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Veolia : la page Actis est tournée

Quelques jours après la publication du rapport de la Cour des comptes sur la gestion déléguée des services locaux, Bruno Collard, PDG Veolia Maroc, a rencontré la presse pour faire le point sur la situation de l'entreprise.

Le deal Veolia/Actis tombe à l’eau et le délégataire français poursuivra ses activités au Maroc.

15 Décembre 2014 À 16:09

Fin du suspense autour de l’avenir de Veolia au Maroc. Le géant français continuera à assurer ses prestations, tel que prévu dans le contrat de gestion déléguée. Après le niet de l’autorité délégante quant à la cession des parts de Veolia au fonds britannique Actis, les communes ne se sont pas exprimées sur ce rachat.

Aucune notification officielle n’a été faite dans ce sens au délégataire. Ainsi, le deal Veolia/Actis tombe à l’eau et le délégataire français poursuivra ses activités au Maroc. La page d’Actis est tournée, selon Bruno Collard. Toutefois, ce dernier estime que l’entreprise ne pourra pas continuer à assurer ses prestations selon les termes du contrat actuel. Les dirigeants de Veolia estiment que ce contrat est entaché d’un déséquilibre. En effet, Veolia s’appuie sur la clause du déséquilibre économique, consacrée par le contrat de gestion déléguée. Pour Driss El Ouazzani, directeur exécutif de Redal, il est nécessaire de se réunir avec la tutelle et l’autorité délégante pour renégocier certaines clauses, afin de réajuster le contrat et, ainsi, mettre fin à cette situation d’attentisme.

D’après lu top management de Veolia Maroc, il y a bel et bien un déséquilibre en défaveur de l’entreprise. Pour prouver le bien-fondé de cette situation, le géant français a fait appel à CFG Group pour procéder à l’examen du contrat de gestion. Après 3 mois de travail sur ce dossier, la banque d’investissement marocaine a révélé qu’il y a «un préjudice subi par le délégataire de plus de 3 milliards de DH sur la période 2002-2013». «Nous avons opté pour CFG Group pour son impartialité, son professionnalisme et aussi parce que le groupe travaille beaucoup pour le gouvernement et les autres institutions», indique Bruno Collard.Aujourd’hui, le rapport est entre les mains de l’autorité délégante, et ce, depuis mercredi dernier. De l’avis des dirigeants de Veolia, le déséquilibre économique contenu dans le contrat de gestion déléguée est essentiellement dû à la trésorerie de l’entreprise qui est dans le rouge.

En effet, le montant des impayés de l’administration et des communes ne cesse d’augmenter. Selon les chiffres avancés par l’entreprise, ce montant avoisine 500 MDH. Si le contrat de gestion déléguée fixe un délai de paiement de 10 jours pour les communes, ce délai est ramené aujourd’hui à 250 jours. À cela s’ajoutent les pertes liées aux branchements illicites, totalisant un montant de l’ordre de 125 MDH.Le déséquilibre évoqué est également imputable à la non-révision du contrat de gestion déléguée. En effet, depuis l’arrivée de Redal et d’Amendis, la révision quinquennale de rigueur n’a pas été opérée. À souligner que Redal avait demandé la révision de son contrat en 2007 et le processus a été lancé, mais il a été interrompu par le deal Actis. D’ailleurs, le rapport de la Cour des comptes a pointé du doigt l’absence de révision des contrats de gestion déléguée.

Selon le gestionnaire délégué, la révision des volets fiscaux et techniques est également nécessaire. «Certaines dispositions s’avèrent, aujourd’hui, désuètes», souligne-t-on. En ce sens, depuis 1999, année de l’introduction du concept de la gestion déléguée au niveau de la wilaya de Rabat, au début avec le consortium hispano-portugais et ensuite avec Veolia, l’agglomération a connu une expansion et un développement considérable qui nécessite l’actualisation de certaines règles édictées par le contrat.

Ainsi, le réajustement de l’investissement et sa valorisation sont érigés en priorité pour les dirigeants de Veolia, afin de pouvoir accompagner le développement de la ville de Rabat. À l’heure actuelle, l’écart entre les ressources et les besoins en investissement ne cesse de se creuser. À ce propos, Veolia affirme avoir réalisé près de 80% des investissements contenus dans le cahier des charges. Driss El Ouazzani s’appuie sur le taux de desserte qui avoisine près de 98% pour défendre le bilan d’investissement de Redal. Selon lui, les investissements d’Amendis et de Redal ont atteint 11 milliards de DH depuis leur arrivée au Maroc.

Quant aux retards constatés, ils seraient dus en partie aux problèmes du foncier. L’exemple concret est celui de la station de prétraitement de Salé. Redal attend toujours l’approbation du ministère de l’Agriculture pour pouvoir récupérer le terrain.

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