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L’histoire de Kénitra en peinture

À l’occasion de son 20e anniversaire, la Fondation Sidi M’chich Alami accueille, jusqu’à fin juin, une vingtaine de toiles de peinture relatant la mémoire de la ville de Kénitra. De beaux tableaux réalisés par l’artiste italienne, Milly Corica, le célèbre peintre marocain Ahmed Ben Yessef et quatre autres de la ville de Kénitra, El Mehdi Ichar, Mohamed Akhatiou, Mounir Hajouj et Mohamed El Mahdi Haydar.

«Kénitra 1937, le Port pétrolier», de Milly Corica.

25 Juin 2014 À 16:20

Une exposition bien exceptionnelle, car elle marque des faits historiques de cette ville durant la première moitié du vingtième siècle. On peut y déceler la célébration de la 1re fête du Trône au Foundouk Sidi M’chich en 1934, le port commercial de Kénitra de 1912 jusqu’à 1935, le plus grand hydravion qui battait le record en 1937, des scènes de la résistance marocaine contre l’occupation française, le port militaire de la marine française en 1937, le port pétrolier (1937), les chemins de fer visités par le Sultan Moulay Youssef en 1920, l’exécution d’un résistant à Kénitra, ou encore Sidi Mamoun M’chich Alami dans son avion spécial en 1933. Des peintures, on ne peut plus originales et tout à fait uniques, puisqu’elles sont faites à partir de photos très anciennes et aussi rares que le docteur Sidi M'chich Alami garde précieusement depuis de longues années.

Ce projet qui lui tenait tant à cœur voit enfin le jour et marque, ainsi, le 20e anniversaire de cette Fondation. «Je me suis toujours intéressé à l’histoire de Kénitra et sa mémoire, j’en ai déjà fait des livres et autres expositions de photos, avant de penser à faire carrément des toiles de peinture qui représentent cette histoire. Je pense qu’aucune ville du Maroc n’a autant de toiles de peinture sur une thématique historique. Ce projet a pris quatre années pour sa réalisation entre la collecte des documents et informations nécessaires, la rencontre avec les artistes, la visite des lieux, le choix des scènes ou faits à peindre, puis la discussion sur les détails de chaque tableau. C’est tout un travail très minutieux parce qu’on parle avec l’histoire. Ce n’est pas un tableau commercial ou adressé au touriste. Mais, c’est une recherche très poussée où chaque détail a son poids dans l’histoire du Maroc.

En fin de compte, nous nous sommes bien tirés avec 21 toiles, dont une dizaine de Milly Corica, quatre tableaux de Ahmed Ben Yessef, puis le reste je l’ai confié à quatre artistes peintres de Kénitra», souligne le président de la Fondation, le Dr Mustapha M'chich Alami qui n’a pas manqué d’expliquer qu’il a fallu du temps pour trouver les artistes intéressés par ce travail et qui pouvaient le faire. «Je suis content du choix des peintres, parce qu’ils ont fait un bon travail. D’ailleurs, il y a d’autres tableaux en cours de réalisation. Je trouve que c’est un projet très positif qui permet aux Marocains de connaître leur histoire à travers de belles œuvres de peinture. Si chaque ville prend l’initiative d’accomplir ce travail par le biais de ses artistes, il restera seulement le procédé d’échange d’expositions entre les villes. Dans dix années, je sûr que tous les Marocains auront un grand aperçu sur leur histoire», ajoute M. M'chich.


Questions à : Milly Corica Peintre, professeur des Beaux-Arts et experte dans la restauration des tableaux

«Ce travail m’a permis de découvrir une partie de l’histoire du Maroc»

Que pouvez-vous nous dire sur cette expérience avec le docteur Mustapha M'chich Alami ?C’est une expérience très riche où j’ai appris beaucoup de choses sur le Maroc. L’artiste, en général, cherche toujours du nouveau et aspire à faire mieux. Dans ce travail qui m’a été confié, j’ai essayé d’être la plus objective possible pour restituer les lieux et événements dans leur vrai contexte.

Comment avez-vous procédé pour réaliser ces peintures ?M. M’chich Alami m’a donné d’anciennes photos de l’époque, des photos de livres, des textes pour connaître l’histoire de cette période, puis on s’est réuni à plusieurs reprises pour discuter des choix des lieux ou événements à peindre. Nous sommes même allés visiter les lieux où se sont déroulés ces événements, dont certains ont complètement changé ou disparu. Mon rôle était de redonner à ces photos leur vraie couleur. Celle du Maroc que j’aime énormément.

Qu’avez-vous retenu de cette collaboration ?Ce travail m’a permis de connaître une partie de l’histoire du Maroc. C’était une occasion d’apprécier de belles choses. D’ailleurs, je suis en train de peindre d’autres toiles d’une grande dimension (3m) qui seront exposées prochainement.

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