. Il n’empêche, l’ex-époux gardait toujours de bons rapports. Rachid demandait de temps à autre la permission pour rencontrer Malak. Mais tout bascule le 10 février 2013. «Il m’a contactée le 10 février pour me dire qu’il voulait voir sa fille, j’ai accepté. Le même jour il me rappelle prétextant que la fille pleurait et voulait revenir à la maison. Un de ses amis me ramène l’enfant. Quand j’ai questionné Malak, elle a nié avoir pleuré chez lui. Il m’a recontacté le lendemain pour la revoir et lui acheter des cadeaux pour son anniversaire, j’ai accepté», raconte Angélica. Elle était loin de se douter du plan de kidnapping orchestré par son ex-mari. «Par la suite, je suis restée 15 jours sans nouvelles de ma fille. Il m’a annoncé via Facebook qu’il est au Maroc parce que sa mère était malade», renchérit-elle. Elle dépose une plainte le 12 février devant la justice liégeoise et informe le ministère des Affaires étrangères belge. Malheureusement, son dossier est remisé dans les tiroirs. Rachid, impliqué dans le meurtre d’un Algérien, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international délivré par Interpol.

Pris de panique, il se décide à rejoindre la Belgique, avant d’être arrêté par la police. Il séjourne en prison et attend sa condamnation. Mais avant de quitter le sol marocain, il a laissé la petite chez sa grand-mère, qui habite à Hay Moulay Rachid, à Casablanca. Angélica avait toujours des nouvelles de sa fille, via Facebook:«Je suis restée en contact avec Malak par téléphone et via webcam les 6 et 7 janvier 2013 jusqu’au 25 janvier dernier». Le 25 janvier, elle débarque au Maroc pour tenter de récupérer la petite. Elle est accompagnée par Karima Safia, présidente de l’association «ASBL mariage forcé, crime d’honneur, violence intrafamiliale», présente en Belgique, et deux journalistes belges. «J’ai eu vent de l’affaire après avoir vu le témoignage d’Angélica paru dans le journal «La Meuse». C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de prendre l’affaire en main, et de venir au Maroc, j’ai été surprise par la longueur de la procédure, alors qu’il existe un magistrat de lien entre le Maroc et la Belgique, basé à l’ambassade de Belgique à Rabat», indique-t-elle. Mise au parfum, la Fondation "Ytto" décide de s’impliquer dans cette affaire et met son avocat Me Mehdi Mesaad à leur disposition. Le week-end, la délégation se rend au domicile des parents de Rachid pour régler le problème à l’amiable, mais en vain.

La justice marocaine entre en jeu

La médiation n’ayant pas avancé, l’avocat saisit la justice. «Nous avons entamé des démarches à l’amiable durant deux jours, mais sans aucun résultat. J’ai déposé plainte devant le procureur du roi le 27 janvier en me basant sur un ensemble de textes de loi. L’huissier s’est rendu le 28 janvier chez la dame, mais après moult fouilles, son équipe n’a pu retrouver la fillette», confie Me Mesaad. «Nous avons par la suite déposé une plainte le 29 janvier auprès de la police judiciaire et elle a arrêté le soir même la grand-mère et sa nièce Samira, mais elles refusent de dire où se trouve la petite fille. C’est le chef de division de la police judiciaire en personne qui a géré ce dossier», explique l’avocat, qui ne comprend toujours pas l’inertie des autorités marocaines et belges sur cet enlèvement, alors que les deux parties ont coopéré pour l’arrestation de Rachid pour meurtre. «Le dossier n’a été ouvert juridiquement qu’avec l’arrivée de la victime au Maroc.

Aucune démarche n’a été entreprise par la justice belge et il n’y a eu aucune coordination entre les ministères des Affaires étrangères et de l’Intérieur des deux pays, alors qu’il existe des conventions entre le Maroc et la Belgique et qu’il y avait une coordination après l’accusation de meurtre contre Rachid Tabaa», constate-t-il. À la question de savoir si le groupe détient des preuves qui attestent que la fille vivait toujours avec la grand-mère, Karima Safia répond: «le samedi 25 janvier, nous sommes venus de la Belgique avec la chaîne RTL et le journal «La Meuse». Un quart d’heure avant de me rendre chez la grand-mère, j’ai composé son numéro et j’ai mis le haut-parleur, Angélica a parlé avec elle et elle lui a même passé la petite. Une fois à son domicile, elle nie tout». 

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