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Le marché cimentier marocain gagnerait sur toute la ligne

Le projet de fusion entre les deux groupes européens devrait globalement avoir un impact positif sur le secteur cimentier marocain, particulièrement le futur ensemble et CIMAR. L’analyse d’Attijari Intermédiation.

Le rapprochement stratégique entre Holcim et Lafarge permettrait la naissance d’un leader incontestable du ciment.bPH. DR

21 Mai 2014 À 12:02

Fusion «Holcim-Suisse/Lafarge-France», quel enjeu pour le marché marocain ? C’est l’une des principales questions à laquelle le département d’analyse et recherche d’Attijari Intermédiation a tenté d’apporter des réponses dans une note de recherche sur le secteur cimentier. Selon la filiale du groupe Attijari, cette opération de fusion devrait globalement avoir un impact positif sur le secteur cimentier marocain. «D’une part, les cessions d’actifs générées par ce rapprochement stratégique pourraient offrir des opportunités de développement intéressantes pour les concurrents. D’autre part, les effets de synergie potentiels permettraient au nouvel ensemble de relever sensiblement ses niveaux de rentabilité financière», indiquent les analystes dans la note.

Rappelons que le marché du ciment local est dominé par 4 acteurs principaux : Lafarge (35% des ventes et 32% de la capacité de production nationale en 2013), Ciments du Maroc (23% pour chacun des deux indicateurs), Holcim Maroc (23% des ventes et 20% des capacités) et CIMAT (16% et 15% respectivement). Ainsi, le rapprochement stratégique entre Holcim et Lafarge permettrait la naissance d’un leader incontestable sur le marché cimentier marocain.

Part de marché agrégée supérieure à 40%

En termes de ventes, celui-ci disposerait d’une part de marché théorique agrégé d’environ 55%, selon la note de recherche. Le nouvel ensemble détiendrait notamment 6 cimenteries avec une capacité de production annuelle de 11,2 millions de tonnes, contre 19,9 Mt pour l’ensemble du marché. Ce niveau représente 56% des capacités de production totales du secteur. Les experts d’Attijari Intermédiation soulignent ainsi que la configuration «post-fusion» du marché cimentier marocain pourrait imposer des opérations préalables de cessions d’actifs, puisque la nouvelle entité devrait afficher une part de marché agrégée supérieure à 40%, la part limite selon le Conseil de la concurrence au Maroc.

«Toutefois, il est tout à fait envisageable que le Conseil de la concurrence déroge à cette règle. Selon les professionnels du secteur, celui-ci pourrait tenir compte des demandes formulées par Holcim et Lafarge dans le cadre de ce rapprochement», indiquent les analystes du groupe financier Attijariwafa bank. Ces derniers précisent que le nouvel ensemble devrait céder au maximum une cimenterie. L’objectif étant de préserver une position de leader sur le marché marocain du ciment, soit une part aux alentours de 50%. Pour des raisons d’optimisation des capitaux, le scénario des chercheurs d’Attijari Intermédiation favorise des cessions d’actifs au niveau du Grand-Centre. «Cette région concentre 4 cimenteries de Holcim-Lafarge ayant une capacité de production de 7,4 Mt par rapport à une consommation de 5,9 Mt, soit une surcapacité théorique de 25%. En cédant des capacités de production entre 1,2 et 1,3 Mt, la surcapacité théorique du nouvel ensemble ne serait que de 5% sur le Grand-Centre», estiment-ils. Ainsi, les cessions d’actifs concerneraient une de ces deux cibles potentielles, à savoir la cimenterie de Holcim à Fès (1,2 Mt) ou bien celle de Lafarge à Meknès (1,3 Mt). «Par conséquent, nous ressortons avec une part de marché post-fusion de 48% pour la nouvelle entité Holcim-Lafarge», concluent les experts. Ces derniers identifient comme acquéreurs potentiels CIMAR et CIMAT, étant donné que ces deux groupes s’inscrivent dans une logique d’investissement soutenue sur le long terme.

CIMAR semble, toutefois pour eux, le mieux positionné pour tirer profit des cessions d’actifs générées par cette opération de fusion. Avec une structure financière désendettée, l’opérateur devrait activer l’effet de levier pour financer les acquisitions potentielles et, par conséquent, améliorer sensiblement sa rentabilité financière. Par contre, ajoutent-ils, en raison d’un cycle d’investissement soutenu sur les cinq dernières années, CIMAT pourrait difficilement soutenir une telle cadence d’investissement. «Au final, nous ressortons avec une configuration post-fusion du marché qui s’avère profitable à CIMAR. La part de marché potentielle de cet opérateur pourrait passer de 23% en 2013 à 30% post-fusion.

Parallèlement, la nouvelle entité Holcim-Lafarge conserverait son statut de leader avec une PDM (part de marché, ndlr) cible de 48%», soulignent les analystes. Selon eux, ce rapprochement stratégique devrait en clair s’opérer en deux phases distinctes.

Dans un premier temps, le marché assistera à d’éventuelles cessions d’actifs de la part de Holcim-Lafarge avec comme objectif de s’aligner sur les contraintes réglementaires du Conseil de la concurrence. Dans un second temps, le nouvel ensemble pourrait bénéficier des effets de synergie en termes d’économie de charges et de transfert de technologie.

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